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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE,<br />

mr les iôiceirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> retraite; mais il paraphrase i<br />

us peu longuement, et s'il imite leur naturel, il s'égale<br />

pas leur précision. (Test le seul défaut <strong>de</strong> ces<br />

stances* sur <strong>la</strong> retraite, plus d'une fois citées par les<br />

amateurs f comme en <strong>de</strong> ses meilleurs morceaux. '<br />

Les yers se lient facilement les uns aux antres ; ils<br />

sont doux et cou<strong>la</strong>nts : mais comme <strong>la</strong> pièce est nn<br />

peu longue, cette sorte <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngueur qu'on aime pendant<br />

trois on quatre stances, défient monotone,<br />

quand on en lit sept ou huit. En ¥oiei quelques-unes :<br />

Tlrcte, U faut penser à luire <strong>la</strong> s retraita :<br />

La <strong>cours</strong>e <strong>de</strong> nos Jours est plus cfu*à <strong>de</strong>mi faite ;<br />

L'âge ItisciiftfMeïiient nous con<strong>du</strong>it à ia mort<br />

Mous avens assez vu, sur <strong>la</strong> mer <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>,<br />

Errer au gré <strong>de</strong>s Ilots notre nef wagahoo<strong>de</strong> :<br />

U est tempe <strong>de</strong> jouir <strong>de</strong>s déliées <strong>du</strong> port<br />

Le Men <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune est sa bien périssable;<br />

Quand on bâtit fur elle, on bâtit sur le sable :<br />

Plus on est élevé, plus on court <strong>de</strong> dangers ;<br />

Les grands pins sont m butte aux coup <strong>de</strong> <strong>la</strong> tempête ,<br />

Et <strong>la</strong> rage <strong>de</strong>s vents brise plutôt te faite<br />

Des maisons <strong>de</strong> usa rois que les toits <strong>de</strong>s bergers.<br />

O bleu heureux celui cful peut <strong>de</strong> sa mémoire<br />

Effacer pour Jamais les vains désirs <strong>de</strong> gloire ,<br />

Dont nautile soin traverse ries p<strong>la</strong>isirs;<br />

Et qui loin retiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule importune,<br />

Vivant dans sa maison , content <strong>de</strong> sa fortune 9<br />

4 selon son pouvoir mesuré ses désirs!<br />

C'est un objet <strong>de</strong> comparaison assez curieux, que<br />

<strong>de</strong> mit précisément les mêmes idées renfermées dans<br />

le même nombre <strong>de</strong> fers par le grand fersliealeor<br />

Despréaus:<br />

Qu'heureux est le mortel qui, <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> Ignoré,<br />

lit content <strong>de</strong> lui-môme en us ce<strong>la</strong> retiré ;<br />

Que f amour <strong>de</strong> ce r§en qu'on nomme renommée ,<br />

H'aJamais enivré d'une vaine fumée;<br />

Qui <strong>de</strong> sa liberté forme tout son p<strong>la</strong>isir,<br />

Et M rend qu'à lui seul compte <strong>de</strong> ton loisir 1<br />

Peut-être serait-il difficile <strong>de</strong> choisir. L'expression<br />

- est certainement pies poétique dans les <strong>de</strong>rniers;<br />

mais il règne dans les astres je se sais quel abandon<br />

qui petit ba<strong>la</strong>ncer l'élégance.<br />

La diction est plus soignée dans les mm <strong>de</strong> Mayiiard;<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue s'y épure <strong>de</strong> plus en plus ; mais ses<br />

wers plus travaillés n'ont pas le caractère aimable<br />

<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Racan. On a <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>s sonnets et <strong>de</strong>s<br />

épîgrammes d'une bonne tournure et d'une expression<br />

choisie; mais il est toujours un peu froid. Si<br />

jamais on a pu appliquer particulièrement à quelqu'un<br />

ces vers <strong>de</strong> madame Deshoulières, qui sont<br />

assez frais <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>,<br />

Bai s'est content <strong>de</strong> sa fortune,<br />

Il naéeeataat <strong>de</strong> son esprit f<br />

e*tj$t surtout & Maynard. Il loue sans cesse son talent,<br />

et même un peu an <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s libertés poétiques f<br />

1 L'artktoest <strong>de</strong> trop : Si faut Mm faim fttmite.<br />

4M<br />

et se p<strong>la</strong>int continuellement <strong>du</strong> peu <strong>de</strong> fruit qu'il en<br />

retira. (Test ce qu'os verra dans le sonnet suivant,<br />

qui peut d'ailleurs faire juger <strong>de</strong> sa manière d'éerlr©<br />

dans le genre noble, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté, <strong>de</strong> <strong>la</strong> correction<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong> ses vers.<br />

