Inventaire des procès-verbaux du Directoire - Archives nationales

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03.04.2013 Views

PROCÈS-VERBAUX DU DIRECTOIRE, TOME I auparavant du Directoire. Comme les employés du cabinet topographique, les minutes des lettres sur le service militaire seraient alors passées au ministère de la Guerre, ce qui pose des questions intéressantes sur les rapports entre le Directoire et les ministres comme sur la prédominance de Carnot dans ces affaires. Où chercher les minutes des lettres du Directoire qui manqueront dans le groupe des minutes à la fin de l'an V est une question ardue. À première vue, le groupe de la Guerre de AF III (AF III 143 à 201) ne semble pas les conserver: l'inventaire dactylographié de ce groupe, dû à Mesdames S. de Dainville-Barbiche et D. Devos, nous permet de nous en assurer. La vérification serait donc à faire dans les fonds du service historique de l'armée de terre. C'est naturellement le général en chef de l'armée d'Italie qui, dans notre inventaire, est destinataire du plus grand nombre de ces lettres (47 références dans l'index), ce qui est beaucoup plus que pour Hoche et Moreau, généraux en chef des armées de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle (respectivement 24 et 17 références). Les échanges avec Bonaparte ne se bornent pas aux questions stratégiques des opérations de l'armée d'Italie en l'an V, allant ici de la prise de Mantoue aux préliminaires de paix de Leoben. On voit, dans les premières séances, le Directoire insister auprès de Bonaparte pour qu'il marche sur Rome après la prise de la Romagne, projet auquel Bonaparte préféra l'offensive contre les possessions autrichiennes de l'Italie septentrionale, mais on voit aussi le Directoire faire passer à Bonaparte, négociateur de la paix avec le général Clarke, ses vues sur les principautés de l'Empire germanique, les échanges de territoires à opérer avec le roi de Piémont-Sardaigne, ou encore les débouchés à donner à la future République cisalpine sur l'Adriatique lors de la conquête des territoires vénitiens et la nécessité de garantir à la France la possession de Corfou pour ôter à l'Autriche sa suprématie sur cette mer, question annonçant la future expédition d'Égypte. Nous n'avons que peu d'échos des correspondances de Bonaparte avec le Directoire: leurs relations s'écartaient de celles d'un subordonné avec ses supérieurs. Ainsi c'est par l'intermédiaire de Moreau qu'on apprend à Paris la signature des préliminaires de paix de Leoben. Notons ici, en séance du 5 floréal, la mention d'une suggestion de Bonaparte d'envoyer tous les ans une cinquantaine d'enfants corses dans des maisons d'éducation françaises pour maintenir la tranquillité dans l'île et l'attacher durablement à la République. La grande majorité des arrêtés concernant la Guerre se compose d'arrêtés sur le personnel militaire et, surtout, de brevets de nomination. On trouvera ainsi entre autres, dans l'index, un total de 2132 rubriques correspondant aux noms d'officiers et sous-officiers cités dans les feuilles de brevet de nomination, dont les noms ne sont pas donnés dans le cours de l'inventaire: ils sont repris de l'inventaire manuscrit du groupe AF III 314 à 637 (minutes des arrêtés; messages et lettres du Directoire) déjà cité, où l'on avait pris soin de les relever. Le texte de l'inventaire ne reprend pas ces longues listes de noms (une centaine par document au moins): en ce cas, l'index est donc un index-inventaire. Comme nous l'avons dit plus haut, que ces brevets donnent l'arme et l'unité auxquelles appartiennent ces quelque deux mille militaires facilite la reconstitution de leurs carrières dans les archives des unités régimentaires au service historique de l'armée de Terre, où la recherche est impossible si l'on ne connaît pas les unités dans lesquelles les militaires servaient. Malheureusement pour les recherches généalogiques, ces arrêtés ne donnent presque jamais les prénoms. Il s'agit parfois de promotions accélérées, à moins qu'on ait des membres de la même famille promus simultanément dans le même régiment, un même nom étant donné, en un seul jour, comme breveté sous-lieutenant, lieutenant puis capitaine dans la même unité. Le lecteur intéressé par l'histoire des liens familiaux en temps de guerre pourra mettre à profit ces références, ainsi que d'autres cas de parents servant ensemble dans les mêmes unités ou armées, ce qui était très fréquent: citons ici, d'après la rubrique Famille de l'index, les frères d'Augereau et de Lanusse servant comme aides de camp de ces généraux, ou le lieutenant Joseph Dumas, muté dans une unité de sapeur pour rejoindre son père, capitaine, et son frère, volontaire; a contrario puisqu'il s'agit d'un remplacement, le Directoire accepte le 12 ventôse qu'un certain Antoine Lamoureux, de Paris, célibataire, remplace son beau-frère Duriez, père de quatre enfants, servant au dépôt de Reims.

