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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE NE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

pose à <strong>de</strong>ux jeunes princes, dont élit connaît <strong>la</strong><br />

vertu, d'assassiner leur mère. Comme il est impossible<br />

d'accor<strong>de</strong>r cette assertion avec le bon "sens,<br />

il faut beaucoup mieux abandonner une apologie<br />

insoutenable, et <strong>la</strong>isser à Goreeille le soin <strong>de</strong> se défendre<br />

lui-même, il s'y prend mieux que ses défenseurs<br />

: il a fait le cinquième acte. Souvenoos-<br />

1 sous donc une bonne fois, et pour toujours, que sa<br />

gloire n'est pas <strong>de</strong> n f a?oir point commis <strong>de</strong> fautes,<br />

mais d'avoir su les racheter : elle doit suffire à ce<br />

créateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène française.<br />

II prit <strong>de</strong>s Espagnols le sujet é'Mérûdim, comme<br />

celui <strong>du</strong> CM, aaalf en y faisant beaucoup plus <strong>de</strong><br />

changements, et empruntant moins dans les détails.<br />

Ces fers si connus,<br />

O maUMuieax Phocas ! ô trop hennux Hurlée!<br />

TU fetftMTM <strong>de</strong>ux Ait pour mourir après toi,<br />

ft je n'es puis trouver pour régner «près moi,<br />

sont en effet <strong>de</strong> Cal<strong>de</strong>rou; mais ce sont les seuls<br />

qu'il ait fournis à son imitateur. .L'intrigue d'ailleurs<br />

est fort différente : <strong>la</strong> fable <strong>de</strong> Fauteur espagnol<br />

est chargée 4'épiso<strong>de</strong>s; celle <strong>de</strong> Corneille est<br />

une. Il est frai que les ressorts sont d'une eomplication<br />

qui fa jusqu'à Fobseurité. C'est à propos<br />

é'tiérœiim que BoMeaû, dans son Art poéMqm,<br />

censure Fauteur,<br />

. . . Qui, débwull<strong>la</strong>nf mal tu pénible intrigue,<br />

D'an divertissement me fait une fatigue.<br />

Cen qui ont pris leur parti d'admirer tout dans<br />

un auteur illustre, ont préten<strong>du</strong>, malgré Boileau,<br />

que cette multiplicité <strong>de</strong> ressorts dont il est difficile<br />

<strong>de</strong> suif re le jeu prouve une très-gran<strong>de</strong> force <strong>de</strong> composition.<br />

Ce<strong>la</strong> peut être, je ne veux pas les démentir;<br />

mais je crois qu'il y en a davantage à pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>de</strong> grands effets s?ec <strong>de</strong>s moyens très-simples,<br />

comme dans les trois premiers actes <strong>de</strong>s Horacei.<br />

Cest là, ce me semble, <strong>la</strong> véritable force et le premier<br />

mérite d'une intrigue dramatique. La raison<br />

en est sensible, c'est que plus Fesprit est occupé,<br />

moins le cceur est ému. Le temps est précieux au<br />

théâtre : quand il en faut tant pour l'attention, il s'y<br />

en a pas assez pour F intérêt. Le spectateur n'est pas<br />

là pour <strong>de</strong>viner, mais pour sentir.<br />

Ce qu'on a blâmé principalement dans Héraclim,<br />

c'est 1° que, Fauteur représentant les <strong>de</strong>ux princes<br />

également vertueuï, également dignes <strong>du</strong> trône, il<br />

<strong>de</strong>vient assez indifférent que ce soit celui-ci ou celui-là<br />

qui soit Héraclius : il n'y a que Famour <strong>de</strong><br />

Pulcbérie pour l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux qui puisse y mettre<br />

quelque différence; mais cet amour est si peu <strong>de</strong><br />

chose dans <strong>la</strong> pièce, qu'il ne supplée pas au défaut<br />

d'un contraste entre les <strong>de</strong>ux princes, qui aurait<br />

pu marquer <strong>de</strong>s nuances entre le ils d'un tyran et<br />

49S<br />

celui d'un empereur vertueux, et amener, ce me<br />

semble, <strong>de</strong> nouvelles beautés.<br />

C'est <strong>du</strong> Ils d'un tyran que f ai fait ce héra,<br />

est un beau vers dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Léontine; mais<br />

