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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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thèses» et Tins *enw qm*éàm m font qu'une très-petite<br />

partie <strong>de</strong> tairs ouwages. »<br />

C'est dire assez c<strong>la</strong>irement qu'il n'cioise les fautes<br />

que là où les beautés prédominent. C'est ce qu'Horace<br />

avait déjà dit, et ce qui s'a pu recevoir une interprétation<br />

si fausse que <strong>de</strong> ceux qui âialeat înté-fêî<br />

à <strong>la</strong> faire passer.<br />

Un antre chapitre <strong>de</strong> Longîa est consacré à développer<br />

le pouvoir <strong>de</strong> cette harmonie qui naît <strong>de</strong> farrangement<br />

<strong>de</strong>s mots, et qui <strong>de</strong>vait faire une partie<br />

si essentielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie et <strong>de</strong> l'éloquence, que 9<br />

chez un peuple que l^habitu<strong>de</strong>d'ue idiome, pour ainsi<br />

dire, musical, rendait, en ce genre, si délicate et<br />

si sensible. Le jugement <strong>de</strong> i'oretik est le plus superèe<br />

<strong>de</strong> i&us, avait déjà dit Quintilien. Mais,'quoique<br />

notre <strong>la</strong>ngue ne soit pas composée d'éléments<br />

aussi harmonieux que celle <strong>de</strong>s Grecs ni même <strong>de</strong>s<br />

Latins, l'harmonie artlicleîîe qui résulte <strong>de</strong> l'arrangement<br />

<strong>de</strong>s mots n'en est pas moins sensible pour<br />

nous, et même ce qui manque à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ne fait<br />

que rendre ce travail plus nécessaire et en augmenter<br />

le mérite. Et qui n'a pas éprouvé qu'un son désagréable,<br />

une construction <strong>du</strong>re, peut gâter ce qu'il<br />

y a <strong>de</strong> plus beau? Notre auteur avait donc bien raison<br />

<strong>de</strong> traiter cette partie comme une <strong>de</strong>s plus essentielles<br />

au sublime, et l'on sait jusqu'où les anciens<br />

poussaient à cet égard <strong>la</strong> délicatesse.<br />

« L'harmonie <strong>du</strong> dis<strong>cours</strong> f dit-0 f ne frappe pas seelemeatroreiilef<br />

mais l'esprit; die y réveille une foule d'idées,<br />

<strong>de</strong> sentiments 9 d'Images y et parle <strong>de</strong> près à notre âme par<br />

le rapport <strong>de</strong>s sons a?ee les pensées.... C'est l'assemb<strong>la</strong>ge<br />

et <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s membres qui fait <strong>la</strong> beauté <strong>du</strong> corps :<br />

sépara-lés, et cette beauté n'existe plus. 1S en est <strong>de</strong> même<br />

<strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase harmonique : détruisei-es l'arran-'<br />

fanent 9 rampes ces liens qui les unissent, et tout l'effet<br />

est détruit. »<br />

Cette comparaison est parfaitement juste.<br />

Longin recomman<strong>de</strong> également <strong>de</strong> ne pas trop<br />

allonger ses phrases et <strong>de</strong> ne point trop les resserrer.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier défaut surtout est directement contraire<br />

au style sublime, non pas au sublime d'un mot,<br />

mais au caractère <strong>de</strong> majesté qui convient aux grands<br />

sujets. Homère est nombreux 9 périodique ; il procè<strong>de</strong><br />

volontiers par une suite <strong>de</strong> liaisons et <strong>de</strong> mou?<br />

vemeiits. Le tra<strong>du</strong>ire en style coupé comme on l'a<br />

fait et nos jours, parce que ce<strong>la</strong> était plus aisé que<br />

île Êiire sentir dans <strong>la</strong> version quelque chose <strong>de</strong> l'harmonie<br />

<strong>de</strong> l'original, c'est lui êter un <strong>de</strong> ses principaux<br />

caractères. Cependant ce principe sur l'espèce<br />

«Tbarmonk nécessaire au style sublime souffire quelques<br />

exceptions; mais il est généralement bon. Cicéron,<br />

Démostliènes, Bossuet, en prouvent <strong>la</strong> vérité.<br />

ANCIENS. — POÉSIE. 37<br />

Dès lecommencement <strong>de</strong> son Traité, Longin parle<br />

<strong>de</strong>s vices <strong>de</strong> style les plus opposés au sublime, et<br />

j'ai cru, dans cette analyse, <strong>de</strong>voir suivre une marche<br />

toute contraire, parce qu'il me semble qu'en tout<br />

genre il faut d'abord établir ce qu'on doit faite, ayant<br />

<strong>de</strong> dire ce qu'il faut éviter. Il en marque trois principaux<br />