INTRODUCTION En plus des brevets de nomination, d'autres mesures individuelles ou collectives sur le personnel des armées sont prises par arrêtés du Directoire et sont donc signalées dans l'inventaire, les plus importantes figurant dans le texte du procès-verbal. Au total, l'index recense ainsi 61 adjudants généraux, à l'identité souvent incertaine -sans doute parce qu'y figurent des adjudants généraux de la garde nationale à côté d'officiers de l'armée elle-même -, 200 généraux, 44 futurs généraux d'Empire dont nous contribuons ainsi à illustrer les fastes guerriers (citons Lannes, Marmont, Ordener, Pernéty, Reille, Soult), ainsi qu'au minimum 103 militaires de l'artillerie, 83 de la cavalerie (dont le chef d'escadron Caulaincourt, futur aide de camp du Premier Consul, ici chargé de l'escorte de l'ambassadeur ottoman de Marseille à Paris), 55 de régiments de chasseurs, 31 militaires du génie et enfin 962 de l'infanterie. Nous avons choisi de développer, dans le cours de l'inventaire, la présentation des nombreux arrêtés d'exemption de service militaire. Les exemptions sont, le plus souvent, accordées pour soutien de famille, les raisons étant données brièvement, par exemple: nombre de personnes vivant dans la famille, nombre de frères présents aux armées ou morts au combat, âge des parents indigents, importance des exploitations agricoles ou artisanales dont la marche repose sur les exemptés. Les tableaux d'exemptions donnent très précisément l'indication du lieu de résidence des intéressés, avec mention des départements. Les nombreux bénéficiaires (au nombre de 71 par exemple pour le 22 pluviôse an V) sont énumérés dans l'ordre alphabétique des initiales des patronymes, avec leurs prénoms: c'est dire l'importance de cette source de l'histoire des familles en un temps où, même avant la création de la conscription en l'an VII, un grand nombre de Français est aux armées. Il était impossible de relever tous ces noms dans l'inventaire ou dans l'index. On a donc choisi de signaler les militaires exemptés comme chefs d'entreprise ou comme employés des administrations, notaires y compris, et quelques cas d'exemptions pour maladies graves, sur intervention de personnages haut placés, ou en raison du nombre d'années pendant lesquelles les intéressés avaient été prisonniers de guerre à l'étranger. Ces choix occultent la catégorie la plus importante: celle des cultivateurs et des petits artisans du monde rural, que des relevés systématiques dans les arrêtés d'exemption permettront d'étudier. Signalons ici une source complémentaire, aussi intéressante que méconnue à cause de l'absence d'instrument de recherche, les 77 articles cotés AF III 313/1 à 313/77: demandes relatives à des réquisitions, congés et exemptions de service militaire, an V, sur lesquels Félix Rocquain écrivait dans son inventaire manuscrit de la sous-série Ce sont des demandes de congés, limités ou non....classées par ordre alphabétique de noms de personnes...Ces documents offrent de l'intérêt à plus d'un égard. D'après les motifs qui appuient ces demandes, on a des renseignements sur l'état de l'esprit public, la situation de l'agriculture, du commerce, de l'industrie, les souffrances des populations, les maux occasionnés par l'entrée des ennemis sur le territoire, enfin sur l'état général de la France à cette époque. Ces documents seraient certainement à consulter pour une histoire de l'état de la France au temps du Directoire. On rencontre peu de mesures marquantes sur l'organisation des armées et celle des services de l'administration militaire. On peut toutefois relever la création de l'école du génie de Metz (séances des 4 et 7 floréal) et un intéressant rapport anonyme, vu en séance du 1 er ventôse, critiquant les hôpitaux d'instruction militaires, jugés inefficaces et coûteux: de tous côtés l'on rencontre des états majors médicaux, des professeurs sublimes et la classe des élèves ne paroit employée que pour cortège et autoriser l'existence des chefs; nulle part on ne leur apprend à lire et à écrire les premiers élémens de l'art auquel on les destine, nulle part on ne leur apprend les termes non plus que le néologisme qu'on veut fourrer partout, document donnant une statistique des élèves, médecins, chirurgiens et pharmaciens du Val-de-Grâce et de l'hôpital militaire du Gros-Caillou (à Paris), et se plaignant de la construction d'un laboratoire de chimie à l'hôpital militaire de Strasbourg, où Féret ne veut commencer ses cours que quand le laboratoire sera achevé. Par anachronisme, puisqu'elle relève alors du ministère de l'Intérieur, on doit mentionner ici l'ébauche d'une réforme de l'enseignement à l'École polytechnique (séances des 21 et 29 floréal) pour éviter les doubles emplois avec les matières également enseignées dans

