23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

448<br />

COUBS DE UrraiATURE.<br />

<strong>de</strong> nof jours on n'avait pai poussé rabmîdilé jusqu'à<br />

?ouloir repro<strong>du</strong>ire m mécanisme grossier. Qui<br />

le croirait 9 si <strong>de</strong>s ouvrages qui ont fait <strong>de</strong> brait us<br />

moment ne l'attestaient pas9 que Ronsard ait été<br />

sur le point <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir le légis<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> notre<br />

poésie , après les Racine et les fioileau v et qu'on ait<br />

presque érigé en système l'ignorance <strong>la</strong> plus hoateuie<br />

<strong>du</strong> rbythme <strong>de</strong> notre versification ? Il est <strong>de</strong><br />

rintérêt <strong>de</strong>s lettres et <strong>du</strong> goût <strong>de</strong> rappeler <strong>de</strong> temps<br />

es temps ces exemples, qui font voir <strong>de</strong> quels travers<br />

est capable l'impuissance orgueilleuse, qui f ne<br />

pouvant pas même innover en extravagance, croit<br />

se relever en renouve<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> vieilles erreurs et rajeunissant<br />

<strong>de</strong> vieui abus. Et <strong>de</strong> quel point est-on<br />

parti pour en venir là? Nos grands écrivains avaient<br />

<strong>la</strong>it <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification ce qu'il est<br />

possible d'en faire; et l'ambition <strong>du</strong> talent doit être<br />

<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s beautés nouvelles par les mêmes<br />

moyens f reconnus les seuls bons , les seuls praticables.<br />

Ce<strong>la</strong> est difficile 9 il est vrai ; on a donc pris un<br />

autre parti. On a abusé d'un aveu qu'ils avaient fait<br />

<strong>de</strong> l'infériorité <strong>de</strong> ces moyens ; comparés à ceux <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>ngues anciennes; mail, loin <strong>de</strong> reconnaître avec<br />

eux qull faut se servir <strong>de</strong> son instrument 9 quel qui!<br />

soit, et non pas le dénaturer, on a trouvé plus court<br />

<strong>de</strong> dire qu'ils n'y entendaient rien; que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

<strong>de</strong> Racine et <strong>de</strong> Voltaire était usée; qu'il fal<strong>la</strong>it m<br />

créer me mmwik; que notre poésie ; qui pourtant<br />

est assez vivante dans leurs outrages , se mwnmîi<br />

mèrent use Pléia<strong>de</strong> poétique <strong>de</strong> sept écrivains qui<br />

florissaient <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Ptolémée Phi<strong>la</strong><strong>de</strong>lphe, on<br />

it aussi une Pléia<strong>de</strong> française <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Ronsard.<br />

Ceux qui <strong>la</strong> composaient avec lui étaient Belleao,<br />

Balf f Jo<strong>de</strong>lle, Jean Dont, Dubel<strong>la</strong>y, Ponthus. Belieau<br />

et Baîf n'eurent guère que les défauts <strong>de</strong> Ronsard<br />

sans avoir son mérite. Bu Bartss fut pin encore<br />

: jamais <strong>la</strong> barbarie ne fut poussée plus loin. Il<br />

semb<strong>la</strong>it que l'érudition mal enten<strong>du</strong>e et le pédantisme<br />

sco<strong>la</strong>stique eussent conspiré <strong>la</strong> raine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

française. Les <strong>la</strong>tinismes, les héllénismes, les<br />

épithètes entassés et les métaphores outrées avaient<br />

tout envahi. C'est un <strong>de</strong>s caractères <strong>de</strong> <strong>la</strong> médiocrité<br />

d'esprit <strong>de</strong> voir l'art tout entier dans ce qui n'est<br />

qu'une partie <strong>de</strong> l'art ; et un genre <strong>de</strong> beauté nouvellement<br />

découvert est d'abord employé avec profusion.<br />

On avait vu dans Ronsard l'effet <strong>de</strong> quelques<br />

belles épithètes, <strong>de</strong> quelques métaphores expressives;<br />

on ne voulut plus faire autre chose, et l'on entendit<br />

<strong>de</strong> tous elles, dans fo<strong>de</strong> et le poème, <strong>de</strong>s<br />

vers tels que ceux-ci :<br />

O grand Dtea qui nourris ta mfimMM m§mmm<br />

Dm &imaux nmmgsux.,.<br />

Par M te §tm bétail <strong>de</strong>s mmsmt wmeketw§;<br />

Par toi f humble immpemm <strong>de</strong>s b<strong>la</strong>nehm 6frftrta...<br />

