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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — INTRODUCTION.<br />

429<br />

ses ; par les asiles <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu, <strong>de</strong> l'instruction, <strong>de</strong><br />

l'humanité, où Ton ne marche que sur <strong>de</strong>s ruines?<br />

Et je me dis en gémissant : Ici une race nouvelle et<br />

étrangère parmi les hommes, <strong>la</strong> race révolutionnaire,<br />

a passé; et que peut-il rester après son passage, si<br />

ce n'est le chaos renouvelé, et le génie <strong>du</strong> mal p<strong>la</strong>nant<br />

encore au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> chaos, et s!app<strong>la</strong>udissant<br />

d'avoir tout détruit, comme autrefois le Créateur<br />

s'app<strong>la</strong>udissait d'avoir tout fait ?<br />

Hommes célèbres, et si dignement célèbres, puisque<br />

vous Fêtes surtout pour avoir été utiles, vous<br />

qui fûtes, <strong>de</strong> siècle eo siècle, les instituteurs <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> génération naissante, les maîtres et les modèles<br />

à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> <strong>la</strong> saine <strong>littérature</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pure morale<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie religion, qui en est <strong>la</strong> sanction et le<br />

soutien; ombres <strong>de</strong>s Gerson, <strong>de</strong>s Dumoulin, <strong>de</strong>s<br />

Duval, <strong>de</strong>s Rollm, <strong>de</strong>s Hersan, <strong>de</strong>s Gihert, <strong>de</strong>s<br />

Goffîn, <strong>de</strong>s Grenan, <strong>de</strong>s le Beau, et <strong>de</strong> tant d'autres<br />

qui ont attaché leurs noms à <strong>de</strong>s monuments à jamais<br />

précîeiiï pour les amis <strong>de</strong>s lettres et<strong>de</strong>s mœurs,<br />

vous ne rejetterez pas l'hommage que je vous adresse<br />

au milieu d'eux. Si j'ose vous le rendre aujourd'hui,<br />

c 9 est que toujours je vous l'ai ren<strong>du</strong> ; c'est que mon<br />

<strong>la</strong>ngage a toujours été le même à votre égard ; c'est<br />

qu'au moment où tous les corps littéraires, tous les<br />

établissements d'instruction publique, étaient déjà<br />

hautement menacés par <strong>la</strong> démence <strong>de</strong>structive,<br />

j'en pris hautement <strong>la</strong> défense ; j'en rappe<strong>la</strong>i les avantages<br />

et <strong>la</strong> gloire, et, avec autant <strong>de</strong> reconnaissance<br />

que <strong>de</strong> respect, je proposai seulement dans le p<strong>la</strong>n<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s quelques légers changements, quelques<br />

améliorations qu'indiquait l'expérience, que déjà<br />

même quelques maîtres adoptaient, et dont Futilité<br />

était généralement reconnue. Mais il n'appartenait<br />

pas à l'ignorance barbare, érigée pour <strong>la</strong> première<br />

fois en légis<strong>la</strong>trice, <strong>de</strong> sentir tout ce qu'il y avait<br />

d'utile et <strong>de</strong> respectable, tout ce qu'il y avait <strong>de</strong><br />

vraiment politique dans ces gran<strong>de</strong>s institutions<br />

consacrées par les siècles qui sont l'ornement <strong>de</strong>s<br />

empires, et font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité qu'un grand<br />

peuple doit toujours avoir chez les autres peuples ;<br />

dans l'éten<strong>du</strong>e, dans <strong>la</strong> stabilité, dans <strong>la</strong> réunion,<br />

dans <strong>la</strong> considération publique <strong>de</strong> ces sociétés d'enseignement,<br />

dont le nom seul imposait par avance<br />

à <strong>la</strong> légèreté naturelle d'une jeunesse nombreuse,<br />

et lui imprimait ce respect sans lequel il ne peut y<br />

avoir ni docilité, ni décence, ni progrès ; dans ces<br />

décorations attachées au mérite d'une profession<br />

honorable et <strong>la</strong>borieuse, et qui, n'attestant que <strong>la</strong><br />

gloire <strong>de</strong>s lettres et <strong>de</strong>s arts, ne pro<strong>du</strong>isaient que<br />

