Inventaire des procès-verbaux du Directoire - Archives nationales

INTRODUCTION
Les "décisions du Directoire"
Les paragraphes que nous avons intitulé Décisions du Directoire concernent des actes
qu'on peut, pour l'essentiel, regrouper en deux catégories. En premier lieu, des secours et
pensions décidés de manière extraordinaire par le Directoire sans référence à un dossier de
travail ministériel (on en trouve d'autres dans les dossiers par ministère, tels que les pensions
militaires, et les pensions présentées par le ministre de l'Intérieur, comme celles des victimes de
l'explosion de la poudrière de Grenelle en l'an II). En second, des réponses du Directoire à des
hommages par des particuliers d'ouvrages littéraires, et plus rarement d'œuvres d'art. Cette
catégorie fait l'objet de la rubrique Publications, hommages au Directoire de l'index. Signalons
ici la première édition de l'un des manuels de latin les plus répandus en France jusqu'à la fin du
XIX e siècle, le Manuel latin contenant un choix de compositions françaises et un recueil de
petites histoires et fables latines, de Jean-Étienne-Judith Forestier, dit Boinvilliers, professeur à
l'école centrale de l'Oise (séance du 17 floréal), un modèle de la Bastille sculpté en buis
d'Espagne par Person, membre du Lycée des arts, ex-avocat et membre de la Société
d'Agriculture, puis secrétaire au Comité de sûreté générale (séance du 4 ventôse) et un tableau
représentant la signature des préliminaires de la paix de Leoben, par Claude Hoin, peintre, de
Paris, sans doute le fils de Claude-Jean-Baptiste Hoin, peintre connu des dictionnaires d'histoire
de l'art (séance du 2 prairial).
Les affaires de guerre
Les dossiers énumérés dans nos rubriques par ministère sont souvent mentionnés, dans
le registre, comme relevant des ministres ou destinés à tel ou tel d'entre eux. Parfois, ce sont les
minutes des arrêtés et leurs pièces jointes qui permettent ces rattachements, qui sont donc
rarement faits par déduction. Il faut ici éviter d'induire le lecteur en erreur: que des affaires
soient évoquées sous une rubrique ministérielle ne signifie pas qu'elles procèdent
invariablement du travail des bureaux du ministre. Le croire serait méconnaître l'importance des
divisions du Directoire, telle qu'on la devine à travers les dossiers sur l'organisation de ses
bureaux (voir l'introduction des Archives du Directoire exécutif). On ne peut opérer la
distinction qu'en étudiant les feuilles de travail du groupe des matériaux du contrôle des procèsverbaux
(AF III 1 à 16). La seule exception à cette règle est, en l'an V, celle des affaires
militaires: le registre mentionne très systématiquement ce qui est classé à la section de la
Guerre (arrêtés sur le personnel des armées), au bureau topographique du Directoire (lettres
dites sur le service militaire, c'est à dire correspondances du Directoire avec les généraux en
chef des armées et le ministre sur des questions d'administration de la Guerre, plus rarement
avec des commissaires des guerres, dont Haussmann, oncle du préfet de police de Paris du
Second Empire, en fonction à l'armée de Sambre-et-Meuse au début de notre période), et
parfois au bureau de l'artillerie et du génie. Le poids des problèmes de la guerre et la marque
personnelle de Carnot sont des causes concomitantes du développement particulier de la
structure administrative en cette matière par rapport aux autres grandes fonctions d'État dont les
procès-verbaux retracent l'exercice par le Directoire.
Les affaires militaires représentent en effet près du quart du total des actes du
Directoire inventoriés ici (856 cas, avec quelques incertitudes statistiques pour les arrêtés
collectifs de nomination de personnel, dont les totaux ne sont pas toujours aisés à établir et qui
concernent un nombre de bénéficiaires beaucoup plus élevé). On n'a relevé que neuf séances
(soit 7,69% de leur total) sans aucune affaire militaire.
L'intérêt des lettres du Directoire aux généraux en chef des armées, dites lettres sur le
service militaire, est connu depuis la publication de Debidour, qui en donne le texte. Les lettres
de même nature signalées par nous mériteraient également l'édition que les limites de notre
publication ne nous permettent pas de donner ici. À partir des derniers mois de l'an V, une
partie de ces lettres n'est plus conservée en minutes dans les dossiers de séances. Peut-être estce
dû à un arrêté du Directoire du 22 floréal réorganisant le Dépôt de la Guerre, créé en 1688 et
dont le général Calon avait modifié les attributions pour en faire un dépôt général de
géographie, et y réunissant le cabinet topographique et historique militaire qui relevait