23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

utopie méprise trèsnistanlle, sans compUcition d'événements,<br />

sans mmm intrigue imberehée, sans aucun effort.<br />

H | « d'astres beautés tragiques ; mais celle-là est eu premier<br />

rang. »<br />

j'oserai f à l'occasion <strong>de</strong> cette note, proposer lis<br />

ifls contraire k celui <strong>de</strong> ¥oltaire9 qui trente faible<br />

ee vers :<br />

Os qu'os beau désespoir êtes te Mourut.<br />

Je sais que c f est l'opinioa commune; mais est-elle<br />

bien fondée? Je s'appelle faible que ce qui est au<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> ce qu'on doit sentir ou exprimer. Or9 je<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> si, après ce cri fie patriotisme romain, Qu'ii<br />

mmtrût, on pouvait dire autre chose que ce que dit<br />

le vieil Horace* Sans doute/en jugeant par comparaison,<br />

tout paraîtra faible après le mot qui vient<br />

<strong>de</strong> lui échapper. Mais en ce cas , dès qu'on a été sublime,<br />

il faudrait se taire; car on ne peut pas l'être<br />

toujours, et sous avons vu <strong>de</strong>rnièrement dans Cicéron<br />

qu'il est insensé d'y prétendre. La nature, qoe<br />

Ton doit consulter en tout, eiige seulement que<br />

Ton suive Tordre <strong>de</strong>s idées qu'elle prescrit. Horace<br />

<strong>de</strong>vait-il s'arrêter sur le mot Qu'M mourût f II est<br />

beau pour un Romain « mais il est <strong>du</strong>r pour un père ;<br />

et Horace est à <strong>la</strong> fois l'un et l'autre : on vient <strong>de</strong><br />

le voir dans l'adieu paternel qu'il faisait tout à Prieure<br />

à son Ils. Quelle est donc l'idée qui doit suivre naturellement<br />

cet arrêt terrible d*un vieux républicain,<br />

Qu*M mmtrûêf C'est assurément <strong>la</strong> possibilité<br />

conso<strong>la</strong>nte que, même en combattant contre trois,<br />

en se résolvant à <strong>la</strong> mort, il y échappe cependant ;<br />

et après tout, est-il sans exemple qu'un seul homme<br />

en ait vaincu trois? Pourquoi dose Horace n'embrasserait-il<br />

pas cette idée, au moins un Instant?<br />

C'est Rome qui a prononcé Qu'ii mourût: c'est <strong>la</strong><br />

nature qui, ne renonçant jamais à l'espérance,<br />

ajoute tout <strong>de</strong> suite :<br />

On 011*111 beau désespoir aie» le secourut<br />

Je veux bien que Rome soit ici plus sublime que<br />

<strong>la</strong> nature : ce<strong>la</strong> doit être. Mais <strong>la</strong> nature n'est pas<br />

fmîèk quand elle dit ce qu'elle doit dire. Telles sont<br />

les raisons qui m'autorisent à penser que, non-seulement<br />

ee vers n'est pas répréhensible, mais même<br />

qu'il est assez heureux <strong>de</strong> l'avoir trouvé.<br />

Mais, en admirant dans le vieil Horace cette énergie<br />

entraînante, cette gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sentiments qui<br />

<strong>la</strong>isse pourtant à <strong>la</strong> sensibilité paternelle ce qu'elle<br />

doit lui <strong>la</strong>isser, oublierons-nous ce que nous <strong>de</strong>vons<br />

d'éloges aux rôles <strong>de</strong> Cariaee et <strong>du</strong> jeune Horace si<br />

habilement contrastés? Le <strong>de</strong>rnier <strong>mont</strong>re partout<br />

cette espèce <strong>de</strong> rigidité féroce qui, dans les premiers<br />

temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, en<strong>du</strong>rcissait tontes les vertus<br />

romaines t et qui convenait d'ailleurs à un guer-<br />

Lâ flâl?B. — TOUS I.<br />

SIÈCLE DE LOUIS X1Y. — POESIE. 4SI<br />

rier farouche, qu'on voit dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce<br />

répandre le sang <strong>de</strong> sa sœur, pour avoir fait entendre<br />

dans le bruit <strong>de</strong> sa victoire les emportements<br />

d'une amante malheureuse. Ceriaee, au contraire,<br />

fait voir une fermeté mesurée, et même douce, qui<br />

n'exclut point les sentiments <strong>de</strong> l'amour et <strong>de</strong> l'amitié.<br />

