la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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40S<br />
et îmimm quoque habere. Et §11 peut y mmt <strong>du</strong><br />
cloute sur tes tenues, certes les faits COUSUS et<br />
afôiiés doivent en déterminer l'acception : c'est<br />
une règle <strong>de</strong> critique* Or, pour supposer à Quintilien<br />
une inimitié personnelle contre Sénèque, il faudrait<br />
qu'ils eussent été contemporains, <strong>de</strong> manière<br />
à pouvoir être concurrents, et avoir quelque chose<br />
à démêler Fun avec l'autre, Mais comment ce<strong>la</strong> se<br />
peut-Il, puisque fun entrait dans le mon<strong>de</strong> quand<br />
l'autre Favait quitté? Que les faits parlent pour<br />
moi; c'est ma métho<strong>de</strong> : les voici. Quintilien était<br />
né <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> année <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>; c'est vousmême<br />
qui le dites, et ce<strong>la</strong> est vrai. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> régna<br />
quatorze ans , et Sénèque mourut <strong>la</strong> huitième année<br />
<strong>du</strong> règne <strong>de</strong> Héron, successeur <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> : donc<br />
Quintilien avait vingt ans lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Sénèque<br />
; et qu'est-ce qu'un jeune homme 9 à peine sorti<br />
<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, pouvait avoir à disputer à un vieux ministre<br />
déjà retiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour et <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>? Est-il assez<br />
évi<strong>de</strong>nt que Quintilien n'a pas pu dire qu'il passait<br />
pour haïr [homme? Et si le texte <strong>la</strong>tin prouve<br />
qu'il ne Fa pas dit, est-il moins prouvé par les faits<br />
qu'il n'a pu ni le dire ni le penser? Tous en avez<br />
donc imposé sur ses paroles, comme sur ses sentiments;<br />
vous en avez imposé au point <strong>de</strong> dire qu'un<br />
nuire que Quiniîiiense serait condamné au silence<br />
sur Sénèque; ce qui certainement ne peut s'entendre<br />
que <strong>de</strong> cette inimitié publique et déc<strong>la</strong>rée qui<br />
défend à l'homme délicat <strong>de</strong> juger Vécrivain, quand<br />
on sait qu'il a <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> haïr l'homme* Vous<br />
avez voulu le faire présumer par le contraste insidieux<br />
et mensonger <strong>du</strong> maître d'école et <strong>du</strong> ministre,<br />
contraste qui s'évanouit <strong>de</strong>vant les dates et les<br />
faits. Tous n'alléguez ni ne pouvez alléguer aucun<br />
autre motif <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> basse jalousie. Tout ce<strong>la</strong><br />
n'est donc, <strong>de</strong> votre part, qu'une insulte fondée sur<br />
une imposture.<br />
Après <strong>de</strong>s torts <strong>de</strong> cette nature, il Importe peu<br />
que Fanimosîté qui a déchiré l'homme se répan<strong>de</strong><br />
sur ses écrits ; que vous trouviez <strong>de</strong> Vâpre el <strong>du</strong><br />
barbare dans le style <strong>de</strong> Quintilien, dont tout le<br />
mon<strong>de</strong> a loué l'urbanité et <strong>la</strong> grâce; que vous le<br />
trouviez incorrect, inélégant et <strong>du</strong>r9 vous qui avez<br />
répété cent fois que les Muret et les Sannazar n'étalent<br />
eux-mêmes que <strong>de</strong>s juges très-médiocres <strong>du</strong><br />
Min, 11 est juste, très-juste, que ceux qui refusent<br />
COUES DE UTTÉIATUIE-<br />
mur miens que lui. Cmi tliisi que, parmi nous, OU & dit<br />
que Voi<strong>la</strong>i n était F ennemi m Corneille, parce qu'il préférait<br />
à ses tragédies celles <strong>de</strong> Incise. Mali qu'y a-Ml Ici dans Quintillen,<br />
même ea adoptant <strong>la</strong> version <strong>de</strong> Gé<strong>de</strong>ya, qui donne<br />
