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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE. 487<br />

ce n'est qu'avec le désespoir dans l'âme qu'il se dé- Quand le ciel par nos nains à le punir s'apprête,<br />

Un lâche repentir garantira sa tête !<br />

'termine à loi obéir; c'est en lui annonçant que sa<br />

Et dans Pacte suivant, il dit :<br />

propre mort, suivra celle d'Auguste.<br />

Le elei a trop fait voir, en <strong>de</strong> tels attentats,<br />

Vous le routai, J'y <strong>cours</strong> ; ma parole eit donnée :<br />

Qu'il hait ks aumsîm et punit fer ingrate.<br />

Mais nia main, aussitôt contre mon sefn tournée,<br />

Aux mânes d'un tel prince Immo<strong>la</strong>nt votre amant, N Que croire? Voilà le dêl qui veut punir Octave;<br />

A mon crime forcé joindra mon châtiment, voilà le ciel qui le défend et qui le vengera ! Et qu'on<br />

Et par cette action dans l'autre confon<strong>du</strong>e t<br />

Recouvrer a mm gloire aussitôt que per<strong>du</strong>e. ne dise pas qw les remords et les combats qu'il- '<br />

Adieu.<br />

éprouve, quoique venant trop tard pour être vrai­<br />

Où sommes-nous ? Un M prince I mon crime ! ma semb<strong>la</strong>bles, l'autorisent cependant à varier à ce<br />

gloire per<strong>du</strong>e! Pour faire sentir-combien ce con­ point dans ses pensées et dans ses sentiments. Non,<br />

traste inconcevable'doit renverser toutes les idées quand même ce repentir serait à sa p<strong>la</strong>ce, quand<br />

que le poète avait imprimées dans l'esprit <strong>de</strong>s spec­ même <strong>la</strong> coniance et les bienfaits d<br />

tateurs» opposons quelques morceaux <strong>de</strong>s premiers<br />

actes à ceux qui les contredisent d'une manière si<br />

formelle dans les suivants.<br />

Plût au dieu que vous-même eussiez vu <strong>de</strong> quel zèle<br />

Cette troupe entreprend mm «ciÉp » Miel<br />

S'il est pour me trahir <strong>de</strong>s esprit! assez bas,<br />

Ma mrtm pour le moins ne me trahira pat :<br />

Vous <strong>la</strong> vertes, bril<strong>la</strong>nte au bord <strong>de</strong>a précipices v ^<br />

Se c&ummmr <strong>de</strong> gloire en bravant les supplices.<br />

Cat ainsi que Cinna par<strong>la</strong>it à Emilie dans le premier<br />

acte. Au <strong>de</strong>uxième, il disait à Maxime, après <strong>la</strong><br />

scène avec Auguste :<br />

Octave aura donc m sel farenrs assouvie!,<br />

PUlé jusqu'aux aatels, sacrifié nos vies,<br />

Rempli les chanipt d'horreur, comblé Eome <strong>de</strong> morts,<br />

Et sera-qnltte après pour l'effet d'un remords î<br />

Maxime lui objectant en vain l'offre que venait <strong>de</strong><br />

faire Auguste <strong>de</strong> rendre <strong>la</strong> liberté à Eome, que<br />

répondait-il?<br />

Os ne sent être on bien qu'elle daigne eaUmer,<br />

Quand il vient d'une mata <strong>la</strong>sse <strong>de</strong> l'opprimer.<br />

Blé a le cœur trop bon poui se voir avec Joto<br />

Le rebut dm ff twt dont «Me M <strong>la</strong> proie.<br />

Assurément il ne s'est rien passé <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong>puis<br />

qu'il s'exprimait ainsi. Que dit-il actuellement?<br />

O coup ! o trahison trop indigne d'un homme !<br />

Dure, <strong>du</strong>re à Jamais l'esc<strong>la</strong>vage <strong>de</strong> Eome I<br />

• périsse mon amour, périsse mon espoir,<br />

Plutôt que <strong>de</strong> ma main parie mn crime ti noir!<br />

Au premier acte il disait :<br />

Ainsi d'us coup mortel <strong>la</strong> victime frappée<br />

Fera voir si Je suis <strong>du</strong> sang <strong>du</strong> grand Pompée.<br />

