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Si la base de la connaissance du royaume reste jusqu’à la fin du Moyen Âge,
une géographie accumulative, faite de listes et de descriptions de la réalité physique du
monde, la cartographie, qui s’impose progressivement comme nouveau mode
représentation synthétique et symbolique de l’espace, apparaît comme un bon reflet de
l’évolution des nouveaux rapports entre espace et pouvoirs 347 . La précocité et la qualité
de la cartographie anglaise constituent un phénomène qui a très tôt attiré l’attention des
historiens, cherchant à travers elle à atteindre une meilleure connaissance géographique
de l’Angleterre médiévale 348 . Qu’il s’agisse de Roger de Hoveden, Mathieu Paris, Jean
de Wallingford, Ranulf Higden, Giraud de Barri ou Gervais de Tilbury, les principaux
chroniqueurs ayant donné une place importance à la géographie dans leurs chroniques à
partir du XII e siècle sont majoritairement originaires de l’espace britannique 349 . Il ne
faut cependant pas exagérer l’importance de ces représentations du monde en plan qui
restent relativement rares tout au long du Moyen Âge, sauf peut-être en Italie, qui
possède également un riche corpus de cartes médiévales 350 . La plupart des cartes et des
plans ne sont d’ailleurs souvent regardés que comme de simples illustrations
accompagnant une description. C’est le cas des célèbres plans des abbayes de
Canterbury et de Waltham (plan de la source de Wormley), du plan, sans doute perdu,
qui accompagnait la Topographia Hibernica de Giraud de Barri 351 .
Cependant, Patrick Gautier-Dalché a récemment consacré un ouvrage à la
géographie urbaine et maritime de Roger de Hoveden (?), dans lequel il présente trois
textes, l’Expositio mappe mundi, associée à la mappemonde d’Hereford, le Liber
nautarum et le De viis maris. L’étude comparée de ces trois textes montre que l’auteur
(sans nul doute anglais et originaire du Yorkshire, car le De vis mariis est une
descriptions des cours de la Ouse et de la Humber) avait vraisemblablement l’ambition
de faire « une sorte d’encyclopédie des littoraux de l’orbis terrarum – du moins de ce
347 GAUTIER-DALCHÉ, P., « Le renouvellement de la perception et de la représentation de l'espace au
XIIe siècle », dans Renovación intelectual del occidente europeo (siglo XII). XXIV semana de estudios
medievales, 1998, p. 169-217; GAUTIER-DALCHÉ, P., « Principes et modes de la représentation de
l'espace géographique durant le haut Moyen Âge », Uomo e spazio nell’alto medioevo. Settimane di
studio del Centro italiano di studi sull'alto Medioevo, 50:1 (2003), p. 117-150; GAUTIER-DALCHÉ, P.,
« Représentations géographiques savantes, constructions et pratiques de l'espace », dans Construction de
l'espace au Moyen Âge: pratiques et représentations, 2007, p. 13-38.
348 SKELTON, R. A. et HARVEY, P. D. A., Local Maps and Plans from Medieval England, 1986 offre
une liste de toutes les études et publications des cartes qu’ils ont répertoriées. STENTON, F. M., The Map
of Great Britain with the roads of the Gough Map, 1958; PARSONS, E. J. S., The map of Great Britain
circa A.D. 1360, known as the Gough map : an introduction to the facsimile, 1996.
349 GAUTIER-DALCHÉ, P., « L'espace de l'histoire: le rôle de la géographie dans les chroniques
universelles », dans l’historiographie médiévale en Europe, 1991, p. 287-300.
350 Voir entre autre BOULOUX, N., Culture et savoirs géographiques en Italie au XIVe siècle, 2002.
351 SKELTON, R. A. et HARVEY, P. D. A., Local Maps and Plans from Medieval England, 1986.
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