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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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456<br />

COURS DE IJTTÉMTU1B.<br />

Mtoàt» c?ara et <strong>la</strong>tte, esetaf © malhsttNux t<br />

Qui gémis sous lt poids <strong>de</strong>s affaires publiques,<br />

Victime dévouée aux chagrins politiques,<br />

Fantôme référé sous un titre onéreux ! •<br />

Vois combien <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs te comble est dangereux !<br />

Contemple <strong>de</strong> Foequet les funestes reliques,<br />

Et tandis qu'à sa perte es secret tu rappliques,<br />

Crains qu'on ne te prépara ne <strong>de</strong>stlo plus affreux*<br />

Il part plus d'us revers <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Sa fortune :<br />

La chute, comme à lui, te peut être commune;<br />

le! ne tombe innocent d'où Ton te ¥oit <strong>mont</strong>é.<br />

Cesse donc d'animer ton prince à son supplice,<br />

Et, près d'avoir besoin <strong>de</strong> toute sa bonté ,<br />

le le fais pas user <strong>de</strong> toute sa Justice.<br />

La tournure <strong>de</strong>s vers est un peu uniforme; mais<br />

elle est ferme, et <strong>la</strong> précision 9 l'élégance, <strong>la</strong> noblesse<br />

peuvent racheter quelques fautes. Voici le sonnet<br />

<strong>de</strong> Fontenelle :<br />

'le suis (criait jadis Apollon à Daphné,<br />

Lorsque tout hors d'haleine il courait après die,<br />

Et lui contait pourtant <strong>la</strong> longue kyrielle<br />

Des rares qualités dont il était erné ) ;<br />

le suis le dieu <strong>de</strong>s ¥@rs, Je suis bel-esprit né.<br />

Mais les vers n'étalent point le chenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle. .<br />

Je sais Jouer <strong>du</strong> luth. Arrêtes. — Bagatelle.<br />

Le luth se pouvait rien sur ce cœur obstiné..<br />

le connais <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> moindre racine,<br />

le suis, par mon savoir, dieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine.<br />

Daphiié courait encor plus vite que Jamais.<br />

Mais s'il eût dit : Voyez quelle est votre conquête,<br />

le suis un jeune dieu toujours beau, toujours frais,<br />

Daphné sur ma parole aurait tourné <strong>la</strong> tète.<br />

Pour traiter <strong>de</strong> suite les genres <strong>de</strong> poésie qui<br />

avaient <strong>du</strong> rapport entre em, j'ai <strong>la</strong>issé m arrière <strong>la</strong><br />

satire et le conte, qui, dès le temps <strong>de</strong> Malherbe,<br />

firent <strong>de</strong> grands progrès sous <strong>la</strong> plume <strong>de</strong> Régnier<br />

et <strong>de</strong> Passerat. 11 suffit <strong>de</strong> dire, pour <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong><br />

celui-ci ; que sa pièce intitulée l'homme métamorphosé<br />

m c&wcm est digne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine. Il a eu,<br />

dans cette seule pièce à <strong>la</strong> vérité, le naturel charmant<br />

et Ses grâces <strong>de</strong> notre/eôlfer. Le sujet, quoique<br />

sans aucune indécence, n'est pourtant pas <strong>de</strong><br />

nature à pouvoir s'en permettre nne lecture publique.<br />

Mais on le trouve dans tous les recueils , et<br />

<strong>la</strong> pièce est si bien faite d'un bout à l'autre que j'aurais<br />

<strong>du</strong> regret <strong>de</strong> <strong>la</strong> morceler. Ce petit chef-d'œuvre<br />

<strong>du</strong> seizième siècle prouve encore ce que j'ai dit ailleurs,<br />

que tout ce qui comporte le style familier a<br />

été porté à un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfection longtemps<br />

avant tout le reste. A l'égard <strong>de</strong> Régnier, on sait ce<br />

qu 9 en a dit Boileau, après avoir parlé d'Horace et<br />

<strong>de</strong> Juvéaal :.<br />

De ces maîtres savants disciple ingénieux,<br />

Régnier, seul parmi nous, formé sur leurs modèles,<br />

Dans son vieux style encore a <strong>de</strong>s grâces nouvelles.<br />

Et m qui était vrai alors n'a pas cessé <strong>de</strong> l'être aujourd'hui.<br />