Au troisième, il dit :<br />

Lts douceurs <strong>de</strong> l'amour, celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> •engeance,<br />

La gloire d'affranchir le lieu <strong>de</strong> ma miëmnee,<br />

l'ont point asseï d'appas pour JkHer ma mimm,<br />

S'il les faut acquérir par urne Èmàûm,<br />

8*11 faut percer le ianc tfiwi prince wmgnomtme,<br />

Qui <strong>du</strong> peu qweje $ mû fait une telle estime.<br />

Du peu que je suis! Le sang <strong>du</strong> grand Pompée!<br />

Comment accor<strong>de</strong>r ensemble <strong>de</strong>s idées si disparates?<br />

11 mit dit, es par<strong>la</strong>nt d'Octave :<br />

1 Auguste auraient<br />

fait sur lui leur impression au moment où ils <strong>de</strong>vaient<br />

<strong>la</strong> faire, il ne peut raisonnablement rien dire<br />

<strong>de</strong> ce qu'il dit ici. Les choses en elles-mêmes n'ont<br />

pas pris une autre nature <strong>de</strong>puis qu'Auguste lui a<br />

conié le <strong>de</strong>ssein d'abdiquer, et lui a donné Emilie»<br />

Si c'était auparavant une belle chose <strong>de</strong> tuer un<br />

tyran et d'affranchir Rome, comme il le disait, rien<br />

n'est changé; Octave est encore un tyran, et Eome<br />

est encore esc<strong>la</strong>ve. Que <strong>de</strong>vait-il donc dire?<br />

11 est beau, il est glorieux -<strong>de</strong> délivrer sa patrie<br />

d'un tyran; c'est <strong>la</strong> vertu d'un Romain : mais ce<br />

qu'Auguste a fait pour moi m'éte <strong>la</strong> force d'eiercer<br />

une vertu si cruelle. Voilà ce que pourrait dire un<br />

homme que Ton n'aurait pas annoncé comme un<br />

Brutus. Mais - appeler <strong>la</strong> môme action, tantôt un<br />

effort <strong>de</strong> magnanimité, tantôt une lâche trahison;<br />

refuser jusqu'à <strong>la</strong> liberté quand il feut <strong>la</strong> tenir d'un<br />

tyran, et dire ensuite, en propres termes, que c'est<br />

Un esc<strong>la</strong>m avec kmmeur qwe <strong>de</strong> titre d'Octave, et<br />

rassembler dans un mime personnage un tissu continuel<br />

<strong>de</strong> contradictions si choquantes; c'est violer<br />

trop ouvertement l'unité <strong>de</strong> caractère, ce précepte<br />

qu'Aristote, Horace et Despréaux ont puisé dans<br />

<strong>la</strong> droite raison.<br />

Bcrmîmt se êmum<br />

Qmaim «è meœpêo procmmrUg et mbi comiei.<br />

Qu'en tout avec lui-même II se <strong>mont</strong>re d'aeeord,<br />

Et qu'il soit à <strong>la</strong> fin tel qu'on l'a vu d'abord.<br />

H faut se igurer que le spectateur dit au personnage<br />

qu'il voit sur le théâtre : Qui êtes-vous et que<br />

voules-vous? Je ne puis prendre <strong>de</strong> vos actions que<br />

l'idée que vous m'en dçnnei vous-même; car à cette<br />

idée est attaché l'intérêt que Je puis éprouver.<br />

Voyons donc <strong>de</strong> quoi il s'agit. Auguste esk-il un<br />

tyran qu'il faut punir, et ceux qui le tueront serontils<br />

<strong>de</strong> bons citoyens, vengeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie? Vous,<br />

Cinna, êtes-vous m citoyen ? êtes-vous ce vengeur?<br />

est-ce là votre opinion? est-ce là votre caractère?<br />

Je le veux bien. Ce parti est très-p<strong>la</strong>usible, je m'y<br />

range, et sous ce point <strong>de</strong> vue je m'intéresse à ce<br />

que vous ailes faire. Mais si au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux actes

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