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Bernard Bavaud, ancien prêtre, marié et père de - Apic

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L’Encyclique Humanae Vitae a 40 ans<br />

Déception <strong>et</strong> frustration, selon <strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong><br />

Fribourg, 19 mai 2008 (<strong>Apic</strong>) A l’occasion du 40 ème anniversaire <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong><br />

l’encyclique Humanae Vitae <strong>de</strong> Paul VI, l’agence <strong>Apic</strong> a questionné plusieurs<br />

personnalités du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Eglise pour leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r leur avis sur ce texte très<br />

controversé. C’est <strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong>, <strong>ancien</strong> <strong>prêtre</strong>, <strong>marié</strong> <strong>et</strong> <strong>père</strong> <strong>de</strong> quatre enfants,<br />

engagé dans les mouvements sociaux <strong>et</strong> d’entrai<strong>de</strong>, <strong>ancien</strong> aumônier <strong>de</strong> l’Hôpital<br />

cantonal à Fribourg, qui répond aujourd’hui aux questions <strong>de</strong> l’<strong>Apic</strong>.<br />

<strong>Apic</strong>: Depuis sa parution, il y a quarante ans, l’Encyclique Humanae Vitae a fait couler<br />

beaucoup d’encre <strong>et</strong> a été l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses critiques. Quels sont selon vous les aspects<br />

positifs d’Humanae Vitae?<br />

<strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong>: Au moment <strong>de</strong> la parution d’"Humanae Vitae", ce fut pour beaucoup <strong>de</strong><br />

catholiques pratiquants, <strong>de</strong> <strong>prêtre</strong>s, voire d’évêques, une gran<strong>de</strong> déception <strong>et</strong> frustration que<br />

la prise <strong>de</strong> position officielle <strong>de</strong> Paul VI sur c<strong>et</strong>te question controversée. Ce statu quo sur c<strong>et</strong>te<br />

question morale fut considéré comme une occasion manquée pour l’Eglise catholique romaine<br />

<strong>de</strong> s’ouvrir non seulement à la mo<strong>de</strong>rnité, mais à une saine théologie sur la question. La<br />

contraception telle que prêchée officiellement est à l’origine pour l’Eglise d’une gran<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

déplorable bra<strong>de</strong>rie <strong>de</strong>s corps. Il paraît difficile d’adm<strong>et</strong>tre l’opinion du successeur <strong>de</strong> Paul VI,<br />

Jean Paul II, lorsqu’il affirme: "Quand, par la contraception, <strong>de</strong>s époux soustraient à l’exercice<br />

<strong>de</strong> la sexualité conjugale sa potentialité procréatrice, ils s’attribuent un pouvoir qui appartient<br />

seulement à Dieu:le pouvoir <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r en <strong>de</strong>rnière instance la venue au mon<strong>de</strong> d’une<br />

personne humaine. Ils s’attribuent la qualité d’être, non plus les instruments <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong><br />

Dieu, mais les dépositaires ultimes <strong>de</strong> la source <strong>de</strong> la vie humaine."<br />

Outre l’inacceptable distinction entre moyens légitimes <strong>de</strong> contraception (métho<strong>de</strong> Ogino)<br />

<strong>et</strong> moyens artificiels (pilule, préservatif, <strong>et</strong>c.), <strong>et</strong> donc illégitimes, c’est ne pas respecter la<br />

parole du Créateur qui dit, dans la Genèse, qu’il appartient à l’homme <strong>et</strong> à la femme <strong>de</strong><br />

soum<strong>et</strong>tre la terre <strong>et</strong> la création. L’homme <strong>et</strong> la femme peuvent-ils contrôler les naissances?<br />

Oui, <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout temps, avec d’autres moyens, ils ont agi ainsi. C’est inévitable <strong>et</strong> c’est même<br />

une chance. C’est un gage d’une sexualité libre <strong>et</strong> épanouie. Ne nous leurrons pas, nos<br />

organes génitaux ne servent pas uniquement à notre reproduction. Avec la contraception, <strong>de</strong>s<br />

millions <strong>de</strong> femmes n’ont plus à craindre les mauvaises surprises <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> mois, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ce fait<br />

n’on plus à assumer une maternité "surprise", dont l’enfant non désiré est la principale victime.<br />

L’amour en sort grandi.<br />

Pour répondre à votre première question, je ne vois pas d’aspects positifs à "Humanae<br />

Vitae", puisque beaucoup <strong>de</strong> catholiques espéraient une autre réponse. Quant à nos relations<br />

avec nos frères <strong>et</strong> soeurs protestants, c<strong>et</strong>te réponse n’a pas accru le rapprochement<br />

oecuménique. Et quand on prêche, en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion du sida en Afrique, l’abstinence<br />

tout en diabolisant le préservatif, cela <strong>de</strong>vient criminel.<br />

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<strong>Apic</strong> série: Humanae Vitae 2<br />

