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É<strong>CORCES</strong> (création)<br />
8 > 28 MARS 2010<br />
Texte Jérôme Richer<br />
Mise en scène Éric Devanthéry<br />
Assistanat Ludovic Payet<br />
Scénographie Gilbert Maire<br />
Lumière Bernard Colomb<br />
Costumes Valentine Savary<br />
Jeu<br />
<strong>Le</strong> chœur<br />
Production <strong>Le</strong> <strong>Poche</strong> Genève<br />
Olivia Csiky Trnka<br />
Valérie Liengme<br />
Matthieu Sesseli<br />
Jean-Louis Bolay<br />
Natacha de Santignac<br />
Jonathan Durandin<br />
Nathalie Garbely<br />
Rosangela Gramoni<br />
Chloé Peytermann<br />
Aurélien Riondel<br />
Julien Rivolier<br />
Fabienne Silva<br />
Patricia Steiner<br />
Dany Walker
8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
FICHE D’IDENTITÉ DE L’ŒUVRE<br />
Genre : théâtre<br />
Auteur : Jérôme Richer, 2007<br />
É<strong>CORCES</strong><br />
Objets d’étude : La dictature<br />
La surveillance et l’atteinte à la liberté<br />
La manipulation médiatique<br />
La résistance<br />
<strong>Le</strong> noyau familial<br />
Références : 1984, George Orwell<br />
Brazil, Terry Gilliam<br />
Registre : drame des temps modernes<br />
Structure : séparation en 21 séquences<br />
Forme : dialogues et monologues<br />
Sujet : Écorces met en scène deux sœurs qui cherchent un dernier<br />
espace de liberté dans un monde de plus en plus contrôlé. L’une<br />
fait partie d’un groupe révolutionnaire clandestin, l’autre<br />
travaille dans une administration. Entre les attaques terroristes<br />
et le diktat de la télévision, elles se cherchent, s’affrontent,<br />
se déchirent et s’épaulent tour à tour.<br />
Parallèlement à leur histoire, nous assistons également aux<br />
premiers combats d’un jeune soldat, découvrant l’effroi de la<br />
guerre. Nous ne savons pas où l’action se déroule, seulement<br />
qu’elle nous concerne.<br />
Création : Création mondiale en mars 2010 au <strong>Poche</strong> Genève<br />
Durée du spectacle : environ 2 heures<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
JÉRÔME RICHER<br />
auteur<br />
Né en 1974, Jérôme Richer reçoit le prix de la Société Suisse des Auteurs<br />
(SSA) en 2006 pour Naissance de la violence et en 2008 pour Écorces. Il<br />
écrit aussi La Ville et les ombres, créé à La Bâtie en août 2008. Sa pièce<br />
Jeunesse dorée est lue à l’occasion d’un Apéro d’auteur du <strong>Poche</strong>, en mai<br />
2005.<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
NI CONS NI HÉROS<br />
entretien avec Jérôme Richer, auteur, réalisé par Julien Lambert, juin 2009<br />
Pasolini, Fo, Bond : les auteurs que Jérôme Richer visite ont une<br />
dimension politique voire militante, qui se retrouve dans ses propres texes.<br />
Mais à trente-cinq ans, ce juriste devenu enfant de la balle sur le tard est<br />
loin d'être un ado. Non content d'écrire par engagement, il veut encore<br />
questionner dans ses pièces cette notion souvent galvaudée. Une œuvre<br />
âpre, brute voire brutale dans sa forme, Écorces dépasse ainsi le coup de<br />
poing sur la table. Et brouille les échelles de valeurs qui tendraient à<br />
séparer un soldat et une révolutionnaire, dont les évolutions parallèles ne<br />
se rencontrent pourtant jamais…<br />
Dans Écorces, la distribution des rôles semble assez claire : un système<br />
d'oppression représenté par la télévision ; un agent inconscient de ce<br />
système : le Soldat ; deux victimes, les sœurs, l'une qui subit, l'autre qui<br />
s'insurge…<br />
Je suis parti de quelque chose de très basique, puis aux moments<br />
cruciaux de leurs vies, les perceptions de ces personnages s'inversent.<br />
Cela correspond à ma méthode de travail. J'écris beaucoup et de manière<br />
très explicative dans un premier temps, puis il s'agit de rendre les choses<br />
moins évidentes, plus suggestives...<br />
