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Cette charte de fondation signée à Valognes est très proche de celle qui fonde en même temps l’hôpital du Mans, reconnu comme une fondation royale 223 . Toutes deux portent la même liste de témoins, exception faite d’Étienne qui atteste la charte pour l’hôpital du Mans mais pas celle pour l’hôpital d’Angers, témoignant ainsi son refus à reconnaître l’origine royale de cette fondation, qu’il considérait comme la sienne. Dans la seconde charte de confirmation de l’hôpital Saint-Jean émise au Mans, Henri déclare non seulement qu’il a fondé l’hôpital de sa propre aumône mais qu’il en est également le constructeur : Sachez que pour le salut et la rédemption de l’âme de mon père et de ma mère et pour le salut et la rédemption de mon âme et de mes prédécesseurs, j’ai fondé et construit à Angers, à coté de la fontaine Saint-Laurent, un hôpital en l’honneur de Dieu et pour le soin et la guérison des pauvres du Christ 224 . Ce qui devait apparaître comme la version officielle de l’histoire transparaît dans certaines chartes de donation pour l’hôpital comme celle du chevalier Foulques de Mastaz, dans laquelle il est dit que l’hôpital fut « fondé par le roi des anglais sur les conseils d’Étienne son sénéchal d’Anjou » 225 , mais cette version continue d’être contestée, notamment au sein de la famille du sénéchal. Une charte de Philippe de Ramefort, le fils d’Étienne, en faveur de l’hôpital qualifie en effet son père de fundator et compositor. Ces deux mentions montrent que l’enjeu ne se situait pas seulement sur la reconnaissance du patronage de la fondation mais également sur sa construction 226 . L’architecture mise en œuvre à Saint-Jean d’Angers qui en faisait l’un des édifices les plus admirés de la vallée de la Loire explique sans doute pourquoi les rivalités portaient également sur la reconnaissance du fondateur comme maître d’ouvrage 227 . Les voûtes de la grande salle présentent un profil que les historiens d’art ont souvent qualifié de « style Plantagenêt » parce qu’il se retrouve dans de nombreux édifices d’Anjou et du 223 Ibid., II, p. 207-208, n°DCV: confirmasse Deo et pauperibus Christi situm loci in quo fundata est domus Deiu apud Cenom[amnnum] quam scilicet domum ego in honore Dei ad hopitalem egenorum et ad eorum inopiam relevandam de propriis elemosinis meis fundavi. 224 .PORT, C., Cartulaire de l'hôpital Saint-Jean d'Angers, précédé d'une notice historique sur cet Hôtel- Dieu, 1870, p 106, n°V ; Recueil des actes d’Henri II , II, p 242-43. n° DCXXXII : Sciatis me, pro salute et redemptione animarium patris et matris mee et pro salute ac redemptione anime mee et antecessorum meorum, fundasse et construxisse apud Andeg(avim), juxta fontem Sancti Laurentii, hospitale quoddam in honore Dei ad sustentamentum et relevationem pauperum Christi. 225 PORT, C., Cartulaire de l'hôpital Saint-Jean d'Angers, précédé d'une notice historique sur cet Hôtel- Dieu, 1870, p. 108 n° IX : quam dominus rex Anglorum fundavit et Stephanus siniscallus Andegavensis ipsius precepto. 226 Ibid., p. 110, n° XV. 227 MUSSAT, A., L'architecture gothique dans l'Ouest de la France aux douzième et treizième siècles, 1963. 178
Poitou construits dans la seconde moitié du XII e siècle et sont souvent liés au patronage des Plantagenêt, comme entre autre l’Hôtel Dieu de Coëffort au Mans et la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Qu’Henri II ait voulu être associé à la belle fondation de son sénéchal, notamment dans le contexte d’expiation du meurtre de Thomas Becket apparaît donc évident, mais il est impossible de mesurer son implication réelle dans cette fondation. Le terrain de l’hôpital fut en effet cédé par l’abbesse du Ronceray à Étienne de Marçay et cette donation fut confirmée par une bulle du pape Alexandre III en 1181, adressée aux « frères de l’aumônerie construite par le sénéchal Étienne », une expression qui témoigne donc plutôt en la faveur d’Étienne de Marçay 228 . Pour le prieuré grandmontain de la Haye-aux-Bonshommes situé à Avrillé près d’Angers, plusieurs documents témoignent également en faveur d’Étienne et de son frère Reginald de Vou qui obtiennent deux bulles pontificales reconnaissant leur fonction de fondateurs 229 . En 1186, Urbain III envoie une lettre à ses dilectis filiis leprosiis domus de Haya dans laquelle il leur accorde « la protection de saint Pierre ainsi qu’au chevalier Reginald de Vou et à son frère qui vous ont apporté cette maison par piété et à vous qui la possédez sans conteste » 230 . Dans les annales de l’ordre, cependant, un passage s’appuyant sur l’obituaire de La Haye rappelle un don qu’Henri II fit au prieuré « dont il avait été le fondateur » 231 . Il ne faut pas oublier cependant que l’ordre de Grandmont fut particulièrement actif, y compris dans la réécriture des chartes de fondation, pour attribuer des origines royales à leurs fondations (voir infra) 232 . Par ailleurs, Richard, sans doute animé par la haine qu’il portait contre l’officier de son père, ne manqua pas d’inclure le prieuré de La Haye dans la charte de 228 PORT, C., Cartulaire de l'hôpital Saint-Jean d'Angers, précédé d'une notice historique sur cet Hôtel- Dieu, 1870, p. 91, n°XII ; p 105 n° III (bulle papale de 1181) ; p 106-107 n°VII et p. 109 n° XII. 229 BECQUET, J., « Le bullaire de l'ordre de Grandmont », Revue Mabillon, 46-47 (1956-1957), p. 1-75- 76-93; GRANT, L., « Le patronage architectural d'Henri II et de son entourage », C.C.M., 37 (1994), p. 73-84 (p. 81 note 52). 