Mes veil<strong>la</strong>i , qui partout se faat <strong>de</strong>s partisans ,<br />

N'ont pu, toucher le eœar <strong>de</strong> ma * gran<strong>de</strong> princesse;<br />

Et te Pa<strong>la</strong>is-<strong>Royal</strong> va traiter mes vieux ans<br />

De même que le Louvre a traité ma Jennesee*<br />

Jamais an bon succès s'accompagna mes vœux f<br />

Bien que ma voix me fasse un <strong>de</strong>s cygnes <strong>de</strong> France ;<br />

Doue lustres entiers ont b<strong>la</strong>nchi mes cheveu t<br />

Depuis que ma tarin se p<strong>la</strong>int <strong>de</strong> l'espérance.<br />

Un si constant reproche à <strong>la</strong> Un m'a <strong>la</strong>ssé,<br />

Et Je vota à regret, en' mon âge g<strong>la</strong>cé,<br />

Que <strong>la</strong> <strong>la</strong>veur me fuit et que <strong>la</strong> cour me trompa.<br />

Voisin, comme Je suis, <strong>du</strong> rivage <strong>de</strong>s morts,<br />

A quoi me servirait d'acquérir <strong>de</strong>s trésors?<br />

Qu'à me faire enterrer aweeqm pins <strong>de</strong> pompe.<br />

Ses <strong>de</strong>ux pièces les plus connues et les meilleur»<br />

sont œlks qui regar<strong>de</strong>nt le cardinal <strong>de</strong> Richelieu ;<br />

et malheureusement l'une est un éloge -, et rentre<br />

une satire.<br />

Armand f Page affaiblit mes yeux 9<br />

Et toute mm chaleur me quitte ;<br />

Je Terrai bientôt mes aïeux y<br />

Sur M rivage <strong>du</strong> Coeyte.<br />

Cest où Je serai <strong>de</strong>s suivants<br />

Be ce bon monarque <strong>de</strong> France,<br />

Qui fut le père <strong>de</strong>s savants ,<br />

Bans un siècle plein d'ignorance.<br />

Dès que J'approcherai <strong>de</strong> <strong>la</strong>i»<br />

II voudra que Je lui raconte<br />

Tout ce que tu fais auJourd§hui<br />

Four combler l'Espagne <strong>de</strong> fiante*<br />

Je contenterai son désir<br />

Par le beau récit <strong>de</strong> ta vie,<br />

Et charmerai le dép<strong>la</strong>isir<br />

Qui lui fait maudire Pavie.<br />

Mais s'il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à quel emploi<br />

Tu m'as occupé dans ce mon<strong>de</strong>,<br />

Et quel bien f ai reçu <strong>de</strong> toi t<br />

Que veux-tu que Je lui répon<strong>de</strong>?<br />

On sait <strong>la</strong> réponse <strong>du</strong> cardinal : Mm. Et quelque<br />

temps après 9 Maynard il le senne! suivant , qui est<br />

d'us tour très-ffailosophique 9 et vaut beaucoup mieux<br />

que l'autre 9 mais qui luit par un trait piquant contre<br />

le ministre qu'il venait <strong>de</strong> louer.<br />

Par votre humeur le mon<strong>de</strong> est gouverné ;<br />

Vos volontés font le calme et Forage,<br />

Et voua riez <strong>de</strong> me voir conflué,<br />

Loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour 3 , dans mon petit vil<strong>la</strong>ge.<br />

Cléomédon, mes désira sont contents;<br />

le trouve beau le désert où J'habite ;<br />

Et connak bien fait faat cé<strong>de</strong>r au temp,<br />

Fuir* Féc<strong>la</strong>t et <strong>de</strong>venir ermite.<br />

le fuis heureux <strong>de</strong> vfanlir: sans emploi ,<br />

1 La raina Anne.<br />

* Aujourd'hui ce ne serait pas trop <strong>la</strong> peine qu'us poète<br />

fit remarquer qu'il vit loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour; mais II faut se souvenir<br />

que <strong>du</strong> tarap <strong>de</strong> Richelieu toi» tes poitei éta<strong>la</strong>it courtisans<br />

t excepté le grand Ceeaeil|a.<br />

» #kir était alors <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux syl<strong>la</strong>bes. L'oreille apprit dtpsis<br />

à n*ea faire qu'une.<br />

»,

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