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locales pour instaurer un rapport plus direct entre la communauté urbaine et la royauté. Les constructions de remparts, de portes, le pavage des rues qui se développent à partir du XII e siècle accompagnent donc non seulement l’essor urbain mais aussi l’essor communal. Ces nouveaux espaces urbains offraient également de nouveaux lieux pour la représentation du pouvoir, que les Plantagenêt ont parfaitement su investir en participant à leur construction. 1.2- Les Plantagenêt et leurs capitales : inscrire l’autorité du prince dans l’espace des communautés urbaines En favorisant l’essor des communautés d’habitants et leur institutionnalisation comme personnes morales pourvues d’une autorité publique capable d’initier des travaux, les Plantagenêt s’imposent comme des acteurs centraux de l’essor des villes de leur empire 74 . Leur participation ne s’est cependant pas limitée à l’émission de franchises et de libertés, elle concerne également les chantiers qui ont accompagné leurs transformations morphologiques. Si l’émancipation des villes de l’ouest de la France se concrétise par la constitution de communes, en l’Angleterre, elle prend la forme d’une reconnaissance tacite du statut de borough, c'est-à-dire du droit de disposer de la ferme des revenus royaux et d’une cour de justice 75 . Ce statut reste implicite jusqu’au XIV e siècle, lorsque les villes sont enfin dotées de chartes de borough confirmant leurs anciennes libertés 76 . Les premières villes à obtenir ces statuts ont généralement été les principales cités ducales, comtales ou royales, c'est-à-dire des villes déjà fortement marquées par le pouvoir princier. Avant d’aborder le rapport spécifique des Plantagenêt à leurs « capitales », on peut se demander quelle était la nature des lieux et des espaces considérés comme communs et comment l’action des Plantagenêt dépasse le cadre des simples devoirs seigneuriaux pour devenir proprement une action d’utilité « publique ». 74 CHÉDEVILLE, A., « Le mouvement communal en France au XIe et XIIe siècles », dans Bonnes villes du Poitou et des pays de charentais (XIIe-XVIIIe siècles), 2002, p. 9-24. 75 TAIT, J., « The Firma Burgi and the Commune in England, 1066-1191 », E.H.R., 42: 167 (1927), p. 321-360; TAIT, J., The Medieval English Borough. Studies on its Origins and Constitutional History, 1968. Le premier cas est celui de Lincoln en 1130. 76 STEPHENSON, C., « The French Commune and the English Borough », The American Historical Review, 37: 3 (1932), p. 451-467; YOUNG, C. R., The English borough and royal administration, 1130- 1307, 1961; TAIT, J., The Medieval English Borough. Studies on its Origins and Constitutional History, 1968. 244
1.2.1- Lieux communs et « travaux d’utilité publique » dans les villes royales Nombre d’entrées dans les pipe rolls, mentionnent l’intervention du roi venant en aide aux réparations de ponts, d’enceintes et autres infrastructures d’utilité commune. Souvent, cependant, les sommes engagées étaient dérisoires : en 1167, seulement 31s. et 3d. sont affectés aux travaux de la porte de la ville de Douvres, pour une bretèche et pour la fermer 77 ; en 1193, les pipe rolls n’enregistrent que 14s. pour le paiement d’un ingénieur chargé de faire des herses et des bretèches autour de la ville de Doncaster 78 . L’aide royale pour la fortification de la ville apparaît ici moins financière qu’humaine : le roi met à la disposition de la ville la compétence de ses ingénieurs. Cette situation se retrouve dans d’autres cas, notamment à Londres, lorsque Jean propose aux citoyens les services de son ingénieur poitevin, Isembert de Saintes (voir infra). Cependant, les travaux nécessitaient parfois une aide plus importante, comme c’est le cas à Dublin. Lorsque Henri II arrive en Irlande en 1171, la question de la délimitation de la ville, qui devient cité royale, apparaît comme l’une de ses principales préoccupations, ainsi qu’à Jean, devenu dominus d’Irlande en 1185. Dans la charte de liberté donnée aux habitants en 1192, peu après le grand incendie qui détruit une grande partie de la ville en 1191, une clause concerne en effet les nouvelles limites de la cité qui avaient été