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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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«si agréable en elle-même, comme toute espèce <strong>de</strong><br />

retour symétrique; car <strong>la</strong> symétrie p<strong>la</strong>ît naturellement<br />

aux sommes 9 et entre plus on moins dans les<br />

procédés <strong>de</strong> tous les arts d'agréments. Voltaire a eu<br />

raison <strong>de</strong> dire :<br />

La rime est mêmmâm à nos Jarfoss nouveau,<br />

Enfanta <strong>de</strong>mi pulls <strong>de</strong>s il oosmois^et <strong>de</strong>s €etbs.<br />

Les novateurs bizarres f tels que <strong>la</strong> Mothe, qui<br />

ont voulu êter <strong>la</strong> rime à nos vers, s'y connaissaient<br />

un pan moins que fauteur <strong>de</strong> ta Menriaek.<br />

BmfabMamx et <strong>de</strong>s chansons 9 voilà nos premiers<br />

essais poétiques. On sait que ImfabUamx sont <strong>de</strong>s<br />

contes rimes, souvent forl gais et p<strong>la</strong>isamment imaginés.<br />

Ce qui le prouve, c'est que <strong>la</strong> Fontaine en a<br />

tiré plusieurs <strong>de</strong> ses pins jolis contes , Boecace nu<br />

assez grand nombre <strong>de</strong> ses Nwmlk*, et Molière<br />

même quelques scènes. Un recueil où les nationaui<br />

et les étrangers ont également puisé ne peut être<br />

sans mérite. A Fégard <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, il est aujourd'hui<br />

difficile à entendre ; mais, en l'étudiant, on y trou?e<br />

une mamèr&<strong>de</strong> raconter qui n'est pas sans agrément.<br />

Les sujets roulent <strong>la</strong> plupart sur l'amour, et ont<br />

quelquefois <strong>de</strong> l'intérêt. H os chansonniers mo<strong>de</strong>rnes<br />

en ont fait usage; et <strong>de</strong> là fient que les chansons qui<br />

expriment les malheurs ou les p<strong>la</strong>intes <strong>de</strong> l'amour<br />

s'appellent encore <strong>de</strong>s romancés, <strong>du</strong> nom que Ton<br />

donnait anciennement à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française.<br />

Mous afons <strong>de</strong>s chansons provençales <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume,<br />

comte <strong>de</strong> Poitou, troubadour qui vi?ait m<br />

onzième siècle. Les chansons françaises <strong>de</strong> Thibault,<br />

comte <strong>de</strong> Champagne, sont <strong>du</strong> treizième.<br />

11 était contemporain <strong>de</strong> saint Louis, et a beaucoup<br />

célébré <strong>la</strong> reine B<strong>la</strong>nche. On voit par les noms <strong>de</strong>s<br />

poètes français inscrits dans les recueils bibliographiques,<br />

qu'il y en eut un nombre prodigieux sous<br />

le règne <strong>de</strong> saint Louis, et que l'enthousiasme <strong>de</strong>s<br />

croisa<strong>de</strong>s échauffa leur verve : mais <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue était<br />

encore très-informe. On croit que Thibault est<br />

le premier qui aitemployé les versa rimes féminines;<br />

mais ce ne fut que bien longtemps après que Malherbe<br />

nous apprit à tes entremêler régulièrement<br />

avec les vers masculins. Quand on lit les chansons'<br />

<strong>de</strong> Thibault, qu'à peine pouvons-nous entendre , on<br />

se conçoit pas que dans l'Anthologie française on ait<br />

imaginé <strong>de</strong> lui attribuer cette chanson, qu'on a <strong>de</strong>puis<br />

