Les domestiques sénégalaises au Maroc : Un travail servile entre ...
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07_LANZA-2.qxd 27/04/2011 21:43 Page 7<br />
LES DOMESTIQUES SÉNÉGALAISES AU MAROC 7<br />
La même absence de cadre juridique se retrouve <strong>au</strong> pays d’origine. Au<br />
Sénégal, il est très courant d’avoir une « bonne » à la maison, jusque dans les<br />
classes populaires. La p<strong>au</strong>vreté génère une main-d’œuvre disponible, docile<br />
et peu coûteuse. Plusieurs femmes rencontrées <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> <strong>travail</strong>laient déjà<br />
comme bonnes <strong>au</strong> Sénégal, dans un statut finalement peu différent de celui<br />
qu’elles occupent <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. D’<strong>au</strong>tre femmes, par contre, n’avaient jamais<br />
<strong>travail</strong>lé comme <strong>domestiques</strong> et appartiennent à une ex-classe moyenne<br />
instruite qui a subi la crise économique et contrainte à la migration.<br />
Recrutement <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> ou <strong>au</strong> Sénégal : quelle différence ?<br />
Même s’il a des familiarités avec le passé, le phénomène des bonnes<br />
étrangères est assez récent <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. Pourtant, il est étonnant de constater<br />
la variété de rése<strong>au</strong>x et de circuits qui participent depuis quelques années<br />
à faire venir des femmes destinées <strong>au</strong> <strong>travail</strong> domestique.<br />
<strong>Les</strong> femmes rencontrées <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> vivent en petites commun<strong>au</strong>tés<br />
partageant des espaces communs.<br />
Dans ces foyers, elles <strong>entre</strong>tiennent une forte solidarité qui fait que les<br />
plus anciennement installées soutiennent les nouvelles venues dans une<br />
organisation solidaire et efficace qui rappelle celle des associations<br />
informelles. Ces femmes sont parvenues <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> par différents circuits<br />
et à différentes époques. <strong>Les</strong> premières avaient généralement fui une<br />
situation d’exploitation chez une famille marocaine qui les avaient<br />
recrutées <strong>au</strong> Sénégal. D’<strong>au</strong>tres femmes sont arrivées hors de ces rése<strong>au</strong>x,<br />
de manière indépendante, parce qu’elles avaient une sœur ou une amie qui<br />
étaient déjà <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> et qui pouvaient les accueillir. <strong>Un</strong>e fois sur place,<br />
elles ont commencé à chercher un <strong>travail</strong>.<br />
À l’abri de l’organisation solidaire des femmes <strong>sénégalaises</strong>, certaines<br />
ont pu trouver un <strong>au</strong>tre <strong>travail</strong> et se stabiliser <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. D’<strong>au</strong>tres ont même<br />
trouvé un <strong>travail</strong> mieux payé et garanti dans des familles <strong>sénégalaises</strong> ou<br />
européennes, grâce <strong>au</strong>x connaissances nouées à partir de l’Arserem et du<br />
consulat.<br />
Plusieurs femmes rapportent qu’une fois <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, avec ou sans carte<br />
de séjour, il est plus difficile de tomber dans des situations d’exploitation<br />
et de m<strong>au</strong>vais traitements courantes lors des recrutements directs <strong>au</strong><br />
Sénégal. La différence tient à la sécurité qu’offrent les rése<strong>au</strong>x de<br />
protection sociale informelle. Grâce à ces rése<strong>au</strong>x, les femmes sont en<br />
position de refuser un emploi si elles n’ont pas la garantie de voir respecter<br />
leurs droits et leur dignité. <strong>Un</strong>e fois que la femme <strong>entre</strong> en contact avec sa