Heureusement, beaucoup <strong>de</strong> catholiques ont suivi leur conscience sur ce point précis <strong>de</strong><br />

morale conjugale. Ils ont dit joyeusement non à Rome. Beaucoup <strong>de</strong> <strong>prêtre</strong>s n’ont pas<br />

condamné ces "pécheurs" qui ne se sentaient nullement coupables.<br />

<strong>Apic</strong>: A l’ère du sida, <strong>de</strong>s couples infertiles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine dans le domaine <strong>de</strong><br />

la procréation assistée, la question <strong>de</strong> l’éthique sexuelle se pose autrement qu’il y a quarante<br />

ans. L’Eglise doit-elle revoir ses positions à ce suj<strong>et</strong>?<br />

<strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong>: Bien sûr! C’est ce que j’affirme dans la première question, cela va <strong>de</strong> soi.<br />

<strong>Apic</strong>: Le mon<strong>de</strong> actuel est-il capable <strong>de</strong> vivre selon les prescriptions d’Humanae Vitae?<br />

<strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong>: Il y a <strong>de</strong>s croyants catholiques qui se croient obligés <strong>de</strong> vivre selon les<br />

prescriptions <strong>de</strong> Rome, car ils veulent être totalement fidèles au magistère, aussi dans ce<br />

domaine. Je respecte leur manière <strong>de</strong> voir, mais ils se privent, à mon sens, d’une liberté<br />

évangélique qui les libérerait dans leur corps <strong>et</strong> dans leur manière <strong>de</strong> croire. D’où la<br />

responsabilité <strong>de</strong> Rome <strong>et</strong> du magistère dans le maintien <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te doctrine incompréhensible<br />

pour les non catholiques, mais encore pour une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s catholiques pratiquants.<br />

D’ailleurs, l’Eglise catholique romaine est mal à l’aise, <strong>de</strong>puis longtemps, sur la sexualité.<br />

Je suis <strong>prêtre</strong> <strong>marié</strong>. Totalement en faveur <strong>de</strong> l’abolition <strong>de</strong> la loi du célibat presbytéral<br />

obligatoire. L’ordination d’hommes <strong>marié</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> femmes <strong>marié</strong>es est une exigence que<br />

toujours plus <strong>de</strong> catholiques souhaitent. Rome, hélas, là encore bloque, voire veut éviter la<br />

discussion sur ce suj<strong>et</strong>. L’ordination d’hommes <strong>marié</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> femmes <strong>marié</strong>es enrichirait le<br />

sacerdoce catholique. Ce qui n’empêcherait pas que certains <strong>et</strong> certaines (religieuses) restent<br />

célibataires. Le célibat est aussi un témoignage, s’il est bien vécu. Mais je ne crois pas que le<br />

célibat consacré soit supérieur au mariage. Ce n’est pas l’état <strong>de</strong> vie qui compte, mais l’amour<br />

du Christ <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres pratiqué soit dans le célibat, soit dans le mariage. Nous serons tous<br />

jugés sur notre <strong>de</strong>gré d’amour <strong>et</strong> non sur notre état <strong>de</strong> vie!<br />

<strong>Apic</strong>: L’image <strong>de</strong> la femme donnée dans l’Encyclique se heurte à l’incompréhension <strong>de</strong><br />

beaucoup <strong>de</strong> personnes. On peut y voir une certaine idée <strong>de</strong> la soumission <strong>de</strong> la femme à<br />

l’homme: " que chacun aime son épouse comme lui-même <strong>et</strong> que l’épouse respecte son mari<br />

(37) ". Pour beaucoup, les femmes sont les principales victimes <strong>de</strong> l’encyclique. Partagezvous<br />

c<strong>et</strong>te analyse?<br />

<strong>Bernard</strong> <strong>Bavaud</strong>: Il va <strong>de</strong> soi que tant que le pouvoir hiérarchique dans l’Eglise sera réservé<br />

aux personnes <strong>de</strong> sexe masculin <strong>et</strong> tant qu’on empêchera les femmes d’accé<strong>de</strong>r au<br />

sacerdoce presbytéral <strong>et</strong> qu’on empêchera, sous <strong>de</strong> faux arguments théologiques, aux<br />

hommes <strong>marié</strong>s <strong>et</strong> aux femmes <strong>marié</strong>es d’accé<strong>de</strong>r à l’épiscopat, voire à la papauté, le<br />

reproche <strong>de</strong> machisme dans l’Eglise catholique romaine subsistera nécessairement. Pour<br />

répondre à votre <strong>de</strong>rnière question, il va <strong>de</strong> soi que les femmes sont les principales victimes<br />

<strong>de</strong> l’encyclique "Humanae Vitae". Il faudrait développer <strong>et</strong> reprendre la manière dont la<br />

tradition catholique parle <strong>de</strong> la femme <strong>et</strong> surtout la maintient, en fait, sous la domination <strong>de</strong><br />

l’homme. Il y a <strong>de</strong>s traditions, même ancestrales <strong>et</strong> séculaires, qui ne font pas le poids <strong>de</strong>vant<br />

l’Evangile. Sur ce point, les protestants ont fait le pas décisif avant nous, même s’ils peuvent<br />

encore progresser. (apic/js)

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