imprimée partout sous son nom ;<br />

Las 1 si fatals pan wiir d v @sMfer,<br />

Sa beauté, son Mes dit»,<br />

Et son tas! doux, tant doui regar<strong>de</strong>r,<br />

F<strong>la</strong>irait moii mart yre.<br />

Mais, <strong>la</strong>s! mon «w*r je n'as pi<strong>la</strong> Ôfer i<br />

Et grand affo<strong>la</strong>ge<br />

M*€st #espérar.<br />

Malt tel servage<br />

' SŒGLB DE LOUIS. XIV. — POÉSIE. 441<br />

Donne €oma§i<br />

A fout en<strong>du</strong>rât. «t<br />

Et pois mmmmî, eommeni oubtter<br />

$atoeuté9sonlBlenâtre,<br />

Et son tant doux f tant doux regar<strong>de</strong>r !<br />

Mieux aime mon martyre.<br />

Que l'on fasse attention qu'il n'y a dans cette chanson<br />

naïve et tendre que le mot d'affûtage qui ait<br />

vieilli, quoique nous ayons conservé affoler et raffoler<br />

(car, pour le mot servage, on remploie encore<br />

très-bien dans le style familier 9 que d'ailleurs toutes<br />

les constructions sont exactes, à l'inversion près,<br />

qui a régné jusqu'au temps <strong>de</strong> Louis XI? ; qu'il<br />

n'y a pas un seul <strong>de</strong> ces hiatus qu'on retrouve encore<br />

jusque dans Voiture; que l'on compare ensuite ce<br />

style au jargon ru<strong>de</strong> et grossier que fou par<strong>la</strong>it au<br />

treizième siècle 9 et l'on verra qu'il est impossible<br />

que cette chanson date <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> saint Louis, et<br />

qu'elle ne peut pas être plus ancienne que les poésies<br />

<strong>de</strong> Marot, dont les madrigaux 9 qu'il appelle épigrammes<br />

t ne sont pas tous si gracieusement tournés<br />

: il s'en fal<strong>la</strong>it bien que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue eût fait tant<br />

<strong>de</strong> progrès, il y a cinq cents ans. C'est alors que<br />

parut k R&man <strong>de</strong> ta Mose, commencé par Lorris<br />

et achevé par Jean .<strong>de</strong> Neun. Cest, parmi les vieux<br />

monuments <strong>de</strong> notre poésie dans sou enfance, celui<br />

qui eut le plus <strong>de</strong> réputation; et il n'y arien qui<br />

approche <strong>de</strong> cette chanson attribuée au comte <strong>de</strong><br />

Champagne. Tout l'esprit <strong>de</strong> l'auteur : morale ; ga<strong>la</strong>nterie<br />

f satire, tout est en allégorie; genre <strong>de</strong> fiction<br />

le plus froid <strong>de</strong> tous.<br />

La bal<strong>la</strong><strong>de</strong>, le ron<strong>de</strong>au, le triolet, toutes les sortes<br />

<strong>de</strong> poésies à refrain, sont celles qui furent en<br />

vogue jusqu'au seizième siècle. 11 faut savoir gré<br />

aux auteurs <strong>de</strong> ce temp d'avoir senti que ces refrains<br />

avaient une grâce particulière conforme au<br />

caractère., <strong>de</strong> douceur et <strong>de</strong> naïveté, le seul que<br />

notre poésie ait eu jusqu'à Marot, qui le premier y<br />

joignit un tour un et délicat. Bès le quinzième siè­<br />

cle, Villon, et auparavant Charles d'Orléans, père<br />

<strong>de</strong> Louis XH, tournaient <strong>la</strong> bal<strong>la</strong><strong>de</strong> et le ron<strong>de</strong>au avec<br />

assez <strong>de</strong> facilité. Voici <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier sur le<br />

retour <strong>du</strong> printemps : il faut se souxpnir, en les jugeant,<br />

<strong>de</strong> quelle date ils sont :<br />

Le temp a <strong>la</strong>issé son manteau<br />

De veut, <strong>de</strong> froi<strong>du</strong>re et <strong>de</strong> pluie 9<br />

Et s'est vêts <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>rie<br />

De s@leil luisant, c<strong>la</strong>ir et beau.<br />

H n'y a bête ni oiseau<br />

Qu'en son Jargon ne chaste ou crie :<br />

Le temp a <strong>la</strong>issé son manteau<br />

Detest, dafrot<strong>du</strong>ra et<strong>de</strong>pluie..<br />

On peut remarquer que toutes les mesures ie icn<br />

étaient dès lors en usage, excepté l'hexamètre ou<br />

l'alexandrin9 ainsi nommé $ à m qu 9 on croit, d'un<br />

poème intitulé Jkxmmére, qui est <strong>du</strong> doutjèmeslè-

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