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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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CODES DE UTTiRATUHE.<br />

as ^ .<br />

utile à l'instruction est toujours asseï intéressant.<br />

Bans le p<strong>la</strong>n que je me suis proposé <strong>de</strong> suivre, une<br />

partie considérable <strong>de</strong> ce Cours étant <strong>de</strong>stinée à faire<br />

connaître, à faire sentir les Anciens, autant qui! est<br />

possible, même à ceux qui ne peu?ent pas les lire dans<br />

Foriginal y il m'îtaporte d'avertir <strong>de</strong>s difficultés iné-<br />

Yitables que je dois rencontrer, et <strong>de</strong>s bornes étroites<br />

et gênantes que m'impose <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> ne ja-<br />

' mais <strong>mont</strong>rer ces auteurs dans leur propre <strong>la</strong>ngue,<br />

par égard pour les personnes qui ne <strong>la</strong> connaissent<br />

point; et puisqu'ils ne peuvent parler ici que <strong>la</strong> nôtre<br />

y il est également juste et nécessaire d'établir d'abord<br />

ce que doit leur faire perdre <strong>la</strong> différence <strong>du</strong><br />

<strong>la</strong>ngage, même en supposant ce qu'il y a <strong>de</strong> plus<br />

rare, c'est-à-dire <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction aussi bonne qu'elle<br />

peut l'être. La gran<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> ces écrivains<br />

est ici un danger pour eux et un écueil pour moi ;<br />

car, bien que leur mérite soit <strong>de</strong> nature à être encore<br />

aperçu dans une autre <strong>la</strong>ngue que <strong>la</strong> leur, il est<br />

difficile qu'ils n'en per<strong>de</strong>nt pas quelque chose, surtout<br />

en poésie : et si, d'après cette disproportion, on<br />

les jugeait au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l'idée qu'on en avait, on<br />

s'exposerait à être injuste en?ers eui, et c'est cette<br />

injustice que je me crois obligé <strong>de</strong> prévenir. Cest<br />

donc une occasion toute naturelle <strong>de</strong> mettre en<br />

aient quelques notions, quelques principes sur les<br />

différences les plus essentielles qui se trouvent entre<br />

les idiomes anciens et le nôtre f <strong>de</strong> discuter ce<br />

qui a été dit sur ce sujet, et d'établir <strong>de</strong>s Tentés<br />

qu'on a souvent obscurcies comme à <strong>de</strong>ssein, faute<br />

<strong>de</strong> lumières ou <strong>de</strong> bonne foi. Ce détail sera quelquefois<br />

purement grammatical : il faut bien t'y<br />

résoudre, et d'autant plus que <strong>la</strong> grammaire doit<br />

entrer aussi dans ce p<strong>la</strong>n d'instruction. D'ailleurs,<br />

elle a ce<strong>la</strong> <strong>de</strong> commun avec <strong>la</strong> géométrie, qu'elle racheté<br />

<strong>la</strong> sécheresse <strong>du</strong> sujet par <strong>la</strong> netteté <strong>de</strong>s conceptions.<br />

U n'est pas inutile d'observer que, dans l'antiquité,<br />

le mot grammaMœ, qui avait passé <strong>de</strong>s Grecs aux<br />

Latins, et dont nous avons fait celui <strong>de</strong> grammaire 9<br />

avait une acception beaucoup plus éten<strong>du</strong>e que<br />

parmi nous. On mettait les jeunes gens entre les<br />

mains <strong>du</strong> grammairien avant <strong>de</strong> les cooierau rhéteur<br />

et au philosophe; et Quintîlien, qui nous a tracé<br />

un p<strong>la</strong>n très-complet <strong>de</strong> l'ancienne é<strong>du</strong>cation, nous<br />

apprend que les connaissances et les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong>s<br />

grammairiens s'étendaient à <strong>de</strong>s objets qui paraissent<br />

aujourd'hui ne pas appartenir à leur profession.<br />

Non-seulement un grammairien <strong>de</strong>vait apprendre<br />

à ses élèves à écrire et à parler correctement, et à<br />

connaître les règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> versiication, ce qui est<br />

