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De fait, l’Aunis et la Saintonge étaient bien contrôlées par les Plantagenêt et constituaient les principaux espaces de recrutement des officiers ducaux. La Rochelle était ainsi l’un des principaux appuis dont le duc pouvait disposer dans la région, en plus de ses châteaux de Benon et de L’Isleau, qu’il tenait en propre et des châteaux en garde héréditaire tenus par de fidèles vassaux à Surgères, Mauzé, Châtellaillon, Matha, Marans et Blaye 367 . Les ducs possédaient également de nombreux droits à Saintes, ce qui n’empêcha pas la ville de se révolter en 1173. Il ne s’agit cependant pas d’une révolte baronniale comme le montre le récit de la prise de Saintes par Henri II en 1174. La révolte fut en effet essentiellement le fait de soldats et de bourgeois manifestant de leur mécontentement face à l’essor de La Rochelle : Et ainsi, il arriva jusqu’à la cité de Saintes et la brisa, et prit les deux tours dont une était appelée la Tour majeure et captura de nombreux soldats et dépendants. Il assiégea l’église où se trouvait le siège épiscopal et que des soldats et des dépendants avaient fortifiée contre lui et la prit en peu de jours ainsi que les soldats et les hommes qui s’y trouvaient. 368 Quant à Cognac, Jarnac et Merpins, ces trois places étaient l’objet de disputes entre le comte de Poitou et d’Angoulême depuis longtemps. Cognac entra dans le domaine ducal lorsque Richard obtint la garde d’Amélie, l’héritière des seigneurs de Cognac. À sa mort dans les années 1190, le château est confié au sénéchal Robert Turnham, mais les châtelains qu’il y plaça tentèrent de s’accaparer les lieux, ce qui obligea Richard à mener une nouvelle expédition en 1194 369 . Les interventions de Richard en Angoumois permettent de saisir l’extension de la puissance territoriale des comtes d’Angoulême qu’ils prétendaient affirmer contre celle des ducs 370 . En 1176, après s’être emparé de Limoges à la Pentecôte, Richard, « sur le conseil de ses barons, dirigea son armée vers les terres de Vulgrin vicomte d’Angoulême, parce qu’il ne voulait pas faire la paix avec lui » 371 . 367 DEBORD, A., La société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 376-77. 368 PETERBOROUGH, I, p. 71: interim rex Angliae profectus fuerat cum exercitu suo in Pictaviam et multas munitions et castella in ea cepit et dominio suo sub-jugavit. Et tandem pervenit usque ad sanctonensem civitatem et eam infregit et duas tuerres in ea cepit quarum una vocabatur Turris major et multos milites et servientes in eis. Et obsedit ibi ecclesiam ubi sedes episcopalis erat quam milites et servientes contra eum munierant, et infra paucos dies eam cepit et multos milites et servientes in ea. 369 MARTIN-CIVAT, P., « Les seigneuries de Cognac, Jarnac et Merpins dans l’empire anglo-angevin au XIIe et XIIe siècles », Bulletin de l’institut d’histoire et d’archéologie de Cognac et du Cognaçais, I: 1 (1956-1957), p. 53-67. 370 DEBORD, A., La société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 387. 371 PETERBOROUGH, I, p. 121: Et habito ibi consilio baronum suorum promivit exercitum suum in terram Uggrimi vicecomitis de Engolismo pro eo quod pacem suam tenere noluit. 214
Ils assiégèrent Châteauneuf, et le prirent en moins de quinze jours. … Richard, lança ensuite son armée et assiégea Moulineuf, le château des vicomtes d’Angoulême et en moins de dix jours le prit puis il se dirigea vers la cité d’Angoulême qu’il assiégea. 372 Le comte d’Angoulême ainsi que ses alliés se rendirent en moins de six jours et, selon les termes de la paix, ils durent rendre à Richard les châteaux de Bouteville, Archiac, Montignac, La Chaise et Merpins, ainsi que la cité d’Angoulême 373 . Deux ans plus tard, alors qu’il revient de Gascogne, où il a lutté contre le comte de Bigorre, Richard séjourne en Saintonge et y célèbre les fêtes de Noël. Au printemps 1179, il envoie son connétable avec une grande partie de son armée autour de Pons, pour assiéger le château de Geoffroy de Rancon, ainsi que Richemont qu’il fit aussitôt détruire 374 . Peu après Pâques, il assiège Gençay, Marcillac, Gourville et Anville, qu’il prend et fait démanteler. Huit jours avant l’Ascension, il assiège Taillebourg, le château de Geoffroy de Rancon qu’il capture et obtient la reddition de Pons, qu’il fait entièrement raser. Peu après la Pentecôte, le comte d’Angoulême doit rendre à son tour la cité d’Angoulême et le château de Montignac et Richard fait détruire ces fortifications avant de rentrer en Angleterre 375 . En 1181, à la mort de Vulgrin III, Richard saisit l’occasion pour s’emparer du comté, aux dépens des frères du comte, au motif qu’en tant que duc, la tutelle de l’héritière Mathilde lui revenait 376 . Selon André Debord, cette confiscation marque un tournant dans l’histoire du comté qui n’avait jamais été, jusque là, un fief tenu du duc d’Aquitaine. Pour soumettre les frères du comte, Richard prononça leur exil et ne les réintégra en Angoumois qu’après avoir reçu leur hommage, puis en 1188, à la majorité de Mathilde, il restitua la garde du comté. La confiscation de 1181 plongea cependant le comté dans une crise, où Richard vit se lever contre lui presque tous les seigneurs d’Aquitaine 377 . Prenant l’initiative de la riposte militaire, il prit par surprise Puy-St-Front et Périgueux au printemps 1182, avant de 372 Ibid., I, p. 121: Et obsederunt Novum Castrum et infra quindecim dies ceperunt. (…) Richardus vero (…), processit tamen cum exercitu suo et obsedit Muninoys, castellum vicecomitis de Engelismo et infra decem dies cepit, et procedens inde obsedit civitatem de Engelismo. 373 Ibid., I, p. 121: et pro pace habenda comes Engolismo tradidit praedicto comiti Pictavie civitatem Engolismi, et castellum de Butevilla, et castellum de Archias et castellum de Muntigernac, et castellum de Lachesa et castellum de Melpis. 374 Tailleboug sera à noveau le centre de la révolte de 1188.GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 90 cite GIRAUD DE BARRI, Opera. 8, De principis instructione Liber, 1891, p. 245. 375 PETERBOROUGH, I, p. 213. 376 DEBORD, A., La société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 381 ; GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 64; GEOFFROY DE VIGEOIS, Chronique précédée d’une étude sur la chronique de Geoffroy, 1864, livre 1 ch. 71-72. 377 GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 65. 215
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373 Ibid., I, p. 121: et pro pace habenda comes Engolismo tradidit praedicto comiti Pictavie civitatem<br />
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374 Tailleboug sera à noveau le centre de la révolte de 1188.GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 90 cite<br />
GIRAUD DE BARRI, Opera. 8, De principis instructione Liber, 1891, p. 245.<br />
375 PETERBOROUGH, I, p. 213.<br />
376 DEBORD, A., La société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 381 ;<br />
GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 64; GEOFFROY DE VIGEOIS, Chronique précédée d’une étude<br />
sur la chronique de Ge<strong>of</strong>froy, 1864, livre 1 ch. 71-72.<br />
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