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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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à tra<strong>du</strong>ire. Notre vers , musique le leur, n'a que<br />

ai pieds ; M n'y a presque point <strong>de</strong> phrase qui 9 es<br />

passant île leur <strong>la</strong>ngue dans <strong>la</strong> nôtre 9 se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

pour être exactement ren<strong>du</strong>e f un bien plus grand<br />

sombre <strong>de</strong> mots, parée que les procédés <strong>de</strong> leur<br />

construction sont très-simples, et que ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

litre soor très-composés. Prenons pour exemple<br />

k premier fers <strong>de</strong> F Enéi<strong>de</strong>; car il faut rendre cette<br />

démonstration sensible pour tout le mon<strong>de</strong>, et je<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong>-permission <strong>de</strong> citer un vers <strong>la</strong>tin, sans<br />

conséquence :-<br />

Jmm pirmmpM mm, Tmjm qui primm mb mis.,.<br />

Adoptons pour no moment <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>du</strong><br />

Marsais, <strong>la</strong> versos interiinéaire qui p<strong>la</strong>ce lia mot<br />

français sons un mot Jatin. Il y en a neuf dans le<br />

•ers <strong>de</strong> Yïrgile, qui sont ceux-ci,<br />

Gsmtati et Mrc* diante, Troie qui premier <strong>de</strong>s bords.<br />

Cest pour nous un galimatias. Ces mêmes mots<br />

en <strong>la</strong>tin sont c<strong>la</strong>irs comme le jour, parce que le sens<br />

<strong>de</strong> tous est distinctement marqué par ces loties<br />

dont fai parlé; en sorte que l'élève <strong>de</strong> <strong>du</strong> Marsais<br />

procé<strong>de</strong>rait ainsi : Les <strong>la</strong>tins n'ont point d'articles ;<br />

arma est nécessairement un nominatif ou un accusatif;<br />

c'est le <strong>de</strong>rnier ici, puisque voilà le verbe<br />

qui le régit. Vlrum est aussi un accusatif. Ainsi<br />

mettons ks mméais et le héros. Cmo est <strong>la</strong> première<br />

personne <strong>du</strong> présent <strong>de</strong> l'indicatif, car <strong>la</strong><br />

terminaison seule renferme tout ce<strong>la</strong> ije chante.<br />

Et toilà le premier membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase dans le<br />

ANCIENS. — POÉSIE. 41<br />

Jfc diaste lis eombati et eet feomste pfcux<br />

Qui, <strong>de</strong>s tiords dllfton, eôadalt dans l'Ameute,<br />

Le premier aborda les champ <strong>de</strong> Lavinle.<br />

Encore a-t-il omis une circonstance fort essentielle,<br />

les <strong>de</strong>ux mots hûnsfatoprofugusi fugitif par l'ordre<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins ), mots nécessaires dans le <strong>de</strong>ssein<br />

<strong>du</strong> poète.<br />

Je puis citer oa exemple plus voisin <strong>de</strong> nous, et<br />

plus propre que tout autre à faire voir, non pas seulement<br />

<strong>la</strong> difficulté, mais même quelquefois l'impossibilité<br />

<strong>de</strong> rendre un vers par un vers, lorsque<br />

cette précision est le plus nécessaire, comme dans<br />

une inscription. On connaît celle qu'avait, faite Turgot<br />

pour le portrait <strong>de</strong> Franklin : c'était un vers<br />

<strong>la</strong>tin fort beau, qui, rappe<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> révolution<br />

préparée par Franklin en Amérique, et ses découvertes<br />

sur l'électricité, disait :<br />

Bripitft cmUfmifmm mepimmqme i^mmmm,<br />

li ravit <strong>la</strong> foudre aux <strong>de</strong>ux, et le sceptre aux<br />

tyrans. Otes le pronom il, et vous avez un fort beau<br />

vers français pour rendre le vers <strong>la</strong>tin ; mais malheureusement<br />

ce pronom est indispensable f et <strong>la</strong><br />

difficulté est invincible.<br />

Ce<strong>la</strong> nous con<strong>du</strong>it aux conjugaisons, qui se<br />

