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avait le projet à cœur de détruire tous les châteaux et les places forte
dudit vicomte. 404
Dans un contexte de tensions vis-à-vis des rois de France, l’insoumission des
vicomtes de Limoges, qui venaient de prêter hommage à Philippe Auguste, en avril
1198, ne pouvait rester sans sanction 405 . Si l’expédition de Richard contre un vassal qui
tenaient des châteaux contre lui était légitime, elle apparaissait également indispensable
pour contrôler les principales routes de la Gascogne. Les Plantagenêt avaient en effet
tous conscience que pour maintenir la cohésion de cet empire hétérogène, le contrôle
des voies de communications entre les différents espaces était vital. Si cette campagne
fut fatale à Richard, elle le fut aussi, dans une certaine mesure, à l’empire. John
Gillingham conclut son article sur la mort de Richard en affirmant que le roi, en
assiégeant le petit château de Chalus, s’attaquait en réalité « au problème politique
majeur » de son règne 406 . La rébellion d’Aimar de Limoges et d’Audemar d’Angoulême
n’était pas en effet une simple rébellion « féodale » de barons contre l’autorité de leur
seigneur, mais bien une tentative de déstabilisation de l’empire des Plantagenêt.
Cependant, l’investissement de Richard en Aquitaine doit être mesuré à l’aune de ses
relations personnelles avec le duché (voir chapitre 5). On pourrait ainsi se demander si
John Gillingham ne reproduit pas, paradoxalement, une opinion dont il a montré qu’elle
est véhiculée par l’historiographie depuis le XII e siècle, et selon laquelle les Poitevins
étaient responsables directement ou indirectement de l’échec des Plantagenêt sur le
continent.
3.3.3- Un peuple d’insoumis ? L’impossible territorialisation du pouvoir royal en
Aquitaine.
L’idée d’une perfidia vasconia était répandue dans le monde latin depuis
l’époque carolingienne. La citation extraite de la Vie de Charlemagne par Eginhard était
en effet toujours d’actualité chez les chroniqueurs anglais du XII e siècle et notamment
chez Radulf Niger qui écrivait dans les années 1190 407 . John Gillingham a montré
404
Ibid. cite BNF MS Lat. 13894 fol. 68r et 13895 fol 180v.: ipse interim dum aegrotaret, preceperat suis
ut obsiderent castellum vicecomitis Ademari quod appellatur Numtrum et quoddam aliud municipium
quod appellatur Montagut : quod et fecerunt. Sed, morte regis audita, confusi recesserunt. Proposuerat
ipse rex in corde suo omnia castella et municipia predicti vicecomitis destruere.
405
Ibid. Il remet en cause la datation de cet hommage daté d’avril 1199 par Alexandre Teulet, voir
Layettes, n°493.
406
GILLINGHAM, J., « The Unromantic Death of Richard I », Speculum, 54: 1 (1979), p. 18-41.
407
GILLINGHAM, J., « Events and Opinions : Normand and English Views of Aquitaine c.1152 -
c.1204 », dans The World of Eleanor of Aquitaine : Literature and Society in Southern France between
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