Despréaui Fa bien surpassé, mais il ne<br />

l'a fm foiC oublier; et que peutroo dire <strong>de</strong> plus à <strong>la</strong><br />

louange <strong>de</strong> Régnier! Voilà donc tons les genres <strong>de</strong><br />

poésie qu'on peut appeler <strong>du</strong> second ordre, para<br />

qu'ils n'exigent point d'invention, déjà créés en<br />

France, où nous les verrons se perfectionner dans<br />

le siècle <strong>de</strong> Louis XIV et dans le nôtre. Il reste <strong>la</strong><br />

poésie <strong>du</strong> premier ordre, l'épopée et le théâtre. Celui-ci<br />

va bientôt acquérir <strong>la</strong> plus haute splen<strong>de</strong>ur 9<br />

grâces au génie puissant <strong>de</strong> Corneille. La muse épique<br />

, moins heureuse, ne it que bégayer, même dans<br />

un temps où toutes les autres parlèrent le <strong>la</strong>ngage<br />

qui <strong>de</strong>vait leur appartenir.<br />

C'est <strong>la</strong> seule couronne qui ait manqué à ce grand<br />

siècle, où d'ailleurs <strong>la</strong> France en a tant amassé qui<br />

ncfse flétriront jamais. U faut voir quels obstacles<br />

purent s'opposer dans ce sepl genre au progrès<br />

qu'elle faisait c<strong>la</strong>ns tous les autres.<br />

Si l'on en juge par le petit nombre d'hommes qui<br />

chez les anciens et chez les mo<strong>de</strong>rnes ont eu le bonheur<br />

d'y réussir, ce doit être le plus difficile <strong>de</strong> tous.<br />

Il est soumis à moins d'entraves que <strong>la</strong> tragédie; il<br />

a bien plus d'espace, <strong>de</strong> moyens et <strong>de</strong> ressources :<br />

mais aussi sa carrière est immense, et il fout bien<br />

<strong>de</strong> l'haleine pour <strong>la</strong> parcourir d'un pas égal. Il s'est<br />

pas obligé <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> si grands effets; mais<br />

ceux qu' il doit atteindre sont en plus grand nombre.<br />

Le poète épique a presque toujours <strong>la</strong> liberté d'être<br />

poète sans se cacher <strong>de</strong> l'être 9 avantage que n'a pas<br />

le poète tragique, qui parle toujours sous d'autres<br />

noms; mais aussi on lui impose l'obligation d'être<br />

toujours poète autant qu'il est possible, et <strong>de</strong> soutenir<br />

le ton d'un homme inspiré. Enfin l'intérêt d'ut»<br />

ou <strong>de</strong>ui situations et l'illusion <strong>du</strong> théâtre peuvent<br />

faire vivre un drame médiocre, au moinsjur <strong>la</strong> scène ;<br />

mais le poème épique, qui doit être lu, ne supporta<br />

pas <strong>la</strong> médiocrité, et <strong>la</strong> fable <strong>la</strong> mieux faite ne saurait<br />

y racheter le défaut <strong>de</strong> style. Malgré tant <strong>de</strong><br />

difficultés, les poètes épiques parurent en foule dans<br />

te dix-septième siècle : il est vrai que c'étaient pour<br />

<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s, hommes sans talent. On ne connaît<br />

plus le titre <strong>de</strong> leurs poèmes que par les satires <strong>de</strong><br />

Boileau. Le Chartemagnc, le Chil<strong>de</strong>brmnd, le Jfonos,<br />

h Moïse, le Ciovis, YA<strong>la</strong>rte, furent appréciés<br />

à leur juste valeur, même par les contemporains.<br />

La patience <strong>la</strong> plus infatigable ne soutiendrait pas<br />

<strong>la</strong> lecture suivie <strong>de</strong> ces ennuyeuses pro<strong>du</strong>ctions, à<br />

peu près aussi mauvaises par le fond que par le style»<br />

Que dire, par exemple, d'un Scudéry, qui s'avise<br />

<strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire le roi <strong>de</strong>s Ooths dans un désert 9 sur les<br />

côtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer <strong>du</strong> Nord, où il trouve un Hibomois<br />

qui <strong>de</strong>puis trente ans s'est retiré solitaire dans une<br />

caverne pour lire et étudier à son aise ? Ce studieux<br />

ermite lui prouve par un long dis<strong>cours</strong> qu'il n'y a<br />

rien <strong>de</strong> plus beau que <strong>la</strong> science y ce qui est fort utile

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