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Étienne de Marçay en Anjou 236 . Si Guillaume fut plus docile qu’Étienne, Robert de<br />

Torigni ne manque pas de tirer les conséquences d’une telle refondation :<br />

« Le fait est qu’ensuite, l’abbaye du Vœu, en tant qu’abbaye mère et<br />

tête de l’ordre, prit possession de l’abbaye de l’île et ses dépendances<br />

pour toujours. Et ledit archevêque de Rouen nomma son chapelain,<br />

qui était chanoine de cet ordre, comme abbé » 237 .<br />

Le cœur de la querelle entre Henri II et son sénéchal semble bien alors la<br />

reconnaissance du droit du roi sur les fondations et les constructions de ses <strong>of</strong>ficiers.<br />

Robert de Torigni rattache d’ailleurs cet épisode à celui de la fondation du connétable<br />

de Normandie Osbert de la Hose, qui « était le gardien du château de Cherbourg, selon<br />

le droit du roi » et qui « édifia une très belle maison dans l’abbaye du Vœu, comme si<br />

c’était une patria qui appartenait au roi, se contentant de logements adaptés à ses<br />

besoins et qui furent rendus à l’administration du roi lorsqu’il mourut » 238 . On ne peut<br />

que souligner la manière dont Robert de Torigni raconte cette histoire : Osbert de la<br />

Hose apparaît alors comme l’<strong>of</strong>ficier modèle, qui ne confond pas ses biens propres avec<br />

ceux du roi, qui relèvent de la patria 239 , et qui, à la veille de sa mort, vient encore<br />

demander « la permission du roi » pour se faire chanoine et faire des dons innombrables<br />

à l’abbaye royale du Vœu 240 .<br />

La résistance d’Étienne peut-elle alors s’expliquer par les transformations que<br />

subissait alors la fonction de sénéchal en Anjou ? Sur le modèle normand, l’<strong>of</strong>fice de<br />

sénéchal en Anjou devint progressivement une fonction permanente de la maison du roi.<br />

Face à ces évolutions, Henri II eut sans doute besoin d’éprouver la fidélité et la<br />

soumission de son sénéchal, dont la puissance et l’autonomie s’était progressivement<br />

renforcée. Jouant sur l’ambiguïté de l’action du sénéchal, à la fois motivé par ses<br />

intérêts personnels et représentant de l’autorité « publique », Henri II exigea que les<br />

fondations faites par Étienne, soient considérées comme relevant de la patria, c'est-à-<br />

236 SAINTE-MARTHE, D. (éd.), Gallia Christiana, 1739-1877, XI, instrumentum 254.<br />

237 TORIGNI, II, p. 134 : Facta est itaque abbatia de Voto mater et caput, habens et perhenniter<br />

possidens abbatiam de Insula et omnia sibi pertinentia. Praedictus vero archiepiscopus Rothomagensis<br />

fecit in eadem abbatia abbatem suum capellanum, qui erat canonicus eiusdem ordinis.<br />

238 Ibid., II, p. 134-135 : Quidam enim constabularius domini regis Henrici, Osbernus de Hosa nomine,<br />

qui castrum Caesaris Burgus, cum patria quae ad illud pertinet, custodiebat jussu domini regis Henrici,<br />

aedificavit in eadem abbatia de Voto domum pulcherrimam, <strong>of</strong>ficinas ideoneas in se continentem, ad opus<br />

suum, in qua post amministrationem domini regis, quandi vixit, satis honeste conversatus est.<br />

239 À propos du terme patria voir le développement chapitre 3.<br />

240 Ibid., II, p. 135 : ipse vero ante octo dies mortis suae factus canonicus, permissione domini regis<br />

eidem abbatiae dedit xxxii marcas auri, dedit etiam praedictae abbatiae c libras Cenomannensium, ad<br />

augendas possessiones eiusdem abbatiae, dedit etiam eidem abbatiae lx marcas argenti in plata et<br />

totidem in vasis.<br />

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