Cest avec cette opposition si belle et si dramatique<br />

que Corneille a fait un chef-d'œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

scène entre ces <strong>de</strong>ux guerriers ; et si l'oo oublie quelques<br />

fautes <strong>de</strong> diction, quels vers! quel style!<br />

HOEACB.<br />

Le sort qui <strong>de</strong> l'honneur nous ouvre <strong>la</strong> barrière<br />

Offre à notre constance une Illustre matière.<br />

Il épuise sa force à former an malheur,<br />

Pour mieux ee mesurer avec notre valeur;<br />

Et somme 11 ¥oit en nous <strong>de</strong>s âmes peu communes,<br />

Hors <strong>de</strong> Tordre commun 11 nous fait <strong>de</strong>s fortunes.<br />

Combattre on ennemi pour le salut <strong>de</strong> tous.<br />

Et contre un inconnu s'exposer seul aux coup,<br />

D'une simple ¥erlu c'est l'effet ordinaire;<br />

Mille <strong>de</strong>là Font fait, mille pourraient 1e faire•.<br />

Mourir pour son pays est un si digne sort.<br />

Qu'on briguerait en fouie une si belle mort.<br />

- Mais vouloir «si publie immoler ce qu'on aime ,<br />

S'attacher au combat contre un autre soi-même,<br />

Attaquer un parti qui prend pour défenseur<br />

Le frère d'une femme et l'amant d'une sœur,<br />

Et, rompant tous ces nœuds, s ? armer pour ia patrie '<br />

Contre un sang qu'on Tondrait racheter <strong>de</strong> sa ¥le,<br />

Une telle vertu n'appartenait qu'à nous.<br />

L'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> son grand nom lui fait peu <strong>de</strong> Jaloux,<br />

Et peu d'hommes au cœur l'ont assez imprimée<br />

Pour oser aspirer à tant <strong>de</strong> renommée.<br />

CUBIAGI.<br />

Pour moit Je Pose dire, et vous l'avez pu voir,<br />

le n'ai point consulté pour suivre mon <strong>de</strong>voir.<br />

Notre longue amitié, l'amour ni l'alliance<br />

N'ont pu mettre un moment mon esprit en ba<strong>la</strong>nce;<br />

Et puisque par ce choix Albe <strong>mont</strong>re en effet<br />

Qu'elle m'estime autant que Borné mus a fait,<br />

le crois faire pour elle autant que vous pour Rome;<br />

l'ai le cœur aussi bon : mais enfin Je suis homme,<br />

le vols que votre honneur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tout mon sang;<br />

Que tout le mien consisté à vous percer le f<strong>la</strong>nc;<br />

Près d'épouser Sa sœur qull faut tuer le frère,<br />

Et que pour mon pays j'ai te §ort si emtrmm<br />

Encor qu'à mon <strong>de</strong>voir Je coure sans terreur,<br />

Mon cœur s'en effarouche, et J'en frémis d'norreur.<br />

Tal pitié <strong>de</strong> moi-même, et Jette un œil d'envto<br />

Sur ceux dont notre guerre a consumé <strong>la</strong> vie.<br />

Sans souhait toutefois <strong>de</strong> pouvoir reculer.<br />

Ce triste et 1er honneur m'émeut sans m'ébrasler.<br />

J'aime ce qull me donne, et Je p<strong>la</strong>ins os qull sfote;<br />

Et si Rome <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une vertu plus haute,<br />

le rends grâces aux dieux <strong>de</strong> n'être pas Romain,<br />

Pour conserver encor quelque chose d'humain.<br />

101A0»<br />

Si vous n'êtes Romain, soyez digne <strong>de</strong> l'être;<br />

Et si vous m'éga<strong>la</strong>, faite*»» ssleoi paraître.<br />

La solidt vertu émtje fsiê mmiM * *<br />

N'admet point <strong>de</strong> faiblesse avec sa fermeté;<br />

1 Voltaire blâme ce <strong>de</strong>uxième hémistiche, comme fait uniquement<br />

pour ia rime. l'avoue que cette espèce <strong>de</strong> répétition<br />

ne me choque point : elle me semble naturelle, amenée par<br />

le sens et par le ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase.<br />

• Il y a ici une sorte <strong>de</strong> contradiction dans les termes. On<br />

ne peut faire vanité <strong>de</strong> ce qui est soli<strong>de</strong>* il fal<strong>la</strong>it dmi je wm<br />

fais «n <strong>de</strong>voir, ou dont je fait gloire.<br />

m

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!