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que le fief l’est devenu aussi » 33 . Son origine publique se traduit non seulement par son
insertion dans l’espace des banalités mais aussi par le fait qu’un moulin construit sans
droit de mouture était considéré comme illégal par le pouvoir ducal, en Normandie du
moins. L’inégale conservation des sources de l’époque ducale ne permet pas de se faire
une idée du degré d’équipement des campagnes, mais Mathieu Arnoux pense que le
duché de Normandie était plutôt en avance sur les autres régions, notamment parce qu’il
existait déjà des sites hydrauliques complexes.
Au XII e siècle, en effet, les mentions de moulin renvoient la plupart du temps à
des installations hydrauliques, qui servaient à moudre des grains, mais aussi des olives,
des plantes à huile, du plâtre, des minerais, etc. Le moulin à vent ne se répand
véritablement qu’à partir du XIII e siècle 34 . La complexité de ces installations se
manifeste notamment par la présence d’une pêcherie et d’un système de biefs et de
conduites dont la mise en place pouvait nécessiter d’importants travaux. Il n’est pas rare
en effet de trouver dans les pipe rolls des mentions de réparations de moulins où sont
associés l’étang, le vivier et parfois même la maison du meunier, la fabrique ou encore
le pont qui enjambait la rivière 35 . Ainsi en 1208, £27 5s. 10d. sont dépensés « pour les
travaux de la maison, du moulin et du vivier de Feckenham, un manoir royal situé dans
le Wiltshire 36 . Les réparations de moulins comprenaient également celles des chaussées
qui y menaient. Le rouleau normand de 1180 enregistre ainsi plus de £ a 300 ad
operationes Calceie molendinorum de Gorran 37 . Les sommes dépensées apparaissent
ainsi très variables. En 1179, le rouleau n’enregistre que 9s. 6d. pour les travaux au
moulin d’un domaine du Westmorland tandis qu’à l’opposé, près de £ a 150 (soit £38)
sont attribuées à la construction des moulins de Château Gaillard en 1200 38 . Selon la
complexité des moulins, les coûts de fabrication pouvaient en effet être très variables. Il
semble cependant que le coût moyen de construction devait se situer entre £10 et £15.
33
ARNOUX, M., « Moulins seigneuriaux et moulins royaux en Normandie: marché de l'énergie et
institution (XIIe-XVe siècles) », dans Economia e energia, secc. XIII-XVIII, 2003, p. 505-520, cite un
jugement de l’Échiquier de Normandie de 1216 rappelant que la construction et l’exploitation d’un
moulin sont liées à la possession d’un fief pourvu d’un droit de moute, et que les moulins récemment
construits en dépit de ce principe seront détruits. DELISLE, L., Recueil de jugements de l'Échiquier de
Normandie au XIIIe siècle, 1864, p.47, n°182.
34
PICHOT, D., « Le moulin et l’encellulement dans l’ouest français (XIe-XIIIe siècles) », dans Moulins
et meuniers dans les campagnes européennes IXe-XVIIIe siècle, 2002, p. 111-129. Il existait cependant
quelques moulins à vent en Angleterre.
35
PR 8 H.II., p. 34 : £4 in defectu molendinis et fabricarum ; 10 H.II. p. 35 : operatione calcete et
Molendini de Oreford.
36
PR 10 Jean, p. 202 : in operatione domorum et molendini et vivarii de Fekeham.
37
MRSN, I, p. 6-7, 10, 21.
38
PR 25 H.II, p. 25 ; MRSN, II, p. 501 : in molendinis eiusdem castri faciendam.
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