M se f «Mit haussant les mm§mmM wmmimgnm ;<br />

Là vont s'ap<strong>la</strong>nissent les p&mdreusm esmpàgneë.<br />

Si <strong>la</strong> profusion <strong>de</strong>s épithètes est on défaut en poésie<br />

9 c'en est un bien plus grand encore dans <strong>la</strong> prose,<br />

dont le ton doit être plus simple. Ce n'est pas appa­<br />

m iîmMîU; qu'U n'y avait p&imê <strong>de</strong> mot qu'on me remment l'avis <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> prosateurs <strong>de</strong> nos<br />

pMfiâre entrer dans <strong>la</strong> poésie mbk; et cent au­ jours ? qtii s'imaginent avoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> force et <strong>du</strong> colotres<br />

assertions aussi foiles9 répétées magistralement' ris en accumu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s mots. Ce<strong>la</strong> donnait parfois<br />

par <strong>de</strong>s journalistes qui ont ie privilège <strong>de</strong> nous en­ un peu d'humeur h Voltaire, qui écrivait à ce sujet :<br />

seigner tous les jours ce qu'ils n'ont jamais appris. Ne pmtrm-t-onpm km* faire comprendre comèim<br />

L'exécution est venue à l'appui <strong>de</strong> cette belle théorie, r@4jœtif e$t sommé ennemi <strong>du</strong> «éftouffe, fteaf-<br />

et, sous prétexte d'égaler les Grecs et les Latins, qm'M$ i'mc&r<strong>de</strong>mt m genre, en nomère, eimemf<br />

on nous a fait une foule <strong>de</strong> vers qui ne sont pas A l'égard <strong>de</strong>s figures, on va voir comme on les<br />

français. On s'est mis à multiplier les enjambements employait d'après Ronsard.Chassignet, par exemple,<br />

tels que ceux que vous venez d'entendre; à tour­ tra<strong>du</strong>isant un psaume v disait à Dieu :<br />

menter, à hacher le vers <strong>de</strong> toutes les manières 9 à Par toi le mol ZépMra, ans allés diaprées 9<br />

lui donner un air étranger en vou<strong>la</strong>nt le faire paraî­ le&tse d'an air dou <strong>la</strong> perruque <strong>de</strong>s f ras 9<br />

Et sur les <strong>mont</strong>s veisuis,<br />

tre neuf; à chercher les vieux mets, quand ceux Éventant ses soaptrs par les vignes pmiprées f<br />

qui sont en usage va<strong>la</strong>ient mieux; à fairef ce que Demie <strong>la</strong> ris aux leurs et da sue au raisins.<br />

n'eût pas osé Chape<strong>la</strong>in, un hémistiche entier d'un Remarquons, à travers ee fatras f que pour rendre<br />

adverbe <strong>de</strong> six syl<strong>la</strong>bes; et tout cet amas <strong>de</strong> prose le <strong>de</strong>rnier vers fort bon, il n'y a qu'à changer un seul<br />

brisée et martelée9 <strong>de</strong> locutions barbares, <strong>de</strong> cons­<br />

mot9 et mettre,<br />

tructions forcées9 s'est appelé, pendant quelque<br />

Bonne <strong>la</strong> via au leurs et le «ae aux râte<strong>la</strong>i.<br />

temps, dm nuwoemmU, <strong>de</strong> i'qffèt, <strong>de</strong> ta variété,<br />

êe ta pk^êimmtmk, Et ces sublimes découvertes <strong>du</strong> Chassignet continue sur le même ton :<br />

dix-huitième siècle n'étaient pas tout à fait renou­ Par toi le doax Safefi i <strong>la</strong> Terre sa femme,<br />

velées <strong>de</strong>s Grecs 9 mais <strong>du</strong> siècle <strong>de</strong> Ronsard : heu» rj*in œil tout plein d'amour comBHHlipa sa<br />

Eltaatàreoflrnn<br />

nusemeet êtes ont passé aussi vite que lui.<br />

Lui pondra les cheveux, set têtemeists emname;<br />

On se rappelle qu'à Feumph <strong>de</strong>s Grecs qui for­ EtS«friiiti€<strong>la</strong>aïgMnitaIJenrJi«tegroe,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!