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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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GOCRS Dl LfTTÉRÂTtJBE.<br />

480<br />

mettons-nous an moment où Horace et Curiaee,<br />

•près daller combattre, sont avec Sabine et Camille,<br />

qui font <strong>de</strong> vains offerts pour les retenir : voyons<br />

arriver le vieil Horace :<br />

Qu'est eeel, HéB enfants? &ûntes-?iMii fut famines?<br />

Et per<strong>de</strong>s-voua eneor te temps mm <strong>de</strong>s femmes?<br />

• Pféti.àf«Eierdiiia!igfregaidia-¥0îisd€spSeîiîi?<br />

ïïwjm , et MaÊMrlm déplorer i«ut maUmn.<br />

Dès cet instant, Sabine et Camille ne sont plus rien.<br />

.On ne voit plus que Rome f on n'entend pins que le<br />

vieil Horace. Les <strong>de</strong>ux femmes sortent sans qu'on<br />

y <strong>la</strong>sse attention; et, lorsque le lieux Romain interrompt<br />

les adieux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Jeunes guerriers par<br />

ces vers,<br />

Ai ! s'attendît!» point id met sentiments.<br />

Pour TOI» eneôiif«§sr, ma voix masqua <strong>de</strong> termes :<br />

Mon eœur M forme point <strong>de</strong> pensas assez fermes;<br />

Mol-même, en est adieu, fat les <strong>la</strong>rmes aux yetu.<br />

Fait» votre <strong>de</strong>voir, et <strong>la</strong>isses Mm au dieux.<br />

cette <strong>la</strong>rme paternelle qui tombe <strong>de</strong>s yeux <strong>de</strong> ï'in-<br />

Ëexible irieil<strong>la</strong>rd touche cent fois plus que les p<strong>la</strong>intes<br />

superflues <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux femmes. On reconnaît <strong>la</strong><br />

vérité <strong>de</strong> ce qu'a dit Voltaire 9 que f amour n'est<br />

point fait pour <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce. On est enchanté<br />

qu'un critique tel que lui, aussi grand juge que grand<br />

modèle, ren<strong>de</strong> à Corneille ce témoignage.<br />

« f-m cherché dans ions les an<strong>de</strong>ns et dans tous les<br />

théâtres étrangers eue sjtoalion patw1fe,impsiieUiiié<strong>la</strong>imjB<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur d'âm@9 <strong>de</strong> douleur et <strong>de</strong> Wenséanet, et Je m<br />

l'ai point trouvé. »<br />

Cest ce rôle étonnant et original <strong>du</strong> viral Horace,<br />

c'est le beau contraste <strong>de</strong> ceux d'Horace le ils et<br />

<strong>de</strong> Curiaee s qui pro<strong>du</strong>it tout l'effet <strong>de</strong> ces trois premiers<br />

actes; ce sont ces belles créations <strong>du</strong> génie<br />

<strong>de</strong> Corneille qui couvrent <strong>de</strong> leur éc<strong>la</strong>t les défauts<br />

mêlés à tant <strong>de</strong> beautés, et qui, malgré le horsd'œuvre<br />

absolu, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>rniers actes, et <strong>la</strong> froi<strong>de</strong>ur<br />

inévitable qui en résulte; malgré le meurtre<br />

<strong>de</strong> Camille, si peu tolérable et si peu fait pour <strong>la</strong><br />

scène, y conserveront toujours cette pièce, moins<br />

comme une belle tragédie que comme un ouvrage<br />

qui, dans plusieurs parties, fait honneur à l'esprit<br />

humain, en <strong>mont</strong>rant jusqu'où il peut s'élever sans<br />

aucun modèle et par l'é<strong>la</strong>n <strong>de</strong> sa propre force. Un<br />

sentiment intérieur et irrésistible, plus fort que<br />

toutes les critiques, nous dit qu'il serait trop injuste<br />

<strong>de</strong> ne pas pardonner, même les plus gran<strong>de</strong>s fautes,<br />