<strong>la</strong> moindre Idée <strong>de</strong> eoDcarnoee Indivi<strong>du</strong>elle e! <strong>de</strong> batte jalomk,<br />
oi qui Indique aueun <strong>de</strong> ces motifs qui défen<strong>de</strong>s! à<br />
no auteur d'en juger os astre? ïi n'y a doue rien par conséquent<br />
qui puisse Justifier les in<strong>du</strong>ctions calomnieuse! <strong>de</strong>s<br />
apologistes <strong>de</strong> Sénèque.<br />
à tous les humanistes les plus renommés <strong>de</strong>puis trois<br />
cents ans le droit <strong>de</strong> juger le style <strong>de</strong> Sénèque,<br />
réprouvé dans tous les temps par les meilleurs critiques,<br />
tant anciens que mo<strong>de</strong>rnes, <strong>de</strong>puis Quintilien<br />
jusqu'à Roiiin, s'arrogent le droit <strong>de</strong> juger <strong>la</strong><br />
diction <strong>de</strong> Quintilien lui-même, admiré dans tous<br />
ks temps; <strong>de</strong> voir dans sa <strong>la</strong>tinité <strong>de</strong> fincorreo<br />
tUm, <strong>de</strong> l'inélégance, <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie, etc. Mais si<br />
quelque censeur <strong>de</strong> Sénèque fût tombé dans cet<br />
égarement d'esprit, TOUS conteoteriez-voes d'y ¥©ïr<br />
ce que l'inconséquence a <strong>de</strong> plus absur<strong>de</strong>? et n'y<br />
feriez-Yous pas remarquer ce que <strong>la</strong> présomption a<br />
<strong>de</strong> plus révoltant?<br />
Vous continuez <strong>du</strong> même ton :<br />
« Pour nous,.qui professons l'Impartialité... »<br />
(C'est qu'il ne vous en coûte pas pour professer tout<br />
le contraire <strong>de</strong> ce que vous êtes.)<br />
« admirateurs <strong>de</strong> Sénèque et <strong>de</strong> Quistilien... »<br />
(Vous êtes aussi bons juges <strong>de</strong> l'un que <strong>de</strong> l'autre.)<br />
« nous pro<strong>mont</strong>pm.., »<br />
( Prosternons-nous : les maîtres mut prononcer, )<br />
« que leurs qualités leur appartiennent , et que leur mee est<br />
celui <strong>de</strong> leur temps s'ils ont été vicieux... » .<br />
C'est là ce que YOUS prononcez ! Maîtres, mîm<br />
prononcé n'a pas <strong>de</strong> sens. Personne, pas même<br />
YOUS, n'a reproché à l'un le même trfceqn'à l'autre :<br />
comment donc ce vice serait-il celui <strong>de</strong> leur temps?<br />
11 n'y a pas le plus léger rapport-entre le style <strong>de</strong><br />
l'un et celui <strong>de</strong> l'autre, pas plus qu'entre le bon et<br />
le mauvais; et quand tous les <strong>de</strong>ux seraient mauvais,<br />
ils ne peuvent l'être <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière. Où<br />
en sommes-sous ? et avee qui sommes-nous ré<strong>du</strong>its<br />
à combattre?<br />
« Le critique <strong>de</strong> Sénèque ne fera pas l'approbateur <strong>de</strong><br />
Tacite, et tuât pis pont lui. «<br />
Tant pis assurément pour qui ne sera pas et<br />
fapprobateur et l'admirateur <strong>de</strong> Tacite. Mais aussi<br />
j'aurais cru qu'il n'y aYait qu'un Joste-Lipse qui<br />
pût les accoler ensemble : actuellement on peut<br />
compter <strong>de</strong>ui hommes capables <strong>de</strong> ce ridicule unique,<br />
Jiiste-Iipse et Di<strong>de</strong>rot.<br />
Ce monstrueux rapprochement <strong>de</strong> Sénèque et <strong>de</strong><br />
Tacite retient plus d'une fois sous sa plume, comme<br />
si blâmer l'un c'était condamner l'autre. J'en conclus<br />
qu'il tenait fermement tous ses lecteurs pour<br />
<strong>de</strong>s idiots, ou qu'il se croyait un art infaillible pour<br />
brouiller ce qu'il y a <strong>de</strong> plus simple et <strong>de</strong> plus c<strong>la</strong>ir.<br />
Qui jamais a enten<strong>du</strong> parler <strong>de</strong> tacite comme on a<br />
toujours parlé <strong>de</strong> Sénèque? Dans ce siècle particulièrement<br />
, l'éloge est venu <strong>de</strong> tous cités sur Tacite,<br />
comme le blâme sur Sénèque. Mous pouvons même