établies sur ordre du roi Henri, sans doute dès son séjour à Dublin en 1171-1172 79 . Les citoyens reçoivent ainsi le droit de disposer de toutes les tenures qui se trouvaient intra ou extra muros, mais à l’intérieur des nouvelles limites établies. Si Dublin possédait déjà des enceintes datant d’avant la conquête anglaise, les nouvelles limites visaient non seulement à permettre l’extension géographique de la cité mais aussi à la défendre. La construction de nouveaux remparts ne semble cependant pas avoir débuté avant la fin du règne de Jean. Ce est en effet seulement en 1215, qu’un prêt d’au moins 500 marcs est concédé par le justicier d’Irlande, Jean de Gray, évêque de Norwich, aux citoyens de Dublin « pour fortifier leur ville » 80 . En 1234, les murs ne 77 PR 13 H.II., p. 196-97 : 11s. in operatione porte civitas; 17s. 3. pro claudendo; 3. pro I bretescha facienda. 78 PR 5 Richard, p. 73: ad faciendas liberationis I ingeniatori qui fecit henricionem et breteschias circo villam de Dave castra. 79 DUFFY, S., « Town and Crown: The Kings of England and their City of Dublin », dans Thirteenthcentury England, X, 2005, p. 95-117 cite GILBERT, J. T. (éd.), Chartularies of St. Mary's Abbey, Dublin : with the register of its house at Dunbrody and annals of Ireland, 1884, II, p. 306 et cite MAC NIOCAILL, G., Na buirgéis : XII-XV aois, 1964, I, p. 78-81. 80 Rot. Lit. Claus. II. 1224-1227, 1833 Rot. Lit. Claus. I. 1204-1224, 1833, p. 186a: Burgensibus Dublienum qui offerunt nobis ducentas marcarum pro habenda villa sua ad firmam in feodo per cartam nostrum cum parte aque quam nos contingam … (Aux bourgeois de Dublin qui nous offrent 200 marcs pour avoir leur ville fortifiée, qu’ils tiendront en fief par charte royale avec une partie de la rivière qui la 245
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Souvent, cependant, les sommes engagées étaient dérisoires : en 1167, seulement 31s. et<br />
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L’aide royale pour la fortification de la ville apparaît ici moins financière qu’humaine :<br />
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Cependant, les travaux nécessitaient parfois une aide plus importante, comme<br />
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liberté donnée aux habitants en 1192, peu après le grand incendie qui détruit une grande<br />
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qui avaient été établies sur ordre du roi Henri, sans doute dès son séjour à Dublin en<br />
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se trouvaient intra ou extra muros, mais à l’intérieur des nouvelles limites établies. Si<br />
Dublin possédait déjà des enceintes datant d’avant la conquête anglaise, les nouvelles<br />
limites visaient non seulement à permettre l’extension géographique de la cité mais<br />
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avoir débuté avant la fin du règne de Jean. Ce est en effet seulement en 1215, qu’un prêt<br />
d’au moins 500 marcs est concédé par le justicier d’Irlande, Jean de Gray, évêque de<br />
Norwich, aux citoyens de Dublin « pour fortifier leur ville » 80 . En 1234, les murs ne<br />
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PR 5 Richard, p. 73: ad faciendas liberationis I ingeniatori qui fecit henricionem et breteschias circo<br />
villam de Dave castra.<br />
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DUFFY, S., « Town and Crown: The Kings <strong>of</strong> England and their City <strong>of</strong> Dublin », dans Thirteenthcentury<br />
England, X, 2005, p. 95-117 cite GILBERT, J. T. (éd.), Chartularies <strong>of</strong> St. Mary's Abbey, Dublin<br />
: with the register <strong>of</strong> its house at Dunbrody and annals <strong>of</strong> Ireland, 1884, II, p. 306 et cite MAC<br />
NIOCAILL, G., Na buirgéis : XII-XV aois, 1964, I, p. 78-81.<br />
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Rot. Lit. Claus. II. 1224-1227, 1833 Rot. Lit. Claus. I. 1204-1224, 1833, p. 186a: Burgensibus<br />
Dublienum qui <strong>of</strong>ferunt nobis ducentas marcarum pro habenda villa sua ad firmam in feodo per cartam<br />
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