PROCÈS-VERBAUX DU DIRECTOIRE, TOME I<br />

auparavant <strong>du</strong> <strong>Directoire</strong>. Comme les employés <strong>du</strong> cabinet topographique, les minutes <strong>des</strong><br />

lettres sur le service militaire seraient alors passées au ministère de la Guerre, ce qui pose <strong>des</strong><br />

questions intéressantes sur les rapports entre le <strong>Directoire</strong> et les ministres comme sur la<br />

prédominance de Carnot dans ces affaires. Où chercher les minutes <strong>des</strong> lettres <strong>du</strong> <strong>Directoire</strong> qui<br />

manqueront dans le groupe <strong>des</strong> minutes à la fin de l'an V est une question ar<strong>du</strong>e. À première<br />

vue, le groupe de la Guerre de AF III (AF III 143 à 201) ne semble pas les conserver:<br />

l'inventaire dactylographié de ce groupe, dû à Mesdames S. de Dainville-Barbiche et D. Devos,<br />

nous permet de nous en assurer. La vérification serait donc à faire dans les fonds <strong>du</strong> service<br />

historique de l'armée de terre.<br />

C'est naturellement le général en chef de l'armée d'Italie qui, dans notre inventaire, est<br />

<strong>des</strong>tinataire <strong>du</strong> plus grand nombre de ces lettres (47 références dans l'index), ce qui est<br />

beaucoup plus que pour Hoche et Moreau, généraux en chef <strong>des</strong> armées de Sambre-et-Meuse et<br />

de Rhin-et-Moselle (respectivement 24 et 17 références). Les échanges avec Bonaparte ne se<br />

bornent pas aux questions stratégiques <strong>des</strong> opérations de l'armée d'Italie en l'an V, allant ici de<br />

la prise de Mantoue aux préliminaires de paix de Leoben. On voit, dans les premières séances,<br />

le <strong>Directoire</strong> insister auprès de Bonaparte pour qu'il marche sur Rome après la prise de la<br />

