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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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4G4<br />

préaux pour les envoyer I celte <strong>du</strong> père le Moine ?<br />

Je n'insisterai pas sur Finjure ;que l'on fait à<br />

nos poêles c<strong>la</strong>ssiques, en trouvant l'auteur <strong>du</strong> Saint-<br />

Louis plus poète qu'oui. C'est un outrage sans conséquence,<br />

auquel ils répon<strong>de</strong>nt assez par un siècle<br />

<strong>de</strong> gloire et le suffrage <strong>de</strong> toutes les nations. Je<br />

me contenterai d'affirmer avec tous les connaisseurs,<br />

que, si l'on donne aux mots leur acception<br />

légitime, si <strong>la</strong> vraie poésie n'est en effet que l'expression<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> belle nature, le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> l'imagination<br />

con<strong>du</strong>ite par ta raison et le goût, Faccofd<br />

heureux et soutenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> force et <strong>de</strong> <strong>la</strong> justesse, <strong>du</strong><br />

sentiment et <strong>de</strong> l'harmonie, il y a plus <strong>de</strong> poésie<br />

cent fois dans JtkaMe, dans <strong>la</strong> Hmria<strong>de</strong>, et même<br />

dans le Lutrin, que dans les dix-Huit mortels<br />

chants <strong>du</strong> Saint-Louis. Qu'il me soit permis, pour<br />

sortir <strong>de</strong> toute cette barbarie, <strong>de</strong> inir par un mor-,<br />

ceau <strong>de</strong> cette Hmria<strong>de</strong> qu'il est <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> aujourd'hui<br />

<strong>de</strong> dénigrer. 11 suffit pour faire voir si nous<br />

sommes en effet si Umi<strong>de</strong>s , et si notre poésie 9 sous<br />

<strong>la</strong> plume d'un grand maître, ne sait pas exprimer<br />

même les objets qui semblent lui être le plus étrangers.<br />

Bain te centra éc<strong>la</strong>tant <strong>de</strong> ces orbes Immenses,<br />

Qui n'est pi nous cacher leur marche et leurs lUstasees t<br />

Luit est astre <strong>du</strong> jour, par Dieu même allumé,<br />

Qui tourne autour <strong>de</strong> sol sur sou axe esûammé :<br />

De lui partent sans fa <strong>de</strong>s torrents <strong>de</strong> lumière ;<br />

Il donne t en se <strong>mont</strong>rant, <strong>la</strong> vie à <strong>la</strong> matière,<br />

Et dispense les jours $ les saisons et les ans<br />

A <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s il fers, autour <strong>de</strong> lui flottants.<br />

Ces astres f assertI» à <strong>la</strong> loi qui les presse,<br />

S'attirent dans leur <strong>cours</strong>e, et s'évitent sans cesse;<br />

.Et serrant Fus à l'autre et <strong>de</strong> règle et d'appui ,<br />

Se prêtent les c<strong>la</strong>rtés qu'Us reçoivent <strong>de</strong> lui.<br />

Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> leurs <strong>cours</strong> $ et loin dans cet espace<br />

Ou ls matière nage, et que Dieu seul embrasse,<br />

Sont <strong>de</strong>s soleils sans nombre et <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s sans in.<br />

Bans cet abîme Immense il leur ouvre un chemin.<br />

Par <strong>de</strong>là tous ces ctenx le dieu <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rési<strong>de</strong>.<br />

Enten<strong>de</strong>z-vous le chant <strong>du</strong> pue te? n'est-il pas dans<br />

les eieux? n ? y êtes-vous pas avec lui ? sont-ee là <strong>de</strong>s<br />

beautés assez originales? où en était le modèle? qui<br />

M i serti <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> quand il prenait ce sublime<br />

essor? Son génie, le génie <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie, dont l'œil<br />

sait tout ?oîrf dont le pinceau peut tont rendre,<br />

dont <strong>la</strong> voix peut tetil chanter. Et <strong>de</strong>s barbares<br />

oseront comparer, préférer même !.. * Je m'arrête. He<br />

passons pas <strong>de</strong> Fadmiration à <strong>la</strong> colère : il y aurait<br />

trop à perdre. J'en dirai davantage lorsque, dans le<br />

dix-huitième siècle, nous retrouverons, marchant<br />

d'un pas plus ferme sur les traces <strong>de</strong> Voltaire t k<br />

muse <strong>de</strong> l'épopée, qui n'a fait que s'égarer dans le<br />

précé<strong>de</strong>nt. U est temps <strong>de</strong> suivre y au tyoint où nous<br />

