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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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4S4<br />

COU1S DE LITTÉBATUBE.<br />

«M enseignes. V&ilè les obligations que lu m'as, et te<br />

veux m'assassiner ? A ce mot f Cinna se récria qm cette<br />

fureur insensée était loin <strong>de</strong> -son esprit. Fn tiens mal ta<br />

parole* reprit l'empereur. Nom étions convenus que tu<br />

me m* interromprais pas. Tu veux m?assassiner. Et tout<br />

<strong>de</strong> suite il lui détail<strong>la</strong> les circonstances <strong>du</strong> complot, te nom<br />

<strong>de</strong>s conjurés, le lieu, l'heuref tes mesures prises» celui<br />

qui <strong>de</strong>vait tenir te g<strong>la</strong>iv*; et voyant Cinna muet, moins<br />

par obéissance que par confusion : Quel ml ton <strong>de</strong>ssein?<br />

poursuit-il. Est-ce <strong>de</strong> régner ? le p<strong>la</strong>ins <strong>la</strong> république<br />

s'il faut qu'excepté mpi il ft 9 prît qui ne dût rien à l'esprit <strong>de</strong>s autres; enf<strong>la</strong>,<br />

comme si cette importation <strong>de</strong>s richesses anciennes<br />

ou étrangères n'était pas, à proprement parler,<br />

le commerce <strong>du</strong> talent, espèce <strong>de</strong> commerce qui ne<br />

peut comme beaucoup d'autres se faire avec succès<br />

que par <strong>de</strong>s hommes déjà fort riches <strong>de</strong> leur propre<br />

fonds, et capables d'améliorer celui d'aatrui. N'oublions<br />

pas surtout <strong>de</strong>r remarquer combien Fauteur<br />

<strong>de</strong> Cinna a embelli les détails qu'il a puisés dans Sé-<br />

f aie rien qui f empêche<br />

nèque. Tel est l'avantage inappréciable <strong>de</strong>s beaux<br />

d'y tenir lepremir rang. Ce n'est pas ta considération<br />

qui impose; tu n'as pas même assez dé crédit pour tes<br />

vers, telle est <strong>la</strong> supériorité qu'ils ont sur <strong>la</strong> meilleure<br />

affaires domestiques» et en <strong>de</strong>rnier lieu tu m per<strong>du</strong> un prose, que <strong>la</strong> mesure et l'harmonie ont gradée dans<br />

procès contre un affranchi. Crois-tu qu'il te soie plus tous les esprits et mis dans toutes les bouches ce<br />

facile <strong>de</strong> te porter pour concurrent <strong>de</strong> César? Je le qui <strong>de</strong>meurait comme enseveli dans les écrits d'un<br />

veux bien, si je mis le seul obstacle à tes prétentions. philosophe, et n'existait que pour us petit nombre<br />

Maïs f imagines-tu que les Paul-Emile, les Cossus, <strong>de</strong> lecteurs. Cette précision, commandée par le<br />

les Semilim, les Fabius, tant d'autres citoyens illus­ rhythme poétique, a tellement consacré les paroles<br />

tres qui n'ont pas seulement <strong>de</strong> grands noms, mais<br />

que Corneille prête à Auguste, qu'on Croirait qu'il<br />

qui les soutiennent et les honorent; fimagîmes-lu<br />

qu'ils consentiront à f avoir pour maître? 11 serait trop n'a pu s'exprimer' autrement ; et <strong>la</strong> conversation<br />

long <strong>de</strong> répéter tout son dis<strong>cours</strong>; car on dit qu'il pria d'Auguste et <strong>de</strong> Cinna ne sera jamais autre chose<br />

<strong>de</strong>ux heures, comme s'il eût ¥oulu prolonger ce.seul que les vers qu'on a retenus <strong>de</strong> Corneille.<br />

châtiment gu'il lui imposait. Il ici ainsi : Je te donne <strong>la</strong> Après avoir exposé ce qui a fait <strong>la</strong> réputation et<br />

vie, Ci mm, une secon<strong>de</strong> fois. Je te l'avais donnée comme le succès <strong>de</strong> Cinna, il faut voir ce que Voltaire et<br />

à mon ennemi; je te <strong>la</strong> donne comme à mon assassin. avec lui tous les juges ont trouvé d'essentiellement<br />

Commençons dis ce moment à être amis, et voyons<br />

vicieux dans l'intrigue et les caractères.<br />

lequel <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>ux sera <strong>de</strong> meilleurefoi avec Vautre,<br />

ou moi qui te <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> vie, ou M qui me <strong>la</strong> <strong>de</strong>vras.<br />

