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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — L1TTÉ1ATU1E MÊLÉE.<br />

écrivains grecs. Mais quand il est simple et pur, il<br />

Test comme Lysias; quand il est grand, il fest<br />

comme P<strong>la</strong>tes; quand il est fort, il Test comme<br />

Thucydi<strong>de</strong> : et Denys lui-même Fa?ait senti 9 puisqu'il<br />

dit que Bémosthènes a imité ee qu'il y a?altie<br />

meilleur dans tout ce qui l'avait précédé. Ge<strong>la</strong> est<br />

•rai, ettfoffre point <strong>du</strong> toutridéed'un poire moyot,<br />

mais celle d ? un eicellent esprit qui proite habilement<br />

<strong>de</strong> tous les autres esprits, en se rapprochant<br />

<strong>de</strong> ce qu'ils ont <strong>de</strong> meilleur, et s'éloignaat <strong>de</strong> ce<br />

qu'ils ont <strong>de</strong> défectueux.<br />

Bans un autre genre, le moraliste satirique Lucien<br />

, quoique né à Samosate en Syrie, et <strong>du</strong> temps<br />

<strong>de</strong>s Antonins, lorsque les lettres grecques et romaines<br />

étaient également déchues, n'en est pas<br />

moins regardé comme un écrivain c<strong>la</strong>ssique pour<br />

<strong>la</strong> pureté et l'élégance <strong>de</strong> <strong>la</strong> diction. Je ne fondrais<br />

pourtant pas, comme a fait son <strong>de</strong>rnier tra<strong>du</strong>cteur,<br />

l'appeler le plus bel esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce : c'est exagérer<br />

beaucoup le mérite <strong>de</strong> Fauteur, et même <strong>la</strong><br />

comp<strong>la</strong>isance d'un tra<strong>du</strong>cteur ; que <strong>de</strong> donner à<br />

Lucien ce qui pourrait appartenir à Xénophon ou<br />

à P<strong>la</strong>ton. Ses nombreux ouvrages prouvent <strong>de</strong> Fesprit,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Inesse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaieté caustique; mais<br />

ils roulent presque tous sur un même fonds d'idées<br />

et <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isanteries. Toujours renfermé dans unraéme<br />

cadre, celui <strong>du</strong> dialogue, il y repro<strong>du</strong>it toujours<br />

les mêmes objets, <strong>de</strong>s dieux et <strong>de</strong>s' sophistes : il<br />

se moque sans cesse <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, et ses<br />

satires contre eux ne diffèrent guère que par les<br />

titres. C'est un impitoyable censeur <strong>de</strong> toute superstition<br />

et <strong>de</strong> toute char<strong>la</strong>tanerie ; mais il est<br />

inconséquent dans sa mauvaise humeur; il confond<br />

avec les plus vils sophistes ceux mêmes qu'il a loués<br />

ailleurs comme <strong>de</strong> vrais philosophes, par exemple,<br />

Socrate et Arlstote. Il met dans leur bouche un<br />

<strong>la</strong>ngage insensé et furieux, qui n'a jamais été le<br />

leur. En un mot, si Lucien a <strong>la</strong> verve d'un satirique,<br />

il a aussi les travers d'un bouffon qui sacrifie<br />

tout à l'envie <strong>de</strong> faire rire ; et s'il offre, dans beaucoup<br />

<strong>de</strong> ses dialogues, <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison et <strong>de</strong> <strong>la</strong> saillie, beaucoup<br />

aussi sont dépourvus <strong>de</strong> sel, et d'autres tout<br />

à fait insignifiants. 11 avait pourtant <strong>de</strong> l'imagination<br />

et même <strong>de</strong> celle qui invente, car, dans le genre<br />

<strong>de</strong> l'allégorie satirique, <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> mérite ont<br />

profité <strong>de</strong> ses inventions. C'est d'un écrit fort ingénieux,<br />

intitulé Histoire véritable, que Swift a emprunté<br />

le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> son Gulliver : et c'est <strong>de</strong> l'Ane <strong>de</strong><br />

