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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XI?. — POÉSIE.<br />

n'était m savant ni bon écrivain; mais il n 9 est pas<br />

wrri qu'il fit sans gaieté. Un homme qui faisait<br />

rire 1e cardinal <strong>de</strong> Richelieu, détail avoir k moi<br />

ptmrlre.<br />

Yoiture et Bensera<strong>de</strong>, les <strong>de</strong>ux poètes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour,<br />

par eieeltence*, <strong>du</strong>rent aussi leur fortune à un esprit<br />

aimable et liant 9 et à <strong>de</strong>s talents agréables. On<br />

n'ignore pas que le premier, d'une naissance trèscommune,<br />

s'éleva par l'amitié <strong>de</strong>s grands et <strong>la</strong> £a«<br />

vcur <strong>de</strong> <strong>la</strong> reise-mèrey à un assez haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

considération. Ses p<strong>la</strong>ces et son crédit répandirent<br />

sur lui un éc<strong>la</strong>t qui rejaillit toujours sur <strong>la</strong> réputa*<br />

tion littéraire. La sienne fut une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s<br />

dont un homme <strong>de</strong> lettres ait joui <strong>de</strong> son vivant.<br />

On a reproché à Bofleau d'en a?oir été <strong>la</strong> <strong>du</strong>pe;<br />

mais il faudrait se soutenir aussi que dans <strong>la</strong> suite<br />

il restreignit beaucoup ses éloges : <strong>la</strong> postérité,<br />

encore plus sévère $ les a ré<strong>du</strong>its presque à rien. Ses<br />

lettres f autrefois si recherchées 9 et qui faisaient les<br />

délices <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fille, ne sont plus lues<br />

que par curiosité, et eommeon ? a YOïF dans un gar<strong>de</strong>meuble<br />

les mo<strong>de</strong>s <strong>du</strong> temps passé. Cependant il faut<br />

contenir f al eut une sorte d'esprit qui lui était particulière<br />

et qui <strong>de</strong>vait lé distinguer : c'était un enjouement<br />

quelquefois délicat et fin, qui contrastait<br />

avec l'emphase oratoire <strong>de</strong> Balzac, et <strong>la</strong> ga<strong>la</strong>nterie<br />

fa<strong>de</strong> et a<strong>la</strong>mbiquée <strong>de</strong>s poètes et <strong>de</strong>s romaociers <strong>de</strong><br />

son temps; mais chez lui l'affectation gâte tout,.et<br />

ses succès mime servirent à régarer. On lui trouvait<br />

<strong>de</strong> l'agrément : il vou<strong>la</strong>it être toujours agréable,<br />

et cessa d'être naturel. Il se mît à raffiner sur tout,<br />

et à travailler son badinage et sa gaieté, qui dès lors<br />

me furent le plus souvent que <strong>de</strong> mauvaises équivoques,<br />

<strong>de</strong>s quolibets, <strong>de</strong>s pointes énigmatiques, un<br />

jargon précieux; enf<strong>la</strong> il trouva le moyen <strong>de</strong> tomber<br />

dans ce qu'on appelle hpkéètts en vou<strong>la</strong>nt être<br />

gai, comme tant d'autres en vou<strong>la</strong>nt être sublimes.<br />

Il ressemb<strong>la</strong>it à ces p<strong>la</strong>isants <strong>de</strong> profession, à ces<br />

bouffons <strong>de</strong> société, qui se croyant toujours obligés<br />

<strong>de</strong> faire rire, pour <strong>de</strong>ux ou trois traits heureux qu'ils<br />

rencontrent, se permettent cent sottises. Tel est<br />

Voiture dans ses lettres. A l'égard <strong>de</strong> sa versiflcation<br />

elle est lâche, diffuse et incorrecte, et souvent prosaïque<br />

jusqu'à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>titu<strong>de</strong>. C'est à lui surtout qu'on<br />

peut appliquer ces vers <strong>de</strong> Voltaire :<br />

li dit avec prefastoo<br />

Des riens m rimes redoublées.<br />

Li seule pièce <strong>de</strong> lui qui ait quelque mérite, celle<br />

qu'il adressa au grand Condé, au sujet d'une ma<strong>la</strong>die<br />

qui attaqua ce prince après <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong><br />