<strong>de</strong>ux héros dans une pièce se nuisent un peu Fus à'<br />

l'autre, à moins qu'ils ne le soient d'une manière<br />

différente, comme, par exemple, César et BratuSé<br />

De plus, on aime assez ait théâtre que <strong>la</strong> nature<br />

l'emporte sur l'é<strong>du</strong>cation, quoique iana te fait ce<strong>la</strong><br />

ne soit pas toujours vrai.<br />

T Cette Léontine ; qui p<strong>la</strong>ît par sa fermeté et par<br />

<strong>la</strong> perplexité cruelle où elft jette Phocas lorsqu'elle<br />

dit ce beau fera <strong>de</strong> situation v<br />

IM?loiM<strong>la</strong>p«aîitcliôli.liiîtei , c>iesî f<br />

ne <strong>la</strong>isse pas d'avoir <strong>de</strong> grands défauts. Le plus<br />

considérable n'est pas d'avoir sacrifié son Ils pour<br />

sauver celui <strong>de</strong> l'empereur. Ce sacrilce, à <strong>la</strong> vérité v<br />

<strong>de</strong>vrait être bien puissamment motivé, s'il faisait<br />

partie <strong>de</strong> Faction : il est si loin <strong>du</strong> cceur d $ une<br />

mère, qu'il serait bien difficile <strong>de</strong> le faire supporter.<br />

Mais il n'est que dans l'avant-scène, dans cette partie<br />

<strong>du</strong> drame où nous avons vu que le spectateur permet<br />

assez volontiers à Fauteur tout ce dont il a<br />

besoin pour fon<strong>de</strong>r sa fable. Un reproche plus grave,<br />

c'est que Léontine, annoncée dans les premiers actes<br />

comme le principal mobile <strong>de</strong> Fintrigue, y prend<br />

ta effet très-peu <strong>de</strong> part : tout m fait sans elle. C'est<br />

un personnage subalterne, c'est Exupère, qu'elle<br />

traite avec le <strong>de</strong>rnier mépris; c'est lui qui fait le dénouaient,<br />

c'est lui qui sauve et qui couronne Hért><br />

clius et fait périr Phocas ; autre défaut contraire aux<br />

principes <strong>de</strong> Fart, qui exige que <strong>la</strong> catastrophe soit<br />

toujours amenée par les personnages qui ont attiré<br />

Fattention dm spectateurs. En général cette<br />

tragédie 9 pendant les trois premiers actes, n'excite<br />

guère que <strong>de</strong> <strong>la</strong> curiosité; mais, dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers,<br />

<strong>la</strong> situation <strong>de</strong> Phocas entre les <strong>de</strong>ux princes,<br />

dont aucun ne veut être son ils, est belle et théâtrale.<br />

Ce qui n'est pas moins beau, c'est le péril où<br />

ils sont ensuite; c'est le combat <strong>de</strong> générosité qui<br />

s'élève entre eux, à qui portera un nom qui n'est<br />

qu'un arrêt <strong>de</strong> mort; c'est aussi le moment où Héraclius<br />

voit le g<strong>la</strong>ive levé sur le prince, son ami, et<br />

consent, pour le sauver, à passer pour Martian.<br />

Je suis dose , si! faut que je le «lie,<br />

Ci «pif faut que je sols pour lui sauva <strong>la</strong> vte.<br />

Voltaire avait sans doute oublié cette scène quand<br />

il a dit que l'amitié <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux princes ne pro<strong>du</strong>isait<br />

rien. Sans cette amitié, <strong>la</strong> scène ne subsisterait pas.<br />

Il n'y avait que ce motif qui pût forcer Héraclius,<br />

qui se connaît très-bien, à renoncer à être ce qu'il

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