<strong>Le</strong>s trajectoires s'équilibrent en effet : le soldat déserte, la révolutionnaire<br />
sombre dans l'abattement. La résultante n'en est pas moins<br />
unilatéralement négative…<br />
Je ne trouve pas. Deux personnages sur trois s'en sortent, parce qu'ils<br />
s'ouvrent à la vie en sortant de leurs schémas, opposés mais<br />
identiquement normés. <strong>Le</strong> soldat, par la lecture, découvre une autre<br />
réalité, comme la sœur résignée, qui devient contestataire. Sa fuite n'est<br />
pas un abandon, mais le choix valable de se reconstruire, une chance de<br />
recommencer. C'est elle, qui semblait d'abord plus passive, qui porte<br />
finalement sa sœur.<br />
Est-ce à dire que tu tends à relativiser la valeur des engagements ?<br />
Par le passé, j'ai été amené à fréquenter des militants d'extrême gauche<br />
qui m'ont souvent déçu. <strong>Le</strong>urs actes étaient en contradiction avec leurs<br />
discours. Comme dit Bond, c'est dans les situations critiques que nos<br />
choix nous définissent en tant qu'être humain. Je cherche donc toujours à<br />
exprimer le point de vue opposé au mien. Ce n'est pas en disant que tous<br />
les patrons sont des cons et les révolutionnaires des héros qu'on fait<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
avancer les choses. Il faut savoir combattre ses propres convictions : notre<br />
premier ennemi dans la société, c'est nous-même. On vient ainsi toujours<br />
voir un spectacle avec en tête une prélecture du sujet. J'aime la casser.<br />
<strong>Le</strong>s anciens habitants de Rhino sont venus voir ma pièce La Ville et les<br />
ombres sur l'évacuation de leur squat, en pensant me casser la gueule à<br />
la fin, ils sont souvent ressortis en larmes. <strong>Le</strong>s trois personnages<br />
d'Écorces sont trois versions de moi-même, trois façons différentes de<br />
réagir à la notion d'engagement.<br />
Pourquoi avoir choisi, pour traiter cette problématique personnelle, le<br />
contexte d'une dictature qui ne peut pas vraiment être comparée avec celui<br />
de la Suisse ?<br />
Avant d'écrire, je me suis beaucoup intéressé à la situation de la Russie,<br />
qui se dit démocratique et avec laquelle des États continuent de passer<br />
des accords. C'est un pays qui m'effraie réellement. Mais ça pourrait aussi<br />
bien se passer dans quelques années en France : on ne sait jamais<br />
comment peuvent évoluer les situations de nos pays. Je voulais donc<br />
m'ancrer dans une réalité suffisamment large, indéfinie.<br />
Tu crées ainsi une sorte d'allégorie universelle de l'oppression…<br />
C'est pour cela que je ne mets pas les deux sœurs en situation d'action,<br />
mais dans leur appartement, un contexte familier entre deux phases de<br />
vécu. Dans leurs rapports quotidiens, les échanges sur la nourriture ou<br />
leurs problèmes de travail, chacun pourra trouver son compte. Nous<br />
sommes tous amenés à travailler pour des entreprises, sans nous douter<br />
forcément de l'implication que cela représente. <strong>Le</strong>s vis produites par<br />
l'usine de décolletage où je travaillais adolescent pouvaient servir à<br />
l'industrie militaire. Pour gagner un peu d'argent, j'ai peut-être participé à<br />
faire les avions qui ont bombardé l'ex-Yougoslavie…<br />
Cette décontextualisation passe par une certaine âpreté de forme, une<br />
ponctuation neutre. Éviter le style pour ne pas boursoufler le texte<br />
d'émotions ?<br />
Beaucoup de pièces nous interrogent concrètement sur le monde, mais<br />
leur langage nuit à ce qu'on cherche à faire entendre. <strong>Le</strong>s envolées<br />
lyriques cassent même l'émotion que je pourrais ressentir. Je trouve plus<br />
intéressant de travailler sur l'économie des mots pour obtenir un<br />
maximum d'effets. Je travaille pourtant beaucoup à l'oreille, non sur de<br />
