Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

exhaustives : leur utilisation a été essentiellement ponctuelle, de précision ou de
complétion en cas d’absence ou de lacunes des sources issues des institutions du
pouvoir.
1.1- Les institutions du pouvoir Plantagenêt et leur documentation
John Le Patourel décrivait le gouvernement angevin comme une structure à trois
niveaux interconnectés (a three-tiered structure) 12 ; au sommet se trouvait le roi et sa
maisonnée ; au milieu, l’administration des provinces de l’empire conférée à des
sénéchaux, des gouverneurs, ou des justiciers en Angleterre et en Irlande, et à la base,
l’administration locale des shérifs et baillis. Les relations entre ces trois niveaux de
gouvernement n’étaient cependant pas assurées de la même manière dans le monde
anglo-normand et dans le reste de l’empire. Tandis que le système de relations féodo-
vassaliques constituait le mode principal d’organisation du pouvoir en Anjou, en
Aquitaine, en Bretagne et en Irlande, régissant les relations entre le prince et ses agents,
en Angleterre, et dans une moindre mesure en Normandie, cette relation était médiatisée
par une institution : l’Échiquier, dont la vocation de contrôle des agents était effective
par le système de reddition de comptes. De cette institution, il reste l’une des plus
impressionnante série de comptes de cette période : les pipe rolls. La spécificité de ces
rouleaux, qui constituent la base du corpus archivistique sur lequel s’appuie cette thèse,
ne prend véritablement son sens que replacée au sein de l’ensemble de la production des
organes du pouvoir : l’Échiquier mais aussi la maison du roi, où dominent la chambre et
la chancellerie.
1.1.1- L’Échiquier
Le système d’audit et d’enregistrement des comptes
Le royaume d’Angleterre était divisé territorialement, depuis l’époque anglo-
saxonne, en districts correspondant à des unités fiscales et administratives,
indépendantes des divisions ecclésiastiques. La plus grande unité était le shire, auquel
se substitue le county à partir de 1066. Elle était administrée par un shérif, agent chargé
de représenter l’autorité royale, de faire exécuter la justice et de prélever les revenus
royaux. Les shérifs apparaissent dans la documentation sous le terme de vicecomes. Ce
terme ne recouvre cependant la même réalité en Normandie et en Angleterre, où il
12 LE PATOUREL, J. H., « The Plantagenet dominions », History, 50 (1965), p. 289-308.
20