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ÀL’AFFICHE<br />

MON COUP DE CŒUR Par Vinc<strong>en</strong>t Perrot<br />

CINEMA<br />

Hitch le voyeur !<br />

Toutes les œuvres d’Hitchcock n’ont pas subi les épreuves du<br />

temps avec le même bonheur. Mais parmi les incontournables<br />

tels Le Crime était presque parfait, Sueurs froides, Psychose ou<br />

La Mort aux trousses, F<strong>en</strong>être sur cour est le film que Sir Alfred a<br />

pris un plaisir spécial à tourner et qui demeure un must pour les<br />

aficionados du maître.<br />

Une cour d’immeuble. La caméra glisse vers le visage assoupi et<br />

<strong>en</strong> sueur de James Stewart, puis caresse le plâtre qui ti<strong>en</strong>t sa<br />

jambe prisonnière. Ce l<strong>en</strong>t mouvem<strong>en</strong>t de caméra nous fait<br />

découvrir <strong>en</strong>suite un appareil photo, des magazines et sur le mur,<br />

les photos d’un spectaculaire accid<strong>en</strong>t. En une minute et sans le<br />

moindre dialogue, la base de l’intrigue est plantée : un photographe<br />

de presse est immobilisé chez lui <strong>en</strong> pleine canicule.<br />

Moins lisse que dans beaucoup de ses films de l’époque, Stewart<br />

incarne le voyeur qui va tuer le temps <strong>en</strong> matant le comportem<strong>en</strong>t<br />

de ses voisins d’<strong>en</strong> face. Déformation professionnelle ? “Vous<br />

avez l’homme immobile qui regarde au dehors, explique Hitch.<br />

C’est un premier morceau de film. Le deuxième fait apparaître ce<br />

qu’il voit et le troisième montre sa réaction. J’avais là la possibilité<br />

de faire un film purem<strong>en</strong>t cinématographique”. Un décor géant,<br />

long de 56 mètres sur<br />

12 de hauteur est<br />

construit et r<strong>en</strong>ferme<br />

31 appartem<strong>en</strong>ts, permettant<br />

le tour de force<br />

de voir tous les acteurs<br />

jouer simultaném<strong>en</strong>t ou<br />

séparém<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> fonction<br />

des plans choisis<br />

par le réalisateur.<br />

Puis la déesse Grace<br />

Kelly <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> piste,<br />

espérant par le mariage<br />

dompter son turbul<strong>en</strong>t<br />

photographe. Celui-ci<br />

fait la sourde oreille<br />

d’autant que de sa<br />

f<strong>en</strong>être, il est quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t<br />

témoin de tous les problèmes liés à l’amour et au<br />

mariage ! Une vieille fille désespérée, un jeune marié déjà fatigué<br />

de l’appétit sexuel de son épouse, un couple sans <strong>en</strong>fant<br />

reportant son affection sur leur chi<strong>en</strong>, une jeune danseuse très<br />

excitante et uncouple d’âge mûr aux viol<strong>en</strong>tes disputes… dont<br />

la femme disparaît mystérieusem<strong>en</strong>t de l’appartem<strong>en</strong>t. Notre<br />

ami a l’intime conviction que le voisin d’<strong>en</strong> face a tué son<br />

épouse. Comm<strong>en</strong>ce alors une formidable <strong>en</strong>quête à rebondissem<strong>en</strong>ts,<br />

d’un côté à l’autre de la cour.<br />

Jusqu’au dernier rebondissem<strong>en</strong>t, tout est magistral dans Rear<br />

Window, mais même sous la torture, je ne livrerai pas ici le<br />

moindre indice, sous peine de subir les foudres du fantôme<br />

d’Hitch. Profitez plutôt de cette magnifique occasion de redécouvrir<br />

ce pur chef d’œuvre sur grand écran et de jouer les<br />

voyeurs <strong>en</strong> toute impunité !<br />

Sortie <strong>en</strong> copies neuves le 22 octobre.<br />

Salles et infos : www.carlottafilms.com<br />

L<br />

e 26 octobre 2006,<br />

Augustin Legrand<br />

et Pascal Oumaklouf,<br />

de simples citoy<strong>en</strong>s,<br />

décid<strong>en</strong>t de vivre<br />

dans la rue, au plus proche des<br />

sans-abri afin de les fédérer et de<br />

les am<strong>en</strong>er à exiger le respect de<br />

leurs droits fondam<strong>en</strong>taux.<br />

Véritable camp retranché,<br />

le Canal Saint-Martin fut p<strong>en</strong>dant<br />

plusieurs mois le lieu d'une<br />

nouvelle résistance.<br />

Voici l'histoire de leur combat<br />

dont ce film est un prolongem<strong>en</strong>t,<br />

une arme et un outil.<br />

PHOTO :OLIVIER D’HONDT<br />

ENFANTS DE DON QUICHOTTE (ACTE I) - SORTIE LE 22 OCTOBRE<br />

La misère, mode d’emploi<br />

Des hommes et des femmes à la rue, <strong>en</strong> France, au 21ème siècle<br />