grandes phrases, mais sur la musicalité et l'enchaînement de chaque<br />
syllabe. <strong>Le</strong>s silences sont aussi extrêmement importants. Je ne les<br />
indique pas, mais ces interstices doivent exister dans le jeu. Ces moments<br />
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de déblocage laissent aussi place à un humour qui n'apparaît pas en<br />
positif dans le texte.<br />
Tu as souvent mis en scène tes propres pièces. Est-ce un choix délibéré ?<br />
J'ai mis du temps à acquérir une certaine maturité. J'ai longtemps été une<br />
sorte de tâcheron en matière d'écriture. Mais je ne vis pas dans l'angoisse<br />
d'être joué. C'est le hasard qui m'a fait monter mes textes, et j'ai aimé les<br />
voir continuer à bouger lors du travail avec les comédiens :<br />
inconsciemment, mon écriture est devenue plus en phase avec la réalité<br />
du plateau. Jouer moi-même me permet aussi de savoir ce qui se passe à<br />
l'intérieur d'un acteur, comment il est travaillé par l'écriture.<br />
La mise en scène d'Éric Devanthéry a-t-elle des chances de te surprendre ?<br />
Je l'espère ! J'ai écrit Écorces sans penser à une quelconque mise en<br />
scène. J'ai confiance en la lecture d'Éric, et c'est beau aussi de livrer un<br />
texte à quelqu'un, de lui dire « j'ai porté cet enfant, à toi de le faire aller<br />
plus loin ». On a évidemment toujours peur de voir sa pensée trahie. Éric<br />
peut le faire, peu importe, c'est à lui désormais.<br />
Ton profil d'universitaire, licencié en droit, est plutôt atypique dans le<br />
milieu du théâtre ?<br />
Contrairement à beaucoup, je ne suis pas tombé dedans quand j'étais<br />
petit. J'ai commencé par hasard, à vingt ans. Jusque-là le théâtre se<br />
résumait pour moi à un ou deux Molière mal montés par des troupes de<br />
province. Je suis allé à l'université avec la volonté d'être avocat, de<br />
défendre la veuve et l'orphelin, et puis je me suis aperçu que les autres<br />
étudiants vivaient dans une toute autre réalité. En deuxième année de droit,<br />
je me suis inscrit aux cours de théâtre…<br />
Cette expérience influence-t-elle ton écriture ?<br />
Dans un milieu comme le théâtre où les emplois du temps fluctuent, où<br />
l'on est exposé aux doutes, au chômage, mes études m'ont donné une<br />
rigueur, une structure rassurantes. Mes écrits de théâtre documentaire<br />
comme La Ville et les ombres comprennent un vrai travail de chercheur,<br />
six mois de lectures et de synthèses pour s'appuyer sur des faits et des<br />
propos parfaitement exacts. C'est aussi comme ça qu'on fait entendre<br />
différentes voix. Je prépare pour l'an prochain à Saint-Gervais un texte sur<br />
la construction identitaire de la Suisse par ses banques, qui nécessite<br />
aussi un grand travail en amont.<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
Théâtre politique, documentaire : tu t'es fait une spécialité que d'autres<br />
visitent épisodiquement. Surprends-nous en nommant tes amours<br />
secrètes…<br />
<strong>Le</strong>s catégories ne m'intéressent pas. J'écris ce type de théâtre parce que je<br />
ne sais pas faire autre chose, mais je vais voir une trentaine de spectacles<br />
par saison et suis très curieux d'univers étrangers comme ceux<br />
d'Antoinette Rychner ou de Joël Pommerat. Je suis toujours impressionné<br />
par la force et l'intemporalité de Sophocle, la vivacité de la langue de<br />
Sénèque dans les traductions de Florence Dupont, la mécanique des<br />
pièces de Marivaux. Plus « surprenant » encore, je trouve Feydeau<br />
extraordinaire, j'aimerais le monter un jour.<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
ÉRIC DEVANTHÉRY<br />
metteur en scène<br />
Éric Devanthéry a la trentaine bouillonante. L’ancien assistant de Thomas<br />
Ostermeier à Berlin enseigne le théâtre aux étudiants de l’Université à<br />