1643, est en général d'un ton facile et enjoué, mais<br />

ne roule que sur <strong>de</strong>ux ou trois idées proliiement dé<strong>la</strong>yées<br />

dans trois cents vers. Ce défaut serait moins<br />

' 463<br />

sensible, si Fexpression poétique remplissait le vi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s pesées; mais elle manquait entièrement à fauteur,<br />

beaucoup plus homme d'esprit que poète. Citons<br />

am morceau <strong>de</strong> cette épttre.<br />

La mort, tpl dam te efaamf» <strong>de</strong> Min t<br />

' Parmi les cris et les a<strong>la</strong>rmes 9<br />

Les feux, les g<strong>la</strong>ires et les dardi,<br />

La foreur et le brait <strong>de</strong>s armes t<br />

' Vous parut avoir quelques charmes ,<br />

EtYoïis semb<strong>la</strong> belle autrefois,<br />

â cheral et sons le haraois 9<br />

MVt-elle pas une autre mine<br />

Lorsqu'à pas lents elle chemine<br />

Vers un ma<strong>la</strong><strong>de</strong> qui <strong>la</strong>nguit?<br />

Et semble- t-eîle pas bien <strong>la</strong>tdf<br />

Quand elle vient t tremb<strong>la</strong>nte et/miêe,<br />

Prendre un homme éedsm son lit?<br />

Lorsque Fon se rot! assaillir<br />

Par un secret Tonln qui tue t<br />

Et que Fon se sent défaillir<br />

Les forées, Fesprit et <strong>la</strong> rue ;<br />

Quand os volt que les mé<strong>de</strong>cins<br />

Se trompent dans tous leurs <strong>de</strong>sseins ,<br />

Et qu'avec un visage blême t<br />

On ¥oit quelqu'un qui dit tout bas :<br />

Bfourra-t-ti* ne moorra-t-il pas,<br />

ba-trll jusqu'au quatorzième?<br />

Monseigneur, en ce triste état<br />

Gontaoei que le eoear ions bat,<br />

Comme 11 fait à aa»f que nous sommes,<br />

Et que fous autres <strong>de</strong>mi-dieux f<br />

Quand <strong>la</strong> mort ferme aussi aoa yeux,<br />

âaea peur comme d'autres hommes.<br />

Tout cet appareil <strong>de</strong>s mourants,<br />

Un confesseur qui vous exhorte,<br />

Un ami qui se âéewtfwte,<br />

Des valets tristes et pleurants,<br />

Nous font voir <strong>la</strong> mort plus horrible.<br />

Je crois qu'elle était moins terrible,<br />

Et marchait avec moins d'effroi,<br />

Quand mm <strong>la</strong> fîtes aux <strong>mont</strong>agnes<br />

De Fribourg f et dans les campagnes<br />

Ou <strong>de</strong> Hofillogne ou <strong>de</strong> Eocrol.<br />

Malgré toutes tes répétitions, toutes les Inutilités,<br />

toutes les fautes <strong>de</strong> ce morceau 9 le contrasta <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mort qu'on brave dans les batailles et qu'on craint<br />

dans sou lit est nue idée assez heureuse, et il y a<br />

quelque grâce à dire à un héros tel que Condé, que<br />

celui qui n'a pas eu peur <strong>du</strong> canon peut avoir eu peur<br />

<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins. C'est là Fesprit <strong>de</strong> Voiture, et cet art<br />

d'assaisonner <strong>la</strong> louange <strong>du</strong> sel <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie<br />

mérite <strong>de</strong>s éloges.<br />

Voltaire, qui savait si Mes se servi? <strong>de</strong> Fesprit<br />

d'autan, parce qu'il en avait prodigieusement, a<br />

employé dans une o<strong>de</strong> ce contraste <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ui espèces<br />

<strong>de</strong> morts ; et il est assez curieux d'observer <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s idées, avec <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> ton qui<br />

doit se trouver entre une épttre familière et une o<strong>de</strong> :<br />

Lorsau'en <strong>de</strong>s tourbillons <strong>de</strong> <strong>la</strong>mine et <strong>de</strong> fumée t<br />

Cent tonnerres d'airain t précédés <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>irs,<br />

De leurs globes brû<strong>la</strong>nit écrasent une armée;<br />

Quand <strong>de</strong> guerriers mmtmmtM les siUoû» soat couverts»<br />

Tfcus ceux qtfépargaa là foudre,<br />

Voyant rouler dans <strong>la</strong> poudre<br />

Leurs eompagooaa magsacrés t

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