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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE Bl WMJ1S XIV. — FOÉm<br />

Mais <strong>du</strong> nioini fauteur, en se ré<strong>du</strong>isant à et» trois<br />

actes, pouvait-il faire un tout régulier? Je M le<br />

crois pas, car il n'y avait pas <strong>de</strong> dénoûraent possible<br />

; et c'est ici qu'il faut eiaminer le côté <strong>de</strong>s objets<br />

fus n'a pas présenté Fontendlc. Nous y verrons<br />

que les ressources si ingénieuses qu'a trouvées Corneille<br />

pour relever <strong>la</strong> simplicité <strong>de</strong> son sujet ont un<br />

grand inconvénient : c'est <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s personnages<br />

principaui dans une situation dont il ne peut<br />

les tirer heureusement. Car je suppose qu'il voulût<br />

inir à <strong>la</strong> victoire d f Horace, comme <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> sujet<br />

le lui prescrivait, que <strong>de</strong>viendra cette Camille,<br />

qui vient <strong>de</strong> perdre son amant? Cest un principe<br />

convenu que le dénoûment doit déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'état<br />

<strong>de</strong> tous les personnages d'une manière satisfaisante.<br />

Que Étire <strong>de</strong> Camille? La <strong>la</strong>isser résignée à son malheur<br />

était bien froid, etf <strong>de</strong> plus, contraire à l'histoire<br />

qui est si connue. La tuer flétrit le caractère<br />

d'Horace, et, <strong>de</strong> plus, commence nécessairement<br />

une secon<strong>de</strong> action ; car on ne peut pas inir <strong>la</strong> pièce<br />

par un meurtre si révoltant. Et Sabine ? Elle n'est<br />

pas si importante que Camille : mais U faut donc k<br />

<strong>la</strong>isser aussi pleurant ses trois frères? Bien <strong>de</strong> tout<br />

ce<strong>la</strong> ne comporte un dénoûment convenable, et<br />

quoiqu'il y ait <strong>de</strong> Farta mettre les personnages dans<br />

<strong>de</strong>s situations difficiles, cet art ne suffit pas; l'essentiel<br />

est <strong>de</strong> savoir les en foire sortir. Corneille,<br />

n'en trouvant pas le moyen, a pris le parti <strong>de</strong> suivre<br />

jusqu'au bout toute l'histoire d'Horace, sans se<br />

mettre en peine <strong>de</strong> <strong>la</strong> multiplicité d'actions. Ce ne<br />

frit pas ignorance <strong>de</strong>s règles ; elles étaient connues,<br />

et il avait observé l'unité d'objet dans le CM, et<br />

mime à peu près celle <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> lieu : ce fut<br />

impossibilité <strong>de</strong> faire autrement ; et c'est pour ce<strong>la</strong>,<br />

sans doute, que son illustre commentateur pense<br />

que ce sujet ne pouvait pas fournir une tragédie.<br />

Ce n'est pas tout, et voici ce que Fontanelle, en<br />

louant l'invention <strong>de</strong>s personnages <strong>de</strong> Sabine et <strong>de</strong><br />

Camille, n'a pas vu ou n'a pas voulu voir. Ces <strong>de</strong>ux<br />

rôles f que Fauteur a imaginés pour remplir le vi<strong>de</strong><br />

<strong>du</strong> sujet 9 ne <strong>la</strong>issent pas <strong>de</strong> le foire sentir quelquefois<br />

, même dans ces trois premiers actes si admirables<br />

d'ailleurs. Ils occupent <strong>la</strong> scène, mais plus<br />

d'une fois ils <strong>la</strong> font <strong>la</strong>nguir; enfin, ib n'eicitent<br />

guère qu'un intérêt <strong>de</strong> curiosité. Cette <strong>la</strong>ngueur se<br />

fait sentir dès les premières scènes; par «ample,<br />

lorsque Sabine, après avoir ouvert <strong>la</strong> pièce avec sa<br />

eonf<strong>de</strong>nte Julie, <strong>la</strong> quitte, sans aucune raison apparente,<br />