Genève et enchaîne les créations audacieuses : Anéantis de Sarah Kane,<br />
Fragments Empédocle d’après Friedrich Hölderlin, Supermarché de<br />
Biljana Srbljanovic et, plus récemment, L’Inattendu de Fabrice Melquiot au<br />
Théâtre du Galpon, un spectacle émouvant interprété par Rachel Gordy.<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
QUELQUES MOTS SUR LE CHŒUR<br />
ou chaque chœur recrée un monde<br />
Éric Devanthéry, metteur en scène, juillet 2009<br />
Sans refaire ici l'histoire du théâtre, il suffira de préciser que le chœur - la<br />
cité des hommes - traverse les siècles, pour venir, sans cesse, depuis les<br />
premières tragédies, poser encore et encore des questions. Depuis<br />
l'Orestie, avec son leitmotiv scandé : agir, souffrir, apprendre... ou plus<br />
proche de nous les chœurs de certaines pièces de Brecht : apprendre,<br />
comprendre, faire... ou encore un chœur contemporain, chez Roland<br />
Schimmelpfennig : poser des questions, esquisser des réponses.<br />
Je convoquerai donc la tradition avec cette parole plurielle. Je veux que le<br />
chœur soit tout à la fois : voix du pouvoir, rumeurs et vox populi, voix de la<br />
majorité souvent silencieuse (mais qui pense évidemment).<br />
Et nous interrogerons ensemble, vocalement, corporellement, la question<br />
à l'œuvre dans Écorces de Jérôme Richer, la question de l'engagement. La<br />
question du "que faire de sa vie" ? Comment être un individu responsable<br />
parmi une multitude ?<br />
J'attends des choreutes une grande attention collective, une envie de<br />
mettre son individualité au service d'une histoire collective. Une capacité à<br />
laisser son ego de côté, sans l'oblitérer totalement, car un chœur n'est pas<br />
uniquement la somme de ses individualités, de ses personnalités, mais il<br />
crée quelque chose de supérieur. Il crée un monde.<br />
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ÉTAPE DE RECHERCHE<br />
croquis réalisés par Valentine Savary, costumière<br />
le soldat<br />
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F2 & F1 (les deux sœurs)<br />
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8 > 28 MARS 2010 É<strong>CORCES</strong><br />
L’ÉQUIPE DU SPECTACLE<br />
Olivia Csiky Trnka<br />
rôle de F2<br />
Valérie Liengme<br />
rôle de F1<br />
Matthieu Sesseli<br />
rôle du soldat<br />
Formation<br />
La Manufacture, Haute École de Théâtre de Suisse Romande (HETSR) et<br />
l’Université de Lausanne en <strong>Le</strong>ttres.<br />
Projet marquant<br />
Titus Andronicus Fall of Rome de Heiner Müller, mis en scène par<br />
Gabriel Alvarez au Théâtre du Grütli. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait de<br />
faire autre chose que ce que l’on en attendait...Il s’agissait de me faire<br />
déplacer !<br />
Dernier spectacle<br />
Mais je suis un ange qu’elle interprète et met en scène en version<br />
abrégée à L’Arsenic à Lausanne puis dans son intégralité au Théâtre<br />
Interface à Sion et au Théâtre de la Voirie à Pully.<br />
Formation<br />
Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne (SPAD).<br />
Projet marquant<br />
À ma personnagité d’après les écrits bruts avec la Cie Pasquier-Rossier<br />
à l’Arsenic et en tournée suisse.<br />
Dernier spectacle<br />
<strong>Le</strong>s chevaliers Jedi ont-ils un bouton sur le nez au Théâtre Am Stram<br />
Gram dans une mise en scène d’Anne-Cécile Moser.<br />
Formation<br />
Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne (SPAD).<br />
Projet marquant<br />
Macadam Cyrano, un spectacle de rue avec <strong>Le</strong>s Batteurs de Pavés.<br />
Dernier spectacle<br />
Sallinger de Bernard-Marie Koltès par la Cie Opal, mis en scène par<br />
Erika von Rosen aux Halles de Sierre.<br />
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