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Les domestiques sénégalaises au Maroc : Un travail servile entre ...

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07_LANZA-2.qxd 27/04/2011 21:43 Page 10<br />

10<br />

D’UNE AFRIQUE À L’AUTRE<br />

régulière, avec une carte de séjour. Elles ont généralement droit à un congé<br />

annuel qu’elles vont passer chez elles <strong>au</strong> Sénégal 9 .<br />

Par contre, les commerçants de la « nouvelle génération », arrivés <strong>au</strong><br />

Sénégal à partir des années 1950 10 , se sont montrés moins disposés que les<br />

« anciens » à s’intégrer dans le pays d’accueil. <strong>Un</strong> indice de ce désintérêt<br />

à se mélanger avec la nouvelle société a été la chute de mariages mixtes.<br />

<strong>Les</strong> préférences de ces commerçants allaient <strong>au</strong>x <strong>Maroc</strong>aines (souvent des<br />

cousines), soit pour garder et renforcer le lien avec la famille <strong>au</strong> pays, soit<br />

pour reproduire pour soi et les enfants une ambiance et des traditions<br />

« marocaines ». La mobilité de ces commerçantes et de leurs familles vers<br />

le <strong>Maroc</strong> est be<strong>au</strong>coup plus intense qu’<strong>au</strong>x générations précédentes, ce qui<br />

a entraîné la constitution de rése<strong>au</strong>x plus complexes et élargis à des<br />

échanges plus denses. Cette commun<strong>au</strong>té constitue un point de départ pour<br />

des femmes <strong>sénégalaises</strong>. Quand ils partent <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, pour de longues<br />

périodes, ils amènent avec eux leurs « bonnes ». Si quelqu’un dans la<br />

famille ou dans le cercle d’amis <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> exprime la volonté d’avoir une<br />

femme de ménage, ils s’en occupent. Du moment que la plupart des<br />

membres de cette commun<strong>au</strong>té a des « bonnes » à la maison, c’est très<br />

facile pour eux d’en trouver une qui veut partir, activant le rése<strong>au</strong> familial<br />

de la femme <strong>au</strong> service. Comme en témoigne une domestique <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>,<br />

en expliquant le rése<strong>au</strong> activé pour son départ :<br />

« Sa belle-sœur <strong>travail</strong>lait avec des <strong>Maroc</strong>ains <strong>au</strong> Sénégal. Ma belle-sœur, qui<br />

<strong>travail</strong>le avec elle, m’a mise en contact avec un voisin, lui <strong>au</strong>ssi est marocain. Il<br />

connaissait des <strong>Maroc</strong>ains <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> qui voulaient quelqu’un de bien pour <strong>travail</strong>ler<br />

à la maison. Il a demandé à ma belle-sœur et elle lui a dit qu’elle connaissait<br />

quelqu’un » (Fatou).<br />

La crise économique a déclenché par ailleurs une mobilité en sens<br />

inverse : avec la fermeture des frontières européennes, des <strong>Maroc</strong>ains ont<br />

vu dans le Sénégal une alternative à l’Europe, encouragés par ce qu’ils<br />

voyaient de la réussite économique des commerçants arrivés <strong>au</strong>paravant.<br />

Ces candidats à la migration ignoraient tout des réalités du marché du<br />

<strong>travail</strong> <strong>au</strong> Sénégal, pays sans industrie où il est impossible de <strong>travail</strong>ler dans<br />

le commerce si l’on n’a pas de liens de parenté ou d’amitié avec des<br />

commerçants installés. Certains ont profité de la nouvelle route, construite<br />

en 2006, reliant Rosso (à la frontière <strong>entre</strong> le <strong>Maroc</strong> et la M<strong>au</strong>ritanie) à<br />

Nouadhibou-Nouakchott, pour se lancer dans le transport de marchandises<br />

9. http://www.bladi.net/forum/128239-<strong>domestiques</strong>-<strong>sénégalaises</strong>-nouvelle-mode-bourgeoisie-marocaine/<br />

10. Abou El Farah, 1997, p. 86.

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