à peu près <strong>la</strong> seule chose qui soit aujourd'hui <strong>du</strong><br />

ressort <strong>de</strong> <strong>la</strong> grammaire ; mais il <strong>de</strong>vait être encore<br />

ce qu'on appelle proprement parmi les geng <strong>de</strong> ht*<br />

très un critique, ce qui ne slgeliall pas, femme <strong>de</strong><br />

nos jours, un homme qui, dans une feuille ou dans<br />

une affiche, s'établit juge <strong>de</strong> tous les ouvrages nouveaux,<br />

sans être obligé <strong>de</strong> savoir un mot <strong>de</strong> ce qu'il<br />

dit, ni même <strong>de</strong> savoir sa <strong>la</strong>ngue. Un critique, un<br />

grammairien, un philologue ( ces trois mots sont à<br />

peu près synonymes), était un homme particulièrement<br />

occupé <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues et <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture<br />

<strong>de</strong>s poètes, <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance exacte <strong>de</strong>s manuscrits,<br />

qui, avant l'imprimerie, étaient les seuls livres; il<br />

<strong>de</strong>vait en offrir aux jeunes gens le texte épuré, les<br />

initier dans tous les secrets <strong>de</strong> ta versiication et <strong>de</strong><br />

l'harmonie. Et comme alors <strong>la</strong> poésie lyrique était<br />

toujours accompagnée d'instruments, et <strong>la</strong> poésie<br />

dramatique toujours mêlée au chant, il ne pouvait<br />

enseigner le rhythme', si essentiel à <strong>la</strong> poésie, sans<br />

savoir ce qu'on savait alors <strong>de</strong> musique. U <strong>de</strong>vait apprendre<br />

à ses disciples à réciter <strong>de</strong>s vers, sans jamais<br />

blesser ni <strong>la</strong> quantité ni le nombre. U eût été honteux<br />

atout homme bien élevé <strong>de</strong> prononcer d'une manière<br />

vicieuse un vers grec ou <strong>la</strong>tin : c'eût été une preuve<br />

d'une mauvaise é<strong>du</strong>cation. Et comme cette étu<strong>de</strong><br />

est infiniment plus aisée pour nous, chez qui tes<br />

règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> versiication sont très-bornées et trèsfaciles<br />

, rien n'est plus propre à nous faire sentir<br />

combien il est indécent que <strong>de</strong>s personnes bien nées<br />

estropient <strong>de</strong>s vers dans leur propre <strong>la</strong>ngue, en ignorent<br />

<strong>la</strong> mesure et <strong>la</strong> ca<strong>de</strong>nce, et que ceux qui, par<br />

état, doivent lesWcîter en public, mutilent si souvent<br />

et si grossièrement ce qu'ils répètent tous les jours.<br />

Telle est l'idée que nous donne Quintîlien <strong>de</strong>s<br />

grammairiens <strong>de</strong> Rome et d'Athènes, et qui nous<br />

rappelle l'importance qu'avait nécessairement dans<br />

les anciennes républiques tout ee qui tenait à Fart<br />

<strong>de</strong> bien parler. Cettedélicatessed'oreilte avait edntribué<br />

à perfectionner l'harmonie <strong>de</strong> leur <strong>la</strong>ngue, et<br />

l'habitu<strong>de</strong> entretenait à son tour cette délicatesse.<br />

Mais, au moment d'exposer si sommairement une<br />

partie <strong>de</strong>s avantages <strong>du</strong> grec et <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin ( ear cet<br />

examen approfondi serait une dissertation qui ne<br />

pourrait s'adresser qu'aux "savants ), je crois entendre<br />

déjà les reproches inconsidérés <strong>de</strong> ceux qui saisissant<br />

mal l'état <strong>de</strong> <strong>la</strong> question, s'imaginent qu'on<br />

veut déprécier et calomnier <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. 1<br />

serait assurément bien ma<strong>la</strong>droit et bien ridicule <strong>de</strong><br />

vouloir rabaisser une <strong>la</strong>ngue dans <strong>la</strong>quelle os a<br />

toute sa vie pensé, parlé et écrit : c'est ce qu'on<br />

ne peut supposer que <strong>de</strong> pédants-qui n'auraient jamais<br />

fait autre chose que commenter les Grecs et<br />

les Latins. La métho<strong>de</strong> facile <strong>de</strong> mettre les injures<br />

à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s raisons a fait dire aux aveugles apologistes<br />

<strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue, que ceux qui <strong>la</strong> trouvaient

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