230 BECQUET, J., « Le bullaire de l'ordre de Grandmont », Revue Mabillon, 46-47 (1956-1957), p. 1-75- 76-93, p. 91 n° 14 : ub beati Petri et nostra protection suscipimus specialiter autem ea que Renatus de Ueau miles et frater suus eidem domui pietatis intuitu contulerunt et vos sine controversia possidetis. 231 LEVESQUE, J. (éd.), Annales ordinis Grandimontis. Nunc primùm editi & in hanc epitomen redacti, 1662, p. 138 : ex liibris Hayae Andegavensis, constat eundem Amalricum aliam Crucis portionem dedisse Henrico II Angliae Regi, …, donavit Prioratui de Haya cuius fundator extiterat, sicut habetur in libro Obitatrii (Selon les livres de la Haye d’Angers, il est avéré que Amalric remit à Henri II d’Angleterre une autre portion de la croix… qu’il donna au prieuré de la Haye, dont il avait été le fondateur, comme le montre l’obituaire). 232 HALLAM, E. M., « Henry II, Richard I and the order of Grandmont », J.M.H., 1: 2 (1975), p. 165- 186; GABORIT, J. R., « L'architecture de l'ordre de Gammont", 1963. 179
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portent la même liste de témoins, exception faite d’Étienne qui atteste la charte pour<br />
l’hôpital du Mans mais pas celle pour l’hôpital d’Angers, témoignant ainsi son refus à<br />
reconnaître l’origine royale de cette fondation, qu’il considérait comme la sienne. Dans<br />
la seconde charte de confirmation de l’hôpital Saint-Jean émise au Mans, Henri déclare<br />
non seulement qu’il a fondé l’hôpital de sa propre aumône mais qu’il en est également<br />
le constructeur :<br />
Sachez que pour le salut et la rédemption de l’âme de mon père et de<br />
ma mère et pour le salut et la rédemption de mon âme et de mes<br />
prédécesseurs, j’ai fondé et construit à Angers, à coté de la fontaine<br />
Saint-Laurent, un hôpital en l’honneur de Dieu et pour le soin et la<br />
guérison des pauvres du Christ 224 .<br />
Ce qui devait apparaître comme la version <strong>of</strong>ficielle de l’histoire transparaît dans<br />
certaines chartes de donation pour l’hôpital comme celle du chevalier Foulques de<br />
Mastaz, dans laquelle il est dit que l’hôpital fut « fondé par le roi des anglais sur les<br />
conseils d’Étienne son sénéchal d’Anjou » 225 , mais cette version continue d’être<br />
contestée, notamment au sein de la famille du sénéchal. Une charte de Philippe de<br />
Ramefort, le fils d’Étienne, en faveur de l’hôpital qualifie en effet son père de fundator<br />
et compositor. Ces deux mentions montrent que l’enjeu ne se situait pas seulement sur<br />
la reconnaissance du patronage de la fondation mais également sur sa construction 226 .<br />
L’architecture mise en œuvre à Saint-Jean d’Angers qui en faisait l’un des édifices les<br />
plus admirés de la vallée de la Loire explique sans doute pourquoi les rivalités portaient<br />
également sur la reconnaissance du fondateur comme maître d’ouvrage 227 . Les voûtes<br />
de la grande salle présentent un pr<strong>of</strong>il que les historiens d’art ont souvent qualifié de<br />
« style Plantagenêt » parce qu’il se retrouve dans de nombreux édifices d’Anjou et du<br />
223 Ibid., II, p. 207-208, n°DCV: confirmasse Deo et pauperibus Christi situm loci in quo fundata est<br />
domus Deiu apud Cenom[amnnum] quam scilicet domum ego in honore Dei ad hopitalem egenorum et<br />
ad eorum inopiam relevandam de propriis elemosinis meis fundavi.<br />
224 .PORT, C., Cartulaire de l'hôpital Saint-Jean d'Angers, précédé d'une notice historique sur cet Hôtel-<br />
Dieu, 1870, p 106, n°V ; Recueil des actes d’Henri II , II, p 242-43. n° DCXXXII : Sciatis me, pro salute<br />
et redemptione animarium patris et matris mee et pro salute ac redemptione anime mee et antecessorum<br />
meorum, fundasse et construxisse apud Andeg(avim), juxta fontem Sancti Laurentii, hospitale quoddam in<br />
honore Dei ad sustentamentum et relevationem pauperum Christi.<br />
225 PORT, C., Cartulaire de l'hôpital Saint-Jean d'Angers, précédé d'une notice historique sur cet Hôtel-<br />
Dieu, 1870, p. 108 n° IX : quam dominus rex Anglorum fundavit et Stephanus siniscallus Andegavensis<br />
ipsius precepto.<br />
226 Ibid., p. 110, n° XV.<br />
227 MUSSAT, A., L'architecture gothique dans l'Ouest de la France aux douzième et treizième siècles,<br />
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