la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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41%<br />
dinaire. <strong>la</strong> faisant <strong>de</strong> suite un grand nombre <strong>de</strong><br />
tel»! vers , il apprit aux Français que <strong>la</strong> dignité <strong>du</strong><br />
style achève <strong>de</strong> caractériser les personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
tragédie, comme le costume et les attitu<strong>de</strong>s caractérisent<br />
les igures sur <strong>la</strong> toile et sous le ciseau. Que<br />
serait-ce en effet si un peintre nous représentait<br />
Achille fétu comme Sosie,et mettant le poing sous<br />
le nez d'Agamemnon ? Cest précisément ce que M-<br />
•aient les poètes tragiques avant Corneille.- Des<br />
«pressions ignobles dans <strong>la</strong> bouche d'un grand<br />
personnage sont <strong>de</strong>s haillons qui couvrent un roi.<br />
Corneille écarta ces Kambeaui qui rendaient Melpepèaa<br />
méconnaissable, et <strong>la</strong> revêtit d'une robe<br />
majestueuse : il y <strong>la</strong>issa encore quelques taches; et,<br />
après lui, <strong>la</strong>c<strong>la</strong>e <strong>la</strong> couvrit d'or et <strong>de</strong> diamants.<br />
Mais t dit^on, comment ? avec cette noblesse con*<br />
tinue d'expression et cette harmonie nécessaire au<br />
vers, conserver un air <strong>de</strong> férlté qui ressemble à <strong>la</strong><br />
nature? à cette question il faut répondre comme<br />
Zenon à ceui qui niaient le mouvement : il marcha.<br />
Lisez nos bons écrivains dramatiques, et voyez si<br />
leur élégance été rien au naturel. Cest ici le moment<br />
<strong>de</strong> citer Corneille, puisqu'il a donné parmi nous le<br />
premier modëe <strong>de</strong> ce grand art <strong>du</strong> style tragique.<br />
Écoutez don Diègne défendant son Ils accusé par<br />
Chimène :<br />
' Qu'en est digne d*envle<br />
fyataaja'eo perdant <strong>la</strong> fort» os perd aussi là ¥te !<br />
Et qu'un long âge apporte aux hommes généreux,<br />
km bout <strong>de</strong> leur carrière , os <strong>de</strong>stin malheureux S<br />
Mot, dont tes Sosp travaux ont acquis tut <strong>de</strong> giofre;<br />
Mol, que Jadis partout a suM <strong>la</strong> victoire;<br />
le me vots aujourdliul {pour âfotr trop wém,<br />
Eeewolr us affront f et <strong>de</strong>meurer ft<strong>la</strong>co,<br />
Ce que n'a pu Jamais oornèat, siège, embusca<strong>de</strong>,<br />
Ce que s'a pu Jamais Aragon, ni Grena<strong>de</strong> 9<br />
m tous ? os enuem<strong>la</strong> , a! tous mes envieux,<br />
Le ouste, en voire «sur, l*a fait presque à vos jeux,<br />
Jaloux <strong>de</strong> votre choix et fier <strong>de</strong> l'avantage<br />
Que lui donnait sur mol f Impuissance <strong>de</strong> Fige,<br />
are 9 alliai eee cheveux Hanehls eous le harnais 9<br />
Ce tang, pour ¥©ui servir prodigué tant <strong>de</strong> fols,<br />
Ce bras , jadis l'effroi d'une armée ennemie,<br />
DeMendilent au tomteas tout nhargés dlnfuife 9<br />
SI Je n'eusse pro<strong>du</strong>it un Ui digne <strong>de</strong> mol,<br />
Digne àè son pays et digue <strong>de</strong> son roi.<br />
11 m'a prêté sa mais, Il a tué le conte;<br />
Il m'a ren<strong>du</strong> rhesneur, il a <strong>la</strong>vé ma hoste.<br />
81 <strong>mont</strong>rer <strong>du</strong> courage est <strong>du</strong> raeesttment t<br />
81 venger un souftlet mérite un chàtlmeut ;<br />
8i Qitiaèae ae p<strong>la</strong>int qui • tué son père f<br />
Due Peut jamais fait, si Jefeuase pu faire.<br />
IraBaolei donc es cAc/qu* les ans vont ravit,<br />
* Et conservai pour vous le bras qui peut servir.<br />
Aux dépens se mou sang satisfaites CMaaèaa;<br />
Je n'y réftate potntf Jeexaisaiis à WMpéne;<br />
BHotn<strong>de</strong> mmmwm d'us rigstusu décret,<br />
Mourant sans déshûPAeur$ Je .monrrai sans regret.<br />
Eh Mon («xe§fté te mot <strong>de</strong> eie/ejii a vieilli dans<br />
