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l’institutionnalisation des pratiques charitables de la royauté anglaise par le versement
accru d’aumônes régulièrement déduites des fermes des shérifs 173 .
Le patronage des établissements à vocation charitable comporte donc plusieurs
caractéristiques. Il apparaît tout d’abord comme une forme de fondation ou de
refondation ecclésiastique. Avant la création des ordres mineurs, ce sont les chanoines
réguliers augustiniens, qui étaient le plus souvent choisis pour leur refus de la clôture et
leur capacité à vivre dans le siècle. Au cours du XIII e siècle, cet ordre tend cependant à
disparaître au profit des mendiants et des prêcheurs, qui investissent les fonctions
d’assistance, notamment dans les villes, où étaient concentrée la plupart de ces
établissements 174 . Par les fondations d’hôpitaux et notamment des léproseries dont
l’initiative revenait majoritairement aux laïcs, les Plantagenêt ont ainsi participé, sous
les formes de la piété traditionnelle, à l’encadrement urbain et suburbain des
populations infirmes et malades des principales villes ducales et comtales de leur
empire 175 . Ces chantiers avaient donc une double dimension, à la fois charitable et
urbaine, à l’instar des chantiers de cathédrales, symboles certes de la puissance
épiscopale mais aussi de l’essor de la bourgeoisie urbaine et de la prospérité du
royaume.
2.1.2- Les Plantagenêt et le patronage des chantiers de cathédrales
Dans la seconde moitié du XII e siècle, les cathédrales constituaient bien souvent
le principal chantier de la ville. La participation des laïcs et notamment des bourgeois au
financement des cathédrales, par leurs aumônes et leurs souscriptions permet
d’envisager les vastes chantiers de cathédrales « gothiques » comme des œuvres
collectives, impliquant l’ensemble de la société médiévale 176 . Toutefois,
l’investissement des rois du XII e siècle dans ces grandes œuvres semble avoir été assez
rare, se limitant souvent à quelques donations.
173 YOUNG, C. R., « King John of England : an illustration of the medieval practice of charity », Church
History, 29 (1960), p. 264-274; WEBSTER, P., « King John and Rouen: Royal itineration, kingship and
the Norman 'capital', c. 1199-c. 1204 », Cardiff Historical papers, 3 (2008), p. 1-39.
174 LE GOFF, J., « Apostolat mendiant et fait urbain dans la France médiévale: l'implantation des ordres
mendiants. Programme-questionnaire pour une enquête », Annales, Economie, Société, Civilisations, 23:
2 (1968), p. 335-348.
175 BIENVENU, J. M., « Pauvreté misère et charité en Anjou », Le Moyen Âge, 73: 1-2 (1967), p. 5-34-
189-216 rappelle notamment les nombreuses donations d’Henri II aux lépreux d’Anjou.
176 GIMPEL, J., Les bâtisseurs des cathédrales, 1980 [1958] ; DU COLOMBIER, P., Les chantiers des
cathédrales, ouvriers, architectes, sculpteurs, 1989 [1953] ; DUBY, G., « Le temps des cathédrales. L'art
et la société 980-1420 », dans L'art et la société. Moyen Âge. XXe siècle, 2002 (1966), p. 453-1011.Ibid.
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