passent <strong>du</strong> pronom personnel en <strong>la</strong>tin et en grec,<br />

et qui cher nous ne marchent pas sans lui : je, tu,<br />

U9 nous, vous, ik. Nous ne pouvons pas conjuguer<br />

autrement. Mais ce n'est pas tout, et c'est ici<br />

une <strong>de</strong> nos plus gran<strong>de</strong>s misères : nos verbes ne se<br />

français qui n'a point d'inversion : je chante les conjuguent que dans un certain nombre <strong>de</strong> temps ;<br />

tombais et ks héros. — Il y a déjà sept mots, les verbes <strong>la</strong>tins et les grecs dans tous. Ils se conju­<br />

tous indispensables, pour en rendre quatre; et en guent à l'actif, ou au passif, et chez nous à l'actif<br />

achevant le vers <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière, il trouvera ' seulement ; encore au prétérit indéfini et au plus-<br />

qui k premier <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> Troie, sept autres que-parfait <strong>de</strong> chaque mo<strong>de</strong>, et au futur <strong>du</strong> sub­<br />

mots pour en rendre cinq. : en sorte qu'en voilà jonctif, sommes-nous obligés d'avoir re<strong>cours</strong> au<br />

quatorze contre neuf, sans qu'il y ait une syl<strong>la</strong>be verbe auxiliaire avoir, et <strong>de</strong> dire ij'at aimé, j'avais<br />

qui ne soit nécessaire, et sans qu'on ait ajouté <strong>la</strong> aimé, j'aurais aimé, que j'eusse aimé, que j'aie<br />

moindre idée. Et comment le <strong>la</strong>tin a-t-il mis dans aimé, etc. Pour ce qui est <strong>du</strong> passif, nous n'en<br />

os seul fers ce qui nous parait si long par rapport avons pas : nous prenons tout uniment le verbe<br />

aax nôtres} Je chante ks combats et k héros qui, substantif je suis, et nous y joignons le participe<br />

h premier, <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> Troie t Pourquoi cette dans tous les mo<strong>de</strong>s et dans tous les temps, et à<br />

disproportion entre <strong>de</strong>ui phrases, dont l'une dit toutes les personnes. Ce sont bien là les livrées <strong>de</strong><br />

exactement <strong>la</strong> même chose que l'autre? Voiei l'ex­ l'indigence; et un Grec qui t en ouvrant une <strong>de</strong> nos<br />

cédant en français y et ce sont ces articles et ces grammaires, verrait le même mot répété quatre<br />

particules dont je par<strong>la</strong>is, Je, ks, k, <strong>de</strong>, k9 dont pages <strong>de</strong> suite, servant à conjuguer tout un verbe,<br />

k <strong>la</strong>tïo n'a que faire. En prose <strong>du</strong> moins 9 on a toute ne pourrait s'empêcher <strong>de</strong> nous regar<strong>de</strong>r en pitié.<br />

<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> s'étendre ; mais dans les fers y ou le ter­ Je dis un Grec, parce qu'en ce genre les Latins,<br />

rain est mesuré y quels efforts ne faut-il pas pour ba­ qui sont riches en comparaison <strong>de</strong> nous, sont pau<strong>la</strong>ncer<br />

cette inégalité! et comment y parvient-on, vres en comparaison <strong>de</strong>s Grecs. Les premiers ont<br />

si ce n'est le plus souvent par quelques saeriiees ? aussi unbèsoin.absolu<strong>du</strong> verbe auxiliaire, au moins<br />

Aussi BoUeau, qui, dans F Art poétique, a tra<strong>du</strong>it dans plusieurs temps <strong>du</strong> passif. Les Grecs ne l'ad­<br />

le commencement <strong>de</strong> F Enéi<strong>de</strong>, a mis trois vers pur mettent presque jamais, et leur verbe moyen est en­<br />

<strong>de</strong>ux :<br />

core une richesse <strong>de</strong> plus. Nos mo<strong>de</strong>s sont pauvres;

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