l'ému<strong>la</strong>tion, sans orgueil et sans danger; dans cette<br />

noble indépendance <strong>de</strong>s instituteurs ,* toujours choisis<br />

et jugés par leurs pairs, et non pas par une molli-<br />

ténèbres <strong>de</strong> l'ignoranoe et <strong>du</strong> mauvais goût : et si 9 !<br />

dans eelong intervalle, on aperçoit quelques hommes<br />

supérieurs aux autres par les dons <strong>de</strong> l'esprit; un<br />

Photius 9 qui It <strong>du</strong> sien un usage si funeste ; un Abei<strong>la</strong>rd,<br />

fauieui dans les écoles, et qui paya par ses<br />

malheurs sa réputation et ses fautes; surtout un<br />

saint Bernard ».qui fut Foracle <strong>de</strong> son temps , et dont<br />

les écrits sont encore cités dans le nôtre ; aucun<br />

d'eux ne put relever les lettres dégradées et les arts<br />

corrompus. Constantmople en était encore le centre,<br />

même dans son abaissement; mais <strong>la</strong> seo<strong>la</strong>stique et<br />

ses controverses, nées <strong>de</strong> cet esprit sophistique qui,<br />

dans tous les temps, it plus ou moins partie <strong>du</strong> caractère<br />

<strong>de</strong>s Grecs f avait acquis, en se joignant à <strong>la</strong><br />

religion, qu 9 elle corrompait, une importance mal<br />

enten<strong>du</strong>e, qui décourageait les autres étu<strong>de</strong>s chez<br />

tous les peuples qui avaient assis <strong>de</strong>s trônes sur les<br />

débris <strong>de</strong> l'empire romain. Théodorie, qui it pour<br />

les lettres, en Italie, beaucoup plus qu'on ne#pouvait<br />

attendre d'un roi goth, ne parvint pas à les<br />

relever. Charlemagne, comme lui conquérant politique<br />

et légis<strong>la</strong>teur, mais fort supérieur à lui, et,<br />

sans contredit, le plus grand homme quf ait paru<br />

dans ce long intervalle qui a séparé <strong>la</strong> chute <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

empires, Charlemagne it entrer les sciences et les<br />

arts dans le vaste p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> gouvernement dont il<br />

fou<strong>la</strong>it faire <strong>la</strong> base d'une puissance qui ne put survivre<br />

à son génie. Il fonda l'université <strong>de</strong> Paris :<br />

mais ce ne fut que longtemps après lui qu'el le acquit<br />

une splen<strong>de</strong>ur digne <strong>de</strong> son origine, et <strong>de</strong>vint pour<br />

toutes les nations <strong>de</strong> f Europe un modèle et un objet<br />

d'ému<strong>la</strong>tion Ici je m'arrête involontairement,<br />

les yeux fiés sur le passé, sur le présent et sur<br />

l'avenir. Quand je prononçai pour <strong>la</strong> première fois<br />

ce même dis<strong>cours</strong>, il y a quelques années, elle existait<br />

encore cette savante et respectable école, <strong>la</strong><br />

plus ancienne <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> mère <strong>de</strong>s sciences et <strong>de</strong>s<br />

lettres : elle n'est plus! Vingt autres universités,<br />

dignes illes <strong>de</strong> cette illustre mère, honoraient et<br />

instruisaient <strong>la</strong> France : elles ne sont plus ! Et <strong>de</strong>puis<br />

longtemps, toutes les fois que se rencontre<br />

sous ma plume quelqu'une <strong>de</strong> ces innombrables<br />

raines dont nous sommes environnés, et que je considère<br />

d'un côté ce qu'on a détruit, et <strong>de</strong> l'autre ce<br />

qui en a pris <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, je me prosterne en idée, et<br />

je paye à ces tristes et vénérables souvenirs le tribut<br />

que leur doit tout ce qui n'a pas renoncé à <strong>la</strong> raison<br />

humaine, tour ce qui a conservé <strong>de</strong>s sentiments<br />

d'homme. Car, qu'y a-t-il aujourd'hui parmi nous<br />

<strong>de</strong> saint et <strong>de</strong> vénérable, si ce n'est <strong>de</strong>s ruines ; à<br />

commencer par les autels, qui sont <strong>de</strong>s ruines; par<br />

les temples, où l'on adore Dieu sur <strong>de</strong>s raines ; par<br />

les tombeaux, où Ton pleure les morts sur <strong>de</strong>s rui-

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