: l'enflure, les ornements recherchés, qu'il<br />

appelle le style froid et puéril, et <strong>la</strong> fausse chaleur.<br />

Ce sont précisément les trois vices dominants <strong>de</strong><br />

ce siècle. Et combien d'écrivains qui ont <strong>la</strong> prétention<br />

d'être grands, d'être chauds, se trouveraient<br />

froids et petits au tribunal <strong>de</strong> Longin; c'est-à-dire<br />

à celui <strong>du</strong> bon sens, qui n'a pas changé <strong>de</strong>puis lui ?<br />

« L'enflure» dit-il, est ce qu'A y a <strong>de</strong> plus difficile à<br />

éviter : on y tombe sans s'en apercevoir» en cherchant le<br />

sublime et en vou<strong>la</strong>nt éviter <strong>la</strong> faibles» et <strong>la</strong> sécheresse.<br />

On se fon<strong>de</strong> sur cet apophtnegrae dangereux 9<br />

« Dans ma noble projet on tombe noblement;<br />

mais on §*îè!ise L'enflure n'est pas moins vicieuse dans<br />

le dis<strong>cours</strong> que dans le corps ; die a <strong>de</strong> l'apparence, mais<br />

elle est creuse en <strong>de</strong>dans, et t comme os dît » i! n'y a ries<br />

<strong>de</strong> si see qn 9 im bydreptqae. »<br />

Cette comparaison est empruntée <strong>de</strong> Quintilien.<br />

« Le style froid et puéril .est l'abus <strong>de</strong>s figures qu'on<br />

apprend dans les écoles : c 9 est le défaut <strong>de</strong> ceux qui veulent<br />

toujours dira quelque chose d'eitraordlnaire et <strong>de</strong><br />

brUSant , qui veulent surtout être agréables 9 gracieux 9 et<br />

qsi9 à force <strong>de</strong> s'éloigner <strong>du</strong> naturel, tombent dans eue<br />

ridicule affectation. La fausse chaleury qu'an rhéteur»<br />

nommé Théodore» appe<strong>la</strong>it fort Men <strong>la</strong> fureur hors <strong>de</strong> .saison<br />

, consiste à s'emporter hors <strong>de</strong> propos t à s'échauffer<br />

par projet» quand U faudrait être fort tranquille. De tels<br />

écrivains ressemblent à <strong>de</strong>s gens ifres 9 ils cherchent à exprimer<br />

<strong>de</strong>s passions qu'ils n'éprouTent point 9 et il n'y a<br />

rien <strong>de</strong> plus froid, <strong>de</strong> plus ridicule que d'être ému tout<br />

seul quand on n'émeut personne. »<br />

Cet eieellent critique init son en?rage par déplorer<br />

<strong>la</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> éloquence , <strong>de</strong> celle qui Hérissait<br />

dans les heaui jours d'Athènes et <strong>de</strong> Route.<br />

Il attribue cette perte à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté.<br />

«• II est impossible ; dit-il 9 qu'un esc<strong>la</strong>ve soit un orateur<br />

sublime. Mous ne sommes plus guère que <strong>de</strong> magnuiquat<br />

f<strong>la</strong>tteurs. »<br />

Quand nous eu serons à ta déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> lettres chez<br />

les Grecs et les Romains, nous ferrons que Longin<br />

avait raison, et que <strong>la</strong> même corruptf ou <strong>de</strong>s mœurs?<br />

qui avait entraînera chute <strong>de</strong> l'ancien gouvernement,<br />

défait aussi entraîner celle <strong>de</strong>s beaux-arts.<br />

CHAPITRE III.— De <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />

comparée aux <strong>la</strong>ngues anciennes.<br />

Bu sublime à <strong>la</strong> grammaire il y a beaucoup à <strong>de</strong>s-cendre<br />

; mais , pour tes bous esprits, tout ce qui est

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