Romagne, projet auquel Bonaparte préféra l'offensive contre les possessions autrichiennes de<br />

l'Italie septentrionale, mais on voit aussi le <strong>Directoire</strong> faire passer à Bonaparte, négociateur de<br />

la paix avec le général Clarke, ses vues sur les principautés de l'Empire germanique, les<br />

échanges de territoires à opérer avec le roi de Piémont-Sardaigne, ou encore les débouchés à<br />

donner à la future République cisalpine sur l'Adriatique lors de la conquête <strong>des</strong> territoires<br />

vénitiens et la nécessité de garantir à la France la possession de Corfou pour ôter à l'Autriche sa<br />

suprématie sur cette mer, question annonçant la future expédition d'Égypte. Nous n'avons que<br />

peu d'échos <strong>des</strong> correspondances de Bonaparte avec le <strong>Directoire</strong>: leurs relations s'écartaient de<br />

celles d'un subordonné avec ses supérieurs. Ainsi c'est par l'intermédiaire de Moreau qu'on<br />

apprend à Paris la signature <strong>des</strong> préliminaires de paix de Leoben. Notons ici, en séance <strong>du</strong> 5<br />

floréal, la mention d'une suggestion de Bonaparte d'envoyer tous les ans une cinquantaine<br />

d'enfants corses dans <strong>des</strong> maisons d'é<strong>du</strong>cation françaises pour maintenir la tranquillité dans<br />

l'île et l'attacher <strong>du</strong>rablement à la République.<br />

La grande majorité <strong>des</strong> arrêtés concernant la Guerre se compose d'arrêtés sur le<br />

personnel militaire et, surtout, de brevets de nomination. On trouvera ainsi entre autres, dans<br />

l'index, un total de 2132 rubriques correspondant aux noms d'officiers et sous-officiers cités<br />

dans les feuilles de brevet de nomination, dont les noms ne sont pas donnés dans le cours de<br />

l'inventaire: ils sont repris de l'inventaire manuscrit <strong>du</strong> groupe AF III 314 à 637 (minutes <strong>des</strong><br />

arrêtés; messages et lettres <strong>du</strong> <strong>Directoire</strong>) déjà cité, où l'on avait pris soin de les relever. Le<br />

texte de l'inventaire ne reprend pas ces longues listes de noms (une centaine par document au<br />

moins): en ce cas, l'index est donc un index-inventaire. Comme nous l'avons dit plus haut, que<br />

ces brevets donnent l'arme et l'unité auxquelles appartiennent ces quelque deux mille militaires<br />

facilite la reconstitution de leurs carrières dans les archives <strong>des</strong> unités régimentaires au service<br />

historique de l'armée de Terre, où la recherche est impossible si l'on ne connaît pas les unités<br />

dans lesquelles les militaires servaient. Malheureusement pour les recherches généalogiques,<br />

ces arrêtés ne donnent presque jamais les prénoms.<br />

Il s'agit parfois de promotions accélérées, à moins qu'on ait <strong>des</strong> membres de la même<br />

famille promus simultanément dans le même régiment, un même nom étant donné, en un seul<br />

jour, comme breveté sous-lieutenant, lieutenant puis capitaine dans la même unité. Le lecteur<br />

intéressé par l'histoire <strong>des</strong> liens familiaux en temps de guerre pourra mettre à profit ces<br />

références, ainsi que d'autres cas de parents servant ensemble dans les mêmes unités ou armées,<br />

ce qui était très fréquent: citons ici, d'après la rubrique Famille de l'index, les frères d'Augereau<br />

et de Lanusse servant comme ai<strong>des</strong> de camp de ces généraux, ou le lieutenant Joseph Dumas,<br />

muté dans une unité de sapeur pour rejoindre son père, capitaine, et son frère, volontaire; a<br />

contrario puisqu'il s'agit d'un remplacement, le <strong>Directoire</strong> accepte le 12 ventôse qu'un certain<br />

Antoine Lamoureux, de Paris, célibataire, remplace son beau-frère Duriez, père de quatre<br />

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