te sens <strong>de</strong> me, prtfeaMeaiifit parce qu'il est sujet à<br />
l'équivoqm) f a4-liliiig tout ce morceau fi vigou<br />
CODES ME L1TTÉBATIME.<br />
reux, il animé, si pathétique, un seul mot au-<strong>de</strong>ssous<br />
<strong>du</strong> style noble, et en mime temps y en a-t-II<br />
un seul qui ne joit dans <strong>la</strong> nature et dans <strong>la</strong> ? érité f<br />
On entend un beau <strong>la</strong>ngage9 <strong>de</strong>s fers nombreux; et<br />
en même temp que IVeille et l'imagination sont<br />
f<strong>la</strong>ttéesv Fâme est toujours satisfaite et jamais<br />
trompée : elle atone, elle reconnaît tout ce qu'elle<br />
entend. C'était là fheureui secret qu'il fUMt découvrir,<br />
le problème qu'il fal<strong>la</strong>it résoudre ; et peut-on<br />
s'étonner <strong>de</strong> f effet prodigieux qu'éprouva toute <strong>la</strong><br />
France <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> l'admiration universelle,<br />
<strong>la</strong> première fois qu 9 on entendit un <strong>la</strong>ngage si nouveau<br />
, si supérieur à tout ce qui existait anparavant ?<br />
Quelle distance <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> Seudéry1 <strong>de</strong> Bensora<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong> Deryer, <strong>de</strong> Mairet f <strong>de</strong> Tristan t <strong>de</strong> Rotron,<br />
à cette merveille <strong>du</strong> CM! Eotrou s'en rapprocha<br />
<strong>de</strong>puis dans Femmslm ; mais quoique Corneille eût<br />
<strong>la</strong> déférence <strong>de</strong> rappeler sm père , parce qu'il n'était<br />
entré qu'après lui dans <strong>la</strong> carrière <strong>du</strong> théâtre, cependant,<br />
comme Eotrou n'avait rien pro<strong>du</strong>it jusque-là<br />
qui ne lût au-<strong>de</strong>ssous <strong>du</strong> médiocre, et que le seul<br />
ouvrage qui lui ait survécu n 9 a paru que six ans<br />
après h CM, <strong>la</strong> justice f eut qu ? on le range parmi<br />
ceux qui proitèrent à l'école <strong>du</strong> grand Corneille, et<br />
c'est à ce rang que j'en parlerai.<br />
Pour développer d'abord le grand changement<br />
que fauteur <strong>du</strong> CM intro<strong>du</strong>isit dans lestyle tragique,<br />
j s ai un peu anticipé sur ce que j'avais à dire <strong>de</strong> cette<br />
mémorable époque <strong>de</strong> notre théâtre, et a?ant <strong>de</strong> m'y<br />
arrêter, je dois dire un mot <strong>de</strong> Médé$, qui <strong>la</strong> précéda<br />
; car on me dispensera sans doute <strong>de</strong> parier <strong>de</strong>s<br />
premières comédies <strong>de</strong> Corneille. On se sourient<br />
seulement qu'il les a Mtes, et que, sans rien valoir,<br />
elles valent mieux que' toutes celles <strong>de</strong> son temps.<br />
Cest quand il donna k Memkm qu'il eut encore <strong>la</strong><br />
gloire <strong>de</strong> précé<strong>de</strong>r Molière dans les pièces <strong>de</strong> caractère.<br />
Maintenant je ne considère en lui quête pèn<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie.<br />
seertea n. — Corneille.<br />
Son coup d'essai fut Méêèê : le sujet n'était pas<br />
très-heureux : eMe n'eut qu'un succès médiocre. U<br />
n f est pas surprenant que Longepierre, qui travail<strong>la</strong><br />
sur le même sujet environ soixante ans après, Tait<br />
manié avec plus d'art, et soit parvenu à y répandre<br />
asseï d'intérêt pour taire voir sa pièce <strong>de</strong> temp en<br />
tempatecquelquep<strong>la</strong>isir, malgré sesdéfauts, quand<br />
il se trouve une actrice propre à faire valoir le rôle<br />
<strong>de</strong> Médée : soixante ans <strong>de</strong> lumières et do modèle<br />
sont d'un grand se<strong>cours</strong>, même pour un talent aaédioen.<br />
Mais le talent sublime <strong>de</strong> Corneille s f aaeeea<br />
çait déjà dans sa Médée (quoique mal conçue et mal<br />
écrite) par quelques morceaux d'une force et atone<br />
élévation <strong>de</strong> style inconnues avant lui. Tel est m