à un honunequi tnontaitsi haut en créant à <strong>la</strong> fois<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et le théât». On peut bien l'excuser, lorsque,<br />

emporté par unwl si hardi, il ne songe pas<br />

même comment il pourra s'y soutenir. I tombe, il<br />

est vrai, mais ce n'est pas comme ceux qui n'ont<br />

fait que <strong>de</strong>s efforts inutiles pour s'élever; il tombe<br />

kpràs qu'on fa per<strong>du</strong> <strong>de</strong> vue, après qu'il est resté<br />

lingtemp i une hauteur où personne n'avait at-<br />

teint. Des juges sévères, en trouvant tout simple<br />

que l'admiration qu'il inspirait ait entraîné les esprits,<br />

dans <strong>la</strong> nouveauté <strong>de</strong> ses ouvrages et dans les<br />

premiers beaux jours qu'il it luire sur <strong>la</strong> France,<br />

s'étonnent que longtemps après, lorsque l'art fut<br />

perfectionné et que le théâtre français eut <strong>de</strong>s<br />

ouvrages ininimest plus achevés que les siens, le<br />

nombre et <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> ses fautes n'aient pas nui à<br />

l'impression <strong>de</strong> ses beautés. Us attribuent cette<br />

in<strong>du</strong>lgence à <strong>la</strong> seule vénération qui est <strong>du</strong>e à son<br />

nom : je crois qu'il y en a une autre raison plus puissante.<br />

Bans un siècle où le goût est formé, on voit<br />

toujours avec une curiosité mêlée d'intérêt ces monuments<br />

anciens, sublimes dans quelques parties,<br />

et imparfaits dans l'ensemble, qui appartiennent i<br />

<strong>la</strong> naissance <strong>de</strong>s arts. La représentation <strong>de</strong>s pièces<br />

<strong>de</strong> Corneille nous met à <strong>la</strong> fois sous les yeux et son<br />

génie et son siècle. f C'est pour nous un double p<strong>la</strong>isir<br />

<strong>de</strong> les voir en présence, et <strong>de</strong> juger ensemble<br />

l'un et l'autre. Ses beautés marquent le premier,<br />

ses défauts rappellent le second. Celles-là nous disent,<br />

Voilà ce qu'était Corneille; ceux-ci, Voilà ce<br />

qu'étaient tous les autres.<br />

Qu'on ne craigne donc point, par un intérêt mal<br />

enten<strong>du</strong> pour sa gloire, <strong>de</strong> voir relever <strong>de</strong>s défauts<br />

qui ne <strong>la</strong> ternissent point. Elle est protégée par le<br />

sentiment légitime <strong>de</strong> l'orgueil national, qui revendiquera<br />

dans tous les temp le nom <strong>de</strong> cet homme<br />

extraordinaire, comme un <strong>de</strong> ses plus beaux titres<br />

d'illustration.<br />

Nous n'en sommes encore qu'à son trèisième ouvrage;<br />

et quoique k$ Mormcêê forment un tout infiniment<br />

plus défectueux et plus irrégulier que le CM;<br />

quoique l'auteur n'y remplisse pas à beaucoup près<br />

<strong>la</strong> carrière <strong>de</strong> cinq actes, il y a pourtant f si l'on considère<br />

<strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s beautés, us progrès dans son<br />

talent. Celles <strong>du</strong> Orf ne sont pas d'un ordre si relevé<br />

que celles <strong>de</strong>s fforoces : c'est ici qu'il atteignit au<br />

plus haut <strong>de</strong>gré <strong>du</strong> sublime, et <strong>de</strong>puis il n'a pas été<br />

au <strong>de</strong>là, pas même dans Cimta. J'ai parlé <strong>du</strong> Qu'U<br />

fmmrM en expliquant le Traité <strong>de</strong> Longin : et comment<br />

ne Faurais-je pas cité, puisqu'il s'agissait <strong>de</strong><br />

sublime! Je n'y ajouterai rien aujourd'hui que <strong>la</strong><br />

note qu'on trouve à cet endroit dans le Commets<br />

Mre <strong>de</strong> Voltaire:<br />

« Voilà ce fameux Qu'il mmirÉt, m trait <strong>de</strong> plus<br />

grand sublime, es mot auquel il n'en est mmm et comparable<br />

dans toute ramtiqnité. Tout l'auditoire fut si transporté<br />

» qu'on attendit jamais le «an «Me pi M» : et te<br />

ëmî^AkêB^âmrfw^smÉàmmmUMmàm Qu'il<br />

mmtréL Due <strong>de</strong> beautés! et «Toi aaiajsnMtosrd^M

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