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ivalité qui opposait les seigneurs de Mayenne et les ducs de Normandie depuis le XI e
siècle. Cette rivalité avait créé, selon Daniel Power, « une frontière politique qu’on ne
saurait dessiner sur une carte, car elle était composée davantage de serments et de
négociations que de limites » 278 . Les interventions militaires n’étaient donc pas
habituelles dans cet espace et Annie Renoux pose l’hypothèse d’une politique de
patronage matrimonial de la part des Plantagenêt comme moyen « pacifique » pour
canaliser les énergies de ces puissants vassaux. Elle fait le lien, en particulier, entre le
mariage de Geoffroi II avec Isabelle de Meulan en 1161 et la récupération par Henri II
des trois importants châteaux de Gorron, Ambrières et Chateauneuf-sur-Colmont en
janvier 1162 : « Henri II a-t-il d’un côté rogné les ailes du lignage, en le privant de ses
principales défenses, et compensé de l’autre en facilitant cette prestigieuse union ? » ou
le roi s’est-il prémuni « par ces reprises en mains castrales des dangers que ce type
d’accord matrimonial fait courir au duché ? » 279 . Le contrôle des communications que
permet la possession de ces trois châteaux entre les forteresses royales de Domfront et
Le Mans permet en effet une meilleure emprise territoriale des Plantagenêt dans la
région et leur permet de circuler en toute sécurité. Cependant il ne s’agissait pas
seulement de sécuriser un « couloir », l’attitude d’Henri II vis-à-vis des seigneurs de
Bellême montre en effet que l’échelle d’intervention était bien plus grande. En 1154,
Guillaume Talvas se retrouvait dans la même situation que les comtes de Mayenne,
perdant le pouvoir que leur conférait leur position de seigneur en marche 280 . Cet
affaiblissement se traduisit de manière significative par la reddition en 1166 des deux
forteresses d’Alençon et Roche-Mabile, que Guillaume Talvas avait obtenues en 1135
pour son engagement dans le parti de Geoffroy Plantagenêt 281 .
Guillaume Talvas, comte de Sées, son fils Jean et son neveu, Jean fils
de Guido, l’aîné des comtes de Ponthieu, concédèrent à Henri II les
278
POWER, D. J., « What did the frontier of angevin Normandy comprise? », dans A.N.S., 1994, p. 181-
202 ?
279
RENOUX, A., « Le roi Jean, « s'il avait capturé le comte Robert d'Alençon et le sire Juhel de
Mayenne, il l'aurait gagnée sa guerre!" », dans Plantagenêts et Capétiens: confrontations et héritages,
2006, p. 227-265, (p. 237). Elle fait toutefois remarquer que le remariage d’Isabelle de Meulan en 1169
porte alors la marque d’Henri II puisqu’elle trouve comme second époux Maurice de Craon, le fidèle
vassal d’Henri II, qui pourrait bien avoir été utilisé ici pour contrôler ce puissant groupe familial.
280 e
La puissance de ces seigneurie des marches méridionales normandes s’était construite au début du XII
siècle en phagocitant les seigneuries mineures tels les Géré anciens possesseurs de la Roche d’Igé devenu
Roche Mabile. Voir BAUDUIN, P., « Une famille châtelaine sur les confins normanno-manceaux : les
Géré (Xe-XIIIe siècles) », Archéologie médiévale, 22 (1992), p. 309-356.
281 TORIGNI, I, p. 335; THOMPSON, K., « William Talvas, count of Ponthieu, and the politics of the
anglo-normand realm », dans England and Normandy in the Middle Ages, 1994, p. 169-184;
THOMPSON, K., Power and border lordship in medieval France : the county of the Perche, 1000-1226,
2002.
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