en voyant paraître Camille, ettit à celle-ci :<br />

Ma mu, «tntenes <strong>la</strong>ie ;<br />

lorsque Camille dit à cette coni<strong>de</strong>nte<br />

Qu'eut a tort ie vouloir que Je wmm éntreltauMl<br />

47§<br />

Il est reconnu que <strong>de</strong>s personnages dramatiques<br />

ne doivent pas venir sur <strong>la</strong> théâtre uniquement pour<br />

aVftJreleftff, et que chaque scène doit avoir un motif.<br />

Ce défaut est encore plus sensible au troisième<br />

acte f que Sabine commence par un monologue inutile,<br />

et dans <strong>la</strong> quatrième scène <strong>de</strong> ce mène acte,<br />

où Sabine et Camille disputent à qui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux est<br />

<strong>la</strong> plus malheureuse.<br />

Quand U tant que Pan meve t et pu les nialos <strong>de</strong> faille,<br />

Ceit on rmmmmmmmi Mm maovali qm te vôtw.<br />

Il est c<strong>la</strong>ir que cas raisonnements sont nécessairement<br />

froids f et qu'une sueur et une amante ,*pendant<br />

que lejfrère et l'amant sont aux mains, doivent<br />

foire autre chose que màswmer* On sent ici te côté<br />

faible <strong>du</strong> sujet. Sabine, quoique plus liée à l'action<br />

que l'Infante <strong>du</strong> dd9 quoique dans <strong>la</strong> première scène<br />

elle dise <strong>de</strong> très-belles choses, est pourtant un râle<br />

purement pssïf, et qui ne sert essentiellement à<br />

rien. Ma ne peut que s'affliger <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre qui sépare<br />

les <strong>de</strong>ux familles, et Ton est trop sûr qu'elle<br />

n'empêchera pas son époux Horace d'aller au combat<br />

, et que Camille n'aura pas plus <strong>de</strong> pouvoir sur<br />

Curiaet son amant. Le caractère <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux guerriers<br />

est trop prononcé pour qu'on puisse en douter.<br />

Les voilà donc ré<strong>du</strong>ites à attendre l'événement sans<br />

pouvoir y isiuer en rien ; et toutes les fois que fon<br />

établit sur <strong>la</strong> scène un combat d'intérêts opposés,<br />

c'est un principe <strong>de</strong> l'art que l'issue en doit être douteuse,<br />

et que les contre-poids réciproques doivent<br />

se ba<strong>la</strong>ncer <strong>de</strong> manière qu'un ne sache qui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

l'emportera. Quand Sabine vient proposer à son frère<br />

et à son mari <strong>de</strong> lui donner <strong>la</strong> tnort, et qu'elle leur<br />

dit:<br />

Qu'un ie ¥«» <strong>de</strong>ux rua tua, et que Fantra me veap,<br />

on sait trop qu'ils ne feront ni l'un ni l'autre. Ce<br />

n'est donc qu'une vaine déc<strong>la</strong>mation ; car Sabine ne<br />

doit pas plus le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu'ils ne doivent le faire :<br />

c'est un remplissage amené par <strong>de</strong>s sentiments peu<br />

naturels.<br />

D'un autre côté, l'a<strong>mont</strong> dé Camille, dans ces<br />

trois premiers actes, ne saurait pro<strong>du</strong>ire un grand<br />

effet. Pourquoi ? D'abord, c'est qu'il est exprimé aa»<br />

sei faiblement; ensuite 9 c'est que les <strong>de</strong>nt Horaces,<br />

et surtout le père, <strong>du</strong> moment qu'ils pnûssent,<br />

ont unegran<strong>de</strong>ur qui efface tout, et s'emparent <strong>de</strong><br />

tout l'intérêt.Tel est le coeur humain : quand il est<br />

fortement rempli d'un objet, il n'y a plus <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

pour tout le reste ; et c'est sur cette gran<strong>de</strong> vérité,<br />

dé<strong>mont</strong>rée par l'expérience, qu'est fondé ce principe<br />

d'unité qu'os a si ridiculement combattu, comme-<br />

" si c'eêt été une convention arbitraire, et non pas<br />

le vew <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Transportons-nous au théâtre;

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