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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Mite a mis :<br />

ANCIENS. — POÉSIE.<br />

Pretqseain porta* <strong>du</strong> jour s troublé» hors <strong>de</strong> lui-même 9<br />

1 s'arrête, U m tourne.... M remit ce qu'il aime :<br />

Cm est <strong>la</strong>it, etc.<br />

11 est trop évi<strong>de</strong>nt que U se tourne ne peint pas<br />

exactement à l'esprit te mouvement fatal; et quand<br />

le poète aurait mis U se reùmrne, ce<strong>la</strong> ne rendrai!<br />

pas mieux l'idée essentielle, ce regard d'Orphée9 le<br />

<strong>de</strong>rnier qu'il jette sur son épouse : c'est là que Vir­<br />

gile s'arrête! et il reprend tout <strong>de</strong> suite x y et t&uâ<br />

œqmU*mfmi estperêu» La contrainte <strong>de</strong> <strong>la</strong> rime<br />

a forcé le tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> mettre U remit m qu'M<br />

aime. Virgilet au contraire, présente pour première<br />

idée ( et il a bien raison ) qu'Orphée ne <strong>la</strong><br />

Yôit plus. Toutes ces, différences tiennent unique*<br />

ment à un mot donné par une <strong>la</strong>ngue, et refusé par<br />

l'autre; et e ? est tout ce qui peut résulter <strong>de</strong> cette<br />

observation que je mt suis permise sur <strong>la</strong> meilleure<br />

<strong>de</strong> toutes mm tra<strong>du</strong>ctions y sur celle que <strong>la</strong> beauté<br />

continue <strong>de</strong> versification et <strong>la</strong> pureté <strong>du</strong> goût ont<br />

mise au rang <strong>de</strong>s ouvrages c<strong>la</strong>ssiques.<br />

On a iiil une objection qui a paru spécieuse;<br />

c'est que nous ne sommes pas <strong>de</strong>s juges compétents<br />

<strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues mortes. Ce<strong>la</strong> n'est vrai, comme bien<br />

d'astres choses ; qu'avec beaucoup <strong>de</strong> restrictions.<br />

Sans <strong>de</strong>nt® îi y a, bien <strong>de</strong>s Inesses dans le <strong>la</strong>ngage,<br />

bien <strong>de</strong>s agréments dans <strong>la</strong> prononciation, et en<br />

eenséqueiice il y a aussi <strong>de</strong>s défauts contraires, qui<br />

n'ont pu être saisis que par les nationaux. Mais il<br />

n'es est pas moins avéré que les mo<strong>de</strong>rnes ont recueilli<br />

sTIge eu âge un assez grand nombre <strong>de</strong> connaissances<br />

certaines sur les <strong>la</strong>egues anciennes, pour<br />

sentir te mérite <strong>de</strong>s auteurs grecs et <strong>la</strong>tins, non*<br />

seulement aiaas les idées et tes sentiments qui appartiennent<br />

à tous les peuples, mais même, jusqu'à<br />

un certain point, dans <strong>la</strong> diction et dans l'harmonie.<br />

Toutes les fois qu'on a beaucoup d'objets <strong>de</strong> comparaison<br />

dans une même chose, on a beaucoup <strong>de</strong><br />

moyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaître. Philosophes, orateurs, poètes,<br />

historiens f critiques, tout ce qui nouf reste <strong>de</strong><br />

l'antiquité acootribué àétendre nos idées et à former<br />

notre jugement. Les époques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong>tine sont<br />

sensibles pour nous ; et quel est l'homme instruit qui<br />

se distingue pas le <strong>la</strong>ngage rJEaaiiis et <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ute,<br />

<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Virgile et <strong>de</strong> Térence? Les nombreuses<br />

inscriptions <strong>de</strong>s an<strong>de</strong>ns monuments suffiraient pour<br />

nousapprendre les variations et les progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

<strong>de</strong>s Romains. Il faudrait manquer absolument<br />

d'oreille pour n'être pas aussi charmé <strong>de</strong> l'harmonie<br />

Mtiptmt ; ibi §mmiê<br />

mfm§ ïsb&r.<br />

(Gwf. iv, if 14<br />

45<br />

d'Horace et <strong>de</strong> Virgile que rebuté <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>re enflure<br />

