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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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m par <strong>la</strong> fougue <strong>de</strong>là Jeunesse, si par <strong>la</strong> témérité et l s ©bs«<br />

tisatiiMi <strong>de</strong>s hommes , qui fait perdre patience au âmes<br />

les plus tranquilles , ni par rambitiim cruelle, et pourtant si<br />

commune aux maîtres <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> » <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer leur pouvoir<br />

par <strong>la</strong> terreur. Chei moi f le g<strong>la</strong>ive est enfermé, on plutôt<br />

captif, dans le fourreau. Je suis a?are <strong>du</strong> sang même le<br />

plus fil ; et quand on n'aurait pas d'autre reeommandatios<br />

que le titre d'homme f e 9 en serait une suffisante auprès <strong>de</strong><br />

moi. A ma cour, te sévérité se cache* et <strong>la</strong> démence se<br />

<strong>mont</strong>re à découvert Je m'observe comme si je <strong>de</strong>vais<br />

compte <strong>de</strong> ma con<strong>du</strong>ite aux lois $ que j'ai tirées <strong>de</strong>s ténèbres<br />

pour les exposer au grand jour. Je suis touché <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

jeunesse <strong>de</strong> l'un, <strong>de</strong> Fige avancé <strong>de</strong> Fan Ira; je fais grâce<br />

à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> celui-ci t à <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> celui-là ; et si je