en sommes, une muse plus heureuse, celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tragédie, qu 9 alon le grand GorneUle p<strong>la</strong>çait avec lui<br />

sur le même trêne.<br />

COUES DE LkTTÉLUTDBk.<br />

CHAPITRE II. — Du ikééêre français, et <strong>de</strong><br />

Pierre CormeUk.<br />

MBCIMM PADUèIS. — Poètes .tragiques avant Corneille.<br />

Mon <strong>de</strong>ssein n'est par <strong>de</strong> faire l'histoire <strong>de</strong> ce qu'on<br />

appelle les premiers âges <strong>du</strong> théâtre français; on ne<br />

doit pas même donner ce nom ans tréteaux <strong>de</strong>s Cornfrères<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion, <strong>de</strong>s Enfants sans souci, et<br />

<strong>de</strong>s Ckrcs <strong>de</strong> tm Bazocke. Une partie <strong>de</strong> ces farces<br />

intitulées Mystères , publiée dans les premiers<br />

temps où l'imprimerie fut connue f se conserve encore<br />

dans les bibliothèques <strong>de</strong>s curieux, qui mettent<br />

un grand prix aux livres qu'on ne lit point. On<br />

en trouve <strong>de</strong>s «traits multipliés dans cette foule <strong>de</strong><br />

compi<strong>la</strong>teurs qui se copient les uns les autres, et<br />

dont les recherches historiques sur notre théâtre se<br />

repro<strong>du</strong>isent tous les jours dans ces recueils où l'on<br />

a tout mis, excepté <strong>de</strong> l'esprit et <strong>du</strong> goût. La seule<br />

nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s auteurs le Mystères et <strong>de</strong> Moraines<br />

(ce sont les titres <strong>de</strong> nos anciennes pièces) est<br />

presque aussi nombreuse que celle <strong>de</strong> nos poètes<br />

dramatiques <strong>de</strong>puis Corneille. Je remarquerai seulement<br />

qu'il n'est pas étonnant que nos îlrres saints<br />

aient fourni <strong>la</strong> matière <strong>de</strong> toutes ces pro<strong>du</strong>ctions<br />

informes : c'étaient les objets les plus familiers au<br />

peuple, qui ne lisait point; et, dans un temps où les<br />

connaissances étaient aussi rares que les livres, <strong>la</strong><br />

multitu<strong>de</strong> aimait à retrouver au spectacle les mêmes<br />

sujets qui l'édifiaient à l'église. Les croisa<strong>de</strong>s $ qui<br />

avaient transporté l'Europe en Asie, ajoutaient<br />

encore à cet esprit religieux, échauffé par <strong>la</strong> vue<br />

<strong>de</strong>s lieux saints qui avaient été le théâtre <strong>de</strong>s souffrances<br />

d'un Bleu sauveur, ou par les récits qu'en<br />

faisaient ceux que le zèle y avait con<strong>du</strong>its; et cette<br />

espèce <strong>de</strong> ferveur'subsistait encore longtemps après<br />

ces expéditions lointaines, dans <strong>de</strong>s siècles où <strong>la</strong><br />

religion, bien ou mal appliquée, était le'ressort 1e<br />

plus uni?erse! qui pût mouvoir les peuples.<br />

Le diable jouait ordinairement un grand rôle dans<br />

ces représentations grotesquement mystiques, tel<br />

qu'il le joue encore dans les autos saerameniaieê<br />

ou actes smemmemtaux <strong>du</strong> théâtre espagnol. Il n'est<br />

que trop facile <strong>de</strong> s'égayer sur ces pro<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong>s<br />

temps d'ignorance et <strong>de</strong> grossièreté; mais il ne faut<br />

en ce genre employer le ridicule qu'au proit <strong>de</strong> Finstraction,<br />

et nous n'avons rien i gagner Ici à nous<br />

moquer <strong>de</strong> nos pères. Les auteurs pouvaient-Us en<br />

savoir davantage, quand les spectateurs ne savaient<br />

pas lire?<br />

SI nous leur reprochons <strong>de</strong> n'avoir pas <strong>de</strong>viné ce<br />

qu'ils ne pouvaient pas savoir, ne seraient-ils pas<br />

plus fondés à nous reprocher <strong>de</strong> corrompre tous les<br />

jours ce qu'on nous a si bien appris ?

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