<strong>de</strong> Laca<strong>la</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> monotone emphase <strong>de</strong> C<strong>la</strong>udien.<br />

Le style <strong>de</strong> Ute-Live et celui <strong>de</strong> Tacite, le style <strong>de</strong><br />

Xénophon et celui <strong>de</strong> Thucydi<strong>de</strong>, le style <strong>de</strong> Démosthènes<br />

et celui d'Isocrate, sont aussi différents pour<br />

sous que Bossuet et Fléchier, Voltaire et Montesquieu,<br />

Footenelle et Buffcn. Nous pouvons donc, ce<br />

me semble, nous livrer à notre admiration pour les<br />

grands écrivains <strong>de</strong> l'antiquité, sans craindre qu'elle<br />

soit aveugle : et cette objection <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mothe, qu'on<br />

a souvent répétée <strong>de</strong>puis lui, est une <strong>de</strong> celles que<br />

madame Dacier a le plus soli<strong>de</strong>ment réfutées; c'est<br />

un <strong>de</strong>s endroits où elle a te plus raison contre lui ;<br />

raison pour te fond <strong>de</strong>s choses, s'entend, car pour<br />

<strong>la</strong> forme elle a toujours tort.<br />

Ou peut actuellement prononcer en connaissance<br />

<strong>de</strong> cause sur <strong>la</strong> question que j'ai posée en commençant.<br />

11 est dé<strong>mont</strong>ré que nous n'avons point <strong>de</strong> déelinaisioes<br />

; que nos conjugaisons sont très-incomplètes<br />

et très-défectueuses ; que notre constraction<br />

est surchargée d'auxiliaires 9 <strong>de</strong> particules, d'articles<br />

et <strong>de</strong> pronoms; que nous avons peu <strong>de</strong> prosodie et<br />

peu <strong>de</strong> rhythme; que nous ne pouvons faire qu'un<br />

usage très-borné <strong>de</strong> l'inversion; que nous n'avons<br />

point <strong>de</strong> mots combinés, et pas assez <strong>de</strong> composés ;<br />

qu'enfin notre versification n'est essentiellement<br />

caractérisée que par <strong>la</strong> rime. 11 n'est pas moins dé<strong>mont</strong>ré<br />

que tes anciens ont plus ou moins tout ce<br />

qui nous manque. Voilà les faits : quel en est le<br />

résultat? Louange et gloire aux grands hommes<br />

qui nous ont ren<strong>du</strong>, par leur génie, <strong>la</strong> concurrence<br />

que notre <strong>la</strong>ngue nous refusait, qui ont couvert notre<br />

indigence <strong>de</strong> leur richesse; qui, dans <strong>la</strong> lice où les<br />

anciens triomphaient <strong>de</strong>puis tant <strong>de</strong> siècles, se sont<br />

présentés avèc<strong>de</strong>s armes inégales, ont <strong>la</strong>issé <strong>la</strong> victore<br />

douteuse et <strong>la</strong> postérité incertaine ; enfin, qui, semb<strong>la</strong>bles<br />

aux héros d'Homère, ont combattu contre<br />

les dieux, et n'ont pas été vaincus !<br />

Je n'énoncerai pas à beaucoup près une opinion<br />

aussi décidée sur te parallèle souvent établi entre les<br />

<strong>la</strong>ngues étrangères et te nôtre. D'abord, us semb<strong>la</strong>ble<br />

parallèle ne peut être bien fait que pr un<br />

homme qui saurait parler l'allemand, l'espagnol,<br />

l'italien et l'ang<strong>la</strong>is aussi parfaitement que sa propre<br />

<strong>la</strong>ngue. On <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra pourquoi j 9 exige ici <strong>de</strong>s connaissances<br />

plus éten<strong>du</strong>es que lorsqu'il s'agit <strong>de</strong>s anciens.<br />

La raison en est sensible. Il n'est pas nécessaire<br />

que nous sachions le grec et te <strong>la</strong>tin aussi bien<br />

que Démosthènes et Cicéron, pour apercevoir dans -<br />

leur <strong>la</strong>ngue une supériorité qui se fait sentir encore,<br />

même <strong>de</strong>puis qu'on ne <strong>la</strong> parte plus (car je n'appelle<br />

pas <strong>la</strong>tin celui qu'on prie dans quelques prties

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