Affiche rouge (cours)
Affiche rouge (cours) Affiche rouge (cours)
Histoire des arts : une affiche de propagande : « l’Affiche rouge » (février 1944) « Légendes » figurant sous les médaillons (l’orthographe a été corrigée) : Grzywacz, juif polonais, 2 attentats, Elek, juif hongrois, 8 déraillements, Wajsbrot, juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements, Witchitz, juif polonais, 15 attentats; Fingercwajg, juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements; Boczow, juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats; Fontanot, communiste italien, 12 attentats; Alfonso, Espagnol rouge, 7 attentats; Rayman, juif polonais, 13 attentats; Manouchian. Arménien, chef de la bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés.
- Page 2 and 3: I) Présentation : Il s’agit d’
Histoire des arts : une affiche de propagande :<br />
« l’<strong>Affiche</strong> <strong>rouge</strong> » (février 1944)<br />
« Légendes » figurant sous les médaillons (l’orthographe a été corrigée) :<br />
Grzywacz, juif polonais, 2 attentats,<br />
Elek, juif hongrois, 8 déraillements,<br />
Wajsbrot, juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements,<br />
Witchitz, juif polonais, 15 attentats;<br />
Fingercwajg, juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements;<br />
Boczow, juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats;<br />
Fontanot, communiste italien, 12 attentats;<br />
Alfonso, Espagnol <strong>rouge</strong>, 7 attentats;<br />
Rayman, juif polonais, 13 attentats;<br />
Manouchian. Arménien, chef de la bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés.
I) Présentation :<br />
Il s’agit d’une affiche de propagande qui fut placardée en février 1944 dans plusieurs<br />
grandes villes françaises, dont Paris.<br />
A cette date, le territoire français est encore sous la domination nazie : cette affiche a<br />
été commandée par la police allemande (ou peut-être par la police française dans le<br />
cadre de la collaboration), après le démantèlement du « groupe Manouchian » en<br />
novembre 1943.<br />
Le 21 février 1944, 23 membres d’un groupe de FTP-MOI (Francs-tireurs partisans<br />
main d’œuvre immigrée), résistants communistes accusés d’être des « terroristes »,<br />
furent exécutés au mont Valérien (à Suresnes). Leur chef était un résistant d’origine<br />
arménienne, Missak Manouchian (36 ans), communiste.<br />
Le réseau des FTP-MOI de la région parisienne (une trentaine de combattants et une<br />
quarantaine de militants), dirigé par Missak Manouchian à partir d’août 1942, était<br />
constitué de résistants communistes, majoritairement étrangers, des espagnols<br />
rescapés de Franco, des Italiens résistant au fascisme, des Arméniens, des Juifs<br />
d’Europe de l’Est. De juin 1942 à novembre 1943, les FTP-MOI ont commis 229<br />
actions contre les Allemands, dont l'assassinat, le 28 septembre 1943, du général SS<br />
Julius Ritter, qui supervise le Service du Travail Obligatoire (STO). Un détachement<br />
était spécialisé dans les déraillements. Il y avait aussi des services de<br />
renseignement, de liaison et de soins médicaux.<br />
Trahi, Manouchian fut arrêté par la police française avec plusieurs de ses amis le 16<br />
novembre 1943, à Évry Petit-Bourg, sur les berges de la Seine. Le réseau des FTP-<br />
MOI est alors démantelé.<br />
Les historiens s’interrogent encore pour savoir si l’affiche fut placardée avant ou<br />
après leur exécution.<br />
II) Description :<br />
De quoi est constituée cette affiche ? Comment les divers éléments qui la composent<br />
sont-ils disposés ?<br />
L’affiche est un montage de photos et de textes évocateurs.<br />
Quelles sont les couleurs dominantes ?<br />
Le <strong>rouge</strong> (qui évoque le sang, mais aussi le communisme, cible de la propagande<br />
des Allemands et de Vichy) et le noir (qui évoque la mort) donnent une connotation<br />
morbide à cette affiche.<br />
Les photos de 10 membres du groupe Manouchian sont disposées en triangle,<br />
pointe en bas ; elles forment une flèche qui suggère que ce qui est dans la partie<br />
supérieure de l’affiche a pour conséquence ce qui se trouve dans la partie inférieure.<br />
Ces photos, en médaillons, sont les portraits des « terroristes » qui ont des mines<br />
défaites, sinistres, cheveux en bataille de certains, de nature à effrayer, mais en<br />
réalité ils sont marqués par l’épuisement et les tortures ;<br />
Les légendes des portraits mentionnent le nom (pas de prénom pour refuser l’aspect<br />
affectif) ; la nationalité (ce sont des étrangers), 7 d’entre eux sont juifs, pour 2 d’entre<br />
eux on mentionne que ce sont des communistes (Espagnol « <strong>rouge</strong> », communiste<br />
italien) ; on fait la liste des faits dont ils sont coupables (attentats, déraillements).
Un sort particulier est réserve à Manouchian « chef de bande » (comme un vulgaire<br />
criminel) qui est le seul pour lequel on donne le nombre de morts et de blessés (150<br />
morts, 600 blessés).<br />
En dessous de la pointe du triangle, 6 clichés d’actes « terroristes » (déraillements<br />
de train, corps criblé de balles, saisie d’armes…)<br />
Le texte défend la thèse des auteurs de l’affiche : phrase nominale (sans verbe)<br />
interrogative dans la partie supérieure ; phrase nominale exclamative dans la partie<br />
inférieure. Réponse ironique à la question posée en haut : eux, des libérateurs ? non,<br />
des criminels !<br />
III) Interprétation :<br />
Le but de cette affiche de propagande est de montrer que ces hommes sont des<br />
« terroristes », non pas des libérateurs ; ils oeuvrent pour le désordre et la mort, face<br />
à l’ordre établi par l’armée allemande. Il s’agit d’essayer de discréditer la Résistance.<br />
Pour persuader les Français, on met bien en évidence que ce sont des étrangers,<br />
des juifs pour la plupart, des communistes : 3 raisons de soupçonner qu’ils sont<br />
dangereux, selon la propagande allemande ! On veut les opposer aux « vrais »<br />
Français !<br />
Il s’agit aussi de dissuader d’autres hommes et femmes d’entrer dans la Résistance,<br />
qui fait subir d’énormes pertes aux Allemands et désorganise l’occupation du<br />
territoire.