Le premier acte présente une conspiration con­<br />

Bientôt après, il lui déféra le consu<strong>la</strong>t, se p<strong>la</strong>ignant que tre Auguste, formée par Cinna, petit-lits <strong>du</strong> grand<br />

Cinna ne l'eût pas osé <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r. Il le compta <strong>de</strong>puis au Pompée; par Maxime, ami <strong>de</strong> Cinna; par Emilie,<br />

nombre <strong>de</strong> ses plus idèles amis, et fut institué son unique ille <strong>de</strong> Toranius, qui est le tuteur d'Octave, et qui<br />

héritier. Depuis cette époque, il n'y eut plus aucune conspiration<br />

contre M. »<br />

fut proscrit par son pupille. Emilie aime Cinna et en<br />

est aimée; mais elle ne veut consentir à l'épouser<br />

Quoiqu'on ait dû reconnaître dans ce •morceau<br />

toutes les idées principales, et souvent même les<br />

«pressions dont Corneille s'est servi dans le monologue<br />

d'Auguste et dans <strong>la</strong> fameuse scène <strong>du</strong><br />

cinquième acte 9 je ne crois pas qu'on me soupçonne<br />

d'avoir voulu diminuer en rien le mérite <strong>de</strong><br />

l'ouvrage ni celui <strong>de</strong> Fauteur. Je me suis f au contraire<br />

, assez souvent eipliqué sur l'honneur attaché<br />

à ces heureux emprunts, qui ne profitent que<br />

dans <strong>de</strong>s mains habiles. 11 y a loin d'une conversation<br />

à une tragédie.- J'ai voulu faire connaître bien<br />

qu'après qu'il l'aura vengée <strong>du</strong> meurtrier <strong>de</strong> son<br />

père, et sa main est à ce prix. Cinna paraft animé<br />

contre Auguste, et par l'horreur qu'un Romain a<br />

naturellement pour <strong>la</strong> tyrannie, et par l'indignation<br />

que doit inspirer le souvenir <strong>de</strong>s cruautés d'Octave.<br />

C'est <strong>la</strong> peinture énergique <strong>de</strong> ces sang<strong>la</strong>ntes proscriptions<br />

et <strong>de</strong>s crimes <strong>du</strong> triumvirat qui lui a servi,<br />

plus que tout le reste, à exciter <strong>la</strong> fureur <strong>de</strong>s conjurés,<br />

qu'il vient <strong>de</strong> rassembler pour prendre les<br />

<strong>de</strong>rnières mesures, et déterminer le moment <strong>de</strong><br />

l'exécution. Cet effrayant tableau, tracé par Cinna<br />

précisément le fonds que Corneille a fait valoir, ce dans <strong>la</strong> troisième scène <strong>du</strong> premier acte, met dans<br />

qui est à autrui et ce qui s'est qu*à lui. Cette con­ son parti les spectateurs, qui ne tnîent dans son<br />

naissance est nécessaire pour apprécier le <strong>de</strong>gré entreprise qu'une vengeance légitime, et le <strong>de</strong>ssein ><br />

d'invention qu'il a mis dans chacun <strong>de</strong> ses ouvra­ toujours imposant <strong>de</strong> rendre <strong>la</strong> liberté à Rome et<br />

ges, et cet exemple peut servir en mime temps à <strong>de</strong> punir un tyran qui a été barbare. 11 importe <strong>de</strong><br />

repousser lis reproches injustes tant répétés par les se rendre un compte Idèle <strong>de</strong> ces premières impres­<br />

détracteurs <strong>de</strong> Racine et <strong>de</strong> Voltaire , qui, pour sions qui s'établissent dans l'exposition <strong>du</strong> sujet :<br />

leur refuser le génie,rappellent sans cesse ce qu'ils elles sont les fon<strong>de</strong>ments nécessaires <strong>de</strong> l'intérêt<br />

nomment leurs <strong>la</strong>rcins, comme s'il n'y avait qu'eus que <strong>la</strong> pièce doit pro<strong>du</strong>ire ; elles dépen<strong>de</strong>nt absolu­<br />

qui s'en fussent permis <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>bles, comme s'il ment <strong>du</strong> poète, et le spectateur les reçoit telles<br />

tût eiisté <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> renaissance <strong>de</strong>s lettres un m- qu'on veut les lui donner, pour peu qu'elles aient

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