Lucien, autre roman non moins joli, qu'Apulée,<br />

FIN DB LA nsMriun FABTII DU SOMB nniiBB.<br />

426<br />

vers le moyen âge, tira son Am cfor, qui ne vaut<br />

pas l'original pour cette sorte <strong>de</strong> merveilleux p<strong>la</strong>isant,<br />

quoique bizarre, et moral dans l'intention,<br />

quoique extravagant dans les choses, dont il parait<br />

que Lucien a eu <strong>la</strong> première idée.<br />

Bans l'histoire <strong>de</strong>s arts et <strong>de</strong> leurs monuments,<br />

l'antiquité grecque peut opposer Pausanias à m<br />

que les mo<strong>de</strong>rnes ont <strong>de</strong> meilleur. 11 écrivait vers<br />

le même temps que Lucien ; et tandis que celui-ci<br />

ridiculisait les fables <strong>du</strong> paganisme , Pausanias décrivait<br />

les chefs-d'œuvre d'architecture, <strong>de</strong> sculpture,<br />

<strong>de</strong> peinture, qui n'avaient pas peu contribué<br />

à rendre ces fictions vénérables. Son style est précis<br />

et plein; et, son livre h <strong>la</strong> main, os voyagedans l'an*<br />

cienne Grèce : il semble vous <strong>la</strong> <strong>mont</strong>rer tout entière.<br />

Mais en ce genre l'imagination est si impuissante<br />

pour suppléer les sens, que ceux qui n'ont vu que<br />

les débris semés dans <strong>la</strong> Grèce mo<strong>de</strong>rne ont une<br />

bien plus gran<strong>de</strong> idée <strong>de</strong> ce qu'elle était que ceux<br />

qui ne <strong>la</strong> connaissent que par les <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong><br />

Pausanias.<br />

Sur ce que les anciens, et Cioéron en particulier,<br />

ont dit <strong>du</strong> savoir <strong>de</strong> Varron et <strong>de</strong> son grand<br />

ouvrage <strong>de</strong>s Antiquités romaines, qui ne nous est<br />

pas parvenu t il avait fait à peu près pour Rome ce<br />

qu'avait fait Pausanias pour <strong>la</strong> Grèce. Ce<strong>la</strong>it un<br />

homme d'une érudition immense, mais dont on<br />

a loué le jugement et les connaissances beaucoup<br />

plus que le style et le talent. H ne nous, en reste<br />

qu'un Traité sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong>tine, qui n'a pas peu<br />

servi à éc<strong>la</strong>irer les philologues mo<strong>de</strong>rnes ; et un<br />

autre sur l'agriculture, beaucoup moins estimé<br />

pour <strong>la</strong> diction que celui <strong>de</strong> Columdle. Yitrave a<br />

non-seulement le mérite <strong>de</strong> Féiégance dans ce qu'il<br />

nous a <strong>la</strong>issé sur l'architecture, mais il pense et<br />

s'exprime sur les arts en homme qui en a senti <strong>la</strong><br />

dignité, et qui a réfléchi sur les principes <strong>du</strong> beau<br />

en tout genre. Enfin, les recueils historiques et<br />

polygraphiques d'JSlien, d'Athénée, <strong>de</strong> Biogène<br />

Laërce, <strong>de</strong> Valère Maxime, d'Aulu-Gelle, <strong>de</strong> Macrobe,<br />

etc., assez semb<strong>la</strong>bles à nos ana, offrent<br />

à <strong>la</strong> curiosité qui ne veut que s'amuser quantité <strong>de</strong><br />

faits et d'anecdotes, et à celle qui veut s'instruire<br />

différentes sortes <strong>de</strong> recherches dont on peut extraire<br />

l'essentiel en écartant le frivole et le minutieux.<br />

Mais c'est là que je dois borner cette espèce <strong>de</strong> nomenc<strong>la</strong>ture<br />

critique, qui ne pourrait s'étendre plus<br />

loin sans sortir <strong>de</strong> notre p<strong>la</strong>n, et passer à ce qui<br />

doit y être étranger.

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