et qui ne sont pas banquiers. Vous y croyez, vous ? ✒ Olivier BEDDOE<br />

Augustin Legrand<br />

L’amitié, ça compte…<br />

Avec la sortie du DVD Des soucis et des potes, vous saurez<br />

<strong>en</strong>fin ce qui préoccupe les hommes d’aujourd’hui <strong>en</strong> suivant<br />

les péripéties de Yvan qui vi<strong>en</strong>t de se faire virer par sa<br />

femme et se retrouve dans sa chambre d’ado, chez sa mère.<br />

Comme un souci n’arrive jamais seul, ses deux meilleurs<br />

potes sont là pour l’épauler et le sout<strong>en</strong>ir… et surtout lui<br />

faire rater son divorce. Universal Pictures Vidéo<br />

La misère, c’est quoi ?<br />

C’est déjà, bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong><br />

parler. Car si elle n’existait pas,<br />

on n’<strong>en</strong> parlerait pas ou alors<br />

dans les livres d’histoire ou dans<br />

les romans d’anticipation.<br />

C’est d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre tout le monde <strong>en</strong><br />

parler toujours à la même période,<br />

tel un marronnier, <strong>en</strong>tre novembre<br />

et février de chaque année.<br />

C’est d’<strong>en</strong> parler tous avec les<br />

mêmes mots, les mêmes vérités<br />

absolues, défonçant ainsi à coup<br />

de bélier de la non information des<br />

portes ouvertes : ainsi, depuis les<br />

t<strong>en</strong>tes rouges érigées sur le canal<br />

Saint Martin <strong>en</strong> décembre 2006,<br />

les promesses d’actions, le vote<br />

sur le droit opposable au logem<strong>en</strong>t,<br />

il y aura de nouveau des g<strong>en</strong>s dans<br />

la rue cet hiver, ce printemps, cet<br />

été, cet automne, peut-être même<br />

l’hiver prochain et les suivants.<br />

La porte ouverte du mom<strong>en</strong>t ce<br />

sont les 360 milliards d’euros que<br />

l’Etat emprunte pour sortir le<br />

système bancaire du chaos. Bi<strong>en</strong><br />

sûr, on nous parle de bénéfices<br />

provid<strong>en</strong>tiels à terme, bi<strong>en</strong> sûr tout<br />

ça a un s<strong>en</strong>s qui va au-delà du<br />

Appelez-moi Madame<br />

Àl’occasion de la sortie DVD du film Appelez-moi Madame,<br />

le 17 novembre, Alibi productions vous invite au Ciné-<br />

Romand de Françoise Romand le dimanche 26 octobre de<br />

18h à 23h. Un happ<strong>en</strong>ing <strong>en</strong> appartem<strong>en</strong>ts autour de ses<br />

films, à la Bellevilloise et avec la complicité des voisins du<br />

quartier. Une installation ludique, <strong>en</strong>tre fiction et réalité...<br />

R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : www.romand.org<br />

sauvetage du capitalisme. Il n’empêche<br />

que l’<strong>en</strong>semble du tableau<br />

n’est pas du meilleur goût. Que<br />

celui qui se s<strong>en</strong>t capable d’expliquer<br />

ça à un homme sous un carton<br />

lève le doigt.<br />

L’Abbé Pierre avait compris que<br />

dans le monde qui est le nôtre,<br />

les batailles se gagn<strong>en</strong>t à coup<br />

d’images, de symboles, de coups<br />

de gueule médiatiques. Contrairem<strong>en</strong>t<br />

à ce qui a été dit, Augustin<br />

Legrand n’est pas l’Abbé Pierre<br />

mais il a adopté la même stratégie<br />

et là où toutes les associations<br />

compét<strong>en</strong>tes n’arrivai<strong>en</strong>t pas à faire<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leurs voix, 100 t<strong>en</strong>tes<br />

rouges ont eu l’effet d’une bombe.<br />

Tout ça est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />

dramatique, pour ne pas dire…<br />

misérable. Les pouvoirs publics<br />

n’agirai<strong>en</strong>t qu’au pied du mur,<br />

quand l’omnisci<strong>en</strong>ce médiatique<br />

serait gavée d’images insupportables<br />

et rabâchées <strong>en</strong> boucle<br />

jusqu’à l’indigestion ? B<strong>en</strong>… oui.<br />

Ilafallu que Augustin Legrand<br />

plonge nu dans la Seine pour<br />

qu’on parle de son action. N’estce<br />

pas un peu n’importe quoi ?<br />

B<strong>en</strong>… si.<br />

MAIS ILS SONTOU...<br />

LES PARISIENS ?<br />

Dans ce contexte, les <strong>en</strong>fants de<br />

Don Quichotte, ne sont pas prêts<br />

à ranger leur ét<strong>en</strong>dard ni leur<br />

caméra. Il faut des images pour<br />

faire avancer les choses. Et bi<strong>en</strong><br />

soit. Aller voir leur film c’est une<br />

manière de financer leur association,<br />

donc leurs actions, donc l’<strong>en</strong>jeu<br />

médiatique de cette lutte. C’est<br />

vital car aujourd’hui c’est comme<br />

ça que ça marche.<br />

La misère, mode d’emploi.<br />

Un film de Ronan Dénécé,<br />

Augustin et Jean-Baptiste<br />

Legrand - Durée : 1h17<br />

PHOTO :OLIVIER D’HONDT

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