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format original des rouleaux, dont la longueur atteint parfois plusieurs mètres – chaque
membrane mesure près de 2 mètres (6 pieds) sur environ 35 centimètres de large (13
inches) de large – ce qui est unique à cette époque, s’ajoute également la question de
l’organisation des informations sur la page (voir l’illustration 1.1). Richard FitzNigel
explique dans son Dialogus le format auquel devait se soumettre les scribes de
l’Échiquier : comment les lignes devaient être tirées et les titres mis en évidence. Ils
sont réglés de haut en bas et des deux cotés, avec un espace raisonnable entre les lignes.
En haut du rouleau sont enregistrés les noms des comtés et des bailliages dont les
comptes sont rendus en dessous. Un espace de trois ou quatre doigts est laissé en blanc,
puis au milieu de la ligne est écrit le nom du comté dont il est question en premier 27 .
Richard FitzNigel emploie également le terme depingitur (dépeint) au lieu de
scribitur (écrit) lorsqu’il décrit comment les noms des shérifs de chaque comté doivent
être faits, ce qui suggère que l’écriture devait être plus élaborée. Parfois, même les mots
en tête des membranes étaient écrits en rouge pour permettre un meilleur repérage lors
des recherches ultérieures 28 . Contrairement aux comptabilités postérieures, les données
quantitatives de ces comptes ne sont pas formellement séparées des informations
qualitatives, par des colonnes ou des tableaux, mais sont insérées au cœur du texte. Seul
le résultat du compte apparaît distinct (in thesauro liberavit ... et quiet est). Toutes les
mentions relatives aux travaux, aux matériaux, aux paiements des ouvriers sont donc
entremêlées avec d’autres types dépenses effectuées par le shérif pour le compte du roi.
Cette écriture crée parfois des équivoques difficiles à interpréter. Ainsi, dans
l’exemple suivant, le paiement de Jone Powis est-il en lien avec le chantier du château
de Chester en 1160 ?
Pour les travaux des ponts du château £20 ; et en paiement de Jone
Powis, 10s. 4d. ; et pour la fortification des châteaux 17s. ; et en
paiement du comte de Chester et de la comtesse £30 ; et pour les
dîmes du connétable Raoul le chapelain 36s. …
Rien ne permet de l’affirmer, hormis la proximité de cette mention avec celles
concernant les travaux effectués à Chester. L’ordre des enregistrements sur les rouleaux
ne suit pas en effet une logique de dépenses mais de recettes. Les entrées concernant les
dépenses de construction sont donc plus ou moins dispersées, selon les sources de
27 Ibid., p. 29: Regulatis igitur rotulis a summo pene usque deorsum et ex utraque parte lineis a se
decenter distantibus, prenotantur in summo rotuli comitatus et baille de quibus infra compotus redditur.
Facto vero modico intervallo quasi trium vel quatuor digitorum prescribitur in medio linee nomen
comitatus de quo primo loco agendum est.
28 CLANCHY, M. T., From Memory to Written Record : England, 1066-1307, 1993 [1979], p. 104.
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