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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIECLE DE LOUIS XIV. — IOT10DHCTKM. 485<br />

lie» il fiMtéfit ce qui lui manque pour les égaler<br />

liais <strong>la</strong> poésie <strong>de</strong> style* Ou n'ignore pas que l'Italie<br />

e§t encore partagée d'opinion entre le Tasse et i'Arioste<br />

9 comme on.se partage encore entre Corneille<br />

et Racine, et <strong>de</strong>puis si longtemp entre Cieérou et<br />

Bémostbènes; ear le génie, ainsi que tontes les<br />

puissances conquérantes,' divise les hommes en les<br />

subjuguant, et ne se fait guère <strong>de</strong>s sujets sans se<br />

dire <strong>de</strong>s ennemis. Ce n'est pas ici le lien d'examiner<br />

tes titres <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux concurrents, qui passeront<br />

dans <strong>la</strong> suite sons nos yeux y quand nous nous occuperons<br />

particulièrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> étrangère.<br />

Ils ne sont nommés ici que comme étant <strong>du</strong>' petit<br />

nombre <strong>de</strong>s hommes supérieurs dont ïagloire<strong>de</strong>vknt<br />

celle <strong>de</strong> leur nation, et comme les <strong>de</strong>ux écrivains<br />

qui ont donné à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue italienne toute <strong>la</strong> grâce<br />

et toute <strong>la</strong> force dont elle parait susceptible.<br />

C'était le temps où cette <strong>la</strong>ngue souple et flexible<br />

prenait tous les tons, et s'assurait dans tous les<br />

genres <strong>de</strong>s titres pour <strong>la</strong> postérité, L'auteur <strong>du</strong> Pm-<br />

twfid® disputait à celui <strong>de</strong> YAmkUe <strong>la</strong> palme <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pastorale dramatique. Guiehardin atteignait à <strong>la</strong> dignité<br />

<strong>de</strong> Fhistoire. Fra-Paoio soutenait <strong>la</strong> liberté et<br />

<strong>la</strong> 'constitution <strong>de</strong> sa patrie, avec <strong>la</strong> plume et le<br />

courage d'un citoyen, contre <strong>la</strong> politiqucambitiéese<br />

<strong>du</strong> pontiieat romain : heureux, si cette louable fer*<br />

meté n'eût pas dégénéré par <strong>la</strong> suite en une partialité<br />

blâmable; si l'historien <strong>du</strong> concile <strong>de</strong> Trente,<br />

oubliant les querelles <strong>de</strong> Favocat <strong>de</strong> Yenise, eût<br />

écrit avec autant <strong>de</strong> fidélité que d'agrément et d'esprit;<br />

et si le défenseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté n'eût pas ini<br />

par être un <strong>de</strong>s disciples <strong>de</strong> Machiavel!<br />

Ce Florentin, nourri dans les conspirations, et pi<br />

commença par éehappr au <strong>de</strong>rnier supplice en résistant<br />

aux tortures, s'est acquis une déplorable celé*<br />

brité par son livre intitulé le Prince, qui n'est autre<br />

chose que <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>s forfaits et le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> tyrannie<br />

$ et dont on a très-gratuitement voulu justifier<br />

Fintention, d'après une <strong>de</strong>s rêveries d f Amelot<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Houssaye, qui crut avoir découvert que Machiavel<br />

n'avait professé le crime que pour en inspirer<br />

l'horreur. Il suffit <strong>de</strong> lire ses ouvrages pour se<br />

convaincre que, naturellement imbu <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique<br />

italienne <strong>de</strong> son temps 9 qui n'était guère que <strong>la</strong> perfidie<br />

et <strong>la</strong> scélératesse, il employa tout ce qu'il avait<br />

d'esprit et <strong>de</strong> talent à ré<strong>du</strong>ire en système ce qu'il<br />

•oyait pratiquer tous les jours. Cette sorte <strong>de</strong> perversité<br />

peut se rencontrer dans un pays <strong>de</strong> révolution,<br />

tel qu'alors était l'Italie. Mais je dois observer<br />

aussi à ceux quî$ ne connaissant point <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s<br />

choses, voient <strong>de</strong>s ressemb<strong>la</strong>nces où il n'y a que<br />

<strong>de</strong>s rappris éloignés, qu'on a fait injure à Machiavel<br />

en agrégeant à son école nos-docteurs révolu­<br />

tionnaires : <strong>la</strong> différence est très-gran<strong>de</strong>. Machiavel<br />

«aminé les occasions où Fanassinat et l'empoison*<br />

sèment, les moyens d'oppression, <strong>de</strong> di?Ision et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>straction, peuvent être utiles ou nécessaires à <strong>la</strong><br />

puissance qui ne fait pas entrer <strong>la</strong> morale dans sa<br />

politique. Il raisonne le crime, mais il ne le consacre<br />

pas ; il n'en dissimule pas même les dangers, et en*<br />

seigae à en sauver l'horreur,* autant <strong>du</strong> moins qu'il<br />

est possible. S'il se fit trouvé avec <strong>de</strong>s hommes qui<br />

ne connussent d'autre politique que le pil<strong>la</strong>ge universel<br />

et le massacre universel, et qui posassent pour<br />

première base <strong>de</strong> gouvernement l'abolition <strong>de</strong> tout<br />

ordre social, moral ' et légal, comme le font encore<br />

aujourd'hui ceux qui veulent à toute force proc<strong>la</strong>mer<br />

le gouvernement révolutionnaire, il n'aurait vu<br />

en eux que <strong>la</strong> lie <strong>de</strong>s bandits <strong>de</strong> l'Europe, <strong>de</strong>venus<br />

fous <strong>de</strong>puis qu'on les a déchaînés ; et Machiavel, en<br />

vou<strong>la</strong>nt séprer <strong>la</strong> tyrannie* <strong>de</strong> <strong>la</strong> démence absolue,<br />

eût vraisemb<strong>la</strong>blement péri parmi nous, comme<br />

étant <strong>de</strong> <strong>la</strong>fœUm <strong>de</strong>s kowmm é'Èêat, ou <strong>de</strong> fa<br />

fmMm {kgmméêréi, ou <strong>de</strong> imfmiïm dm komn&eê<br />

•§em : on peut choisir.<br />

11 appartient à l'époque dont je par<strong>la</strong>is, par sa coméèMeàelmMmndMgwe,<br />

qui, <strong>de</strong> son temps, eut<br />

un grand succès, et dont nous avons une imitation<br />

dans les œuvres <strong>de</strong> J. B. Rousseau. Tout imparfaite<br />

qu'est pour nous cette pièce, elle donna <strong>la</strong> première<br />

idée <strong>de</strong> l'intrigue et <strong>du</strong> dialogue comique, comme <strong>la</strong><br />

Jr#à#iilf<strong>la</strong>? <strong>du</strong> Trissin fut <strong>la</strong> première tragédie composée<br />

d'après les règles d'Aristote. Mais ces essais,<br />

quoique dignes d'estime, furent alors <strong>de</strong>s semences<br />

stériles, et <strong>la</strong> poésie dramatique resta dans son enfance<br />

chez ces mêmes Italiens qui, dans les autres<br />

arts, étaient les précepteurs <strong>de</strong>s nations.<br />

Elle prenait cependant, non ps encore un vol '<br />

soutenu ni bien réglé, mais un essor quelquefois,<br />

très-élevé, chez <strong>de</strong>s pépies que Fltalie regardait<br />

comme <strong>de</strong>s barbares. L'Espagne, qui tenait <strong>de</strong>s<br />

Maures sa ga<strong>la</strong>nterie chevaleresque, ses tournois,<br />

ses poésies d'un tour oriental, et ses romances<br />

amoureuses, eut alors son Lopes <strong>de</strong> Yega, et, <strong>de</strong>puis<br />

, son Cal<strong>de</strong>ron, qui <strong>mont</strong>rèrent <strong>de</strong> l'invention,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité, et un'génie théâtral, On sait que<br />

leurs innombrables 'drames, divisés en journées,<br />

sont dépourvus <strong>de</strong> tout ce que Fart enseigne, et <strong>de</strong><br />

tout ce que le bon sens prescrit; mais il j a cjes situations,<br />

<strong>de</strong>s effets! <strong>de</strong>s caractères même ; et c'est<br />

ce que n'ont point ou presque point nos meilleurs<br />

tragiques <strong>du</strong> même temps, aussi inférieurs aux Espagnols<br />

et aux Ang<strong>la</strong>is, que Corneille et Racine Ims<br />

ont été <strong>de</strong>puis supérieurs. C'est au même moment<br />

que parut chez les Ang<strong>la</strong>is leur Shakspeare, qui eut<br />

les beautés et les défauts <strong>de</strong> Lopes et <strong>de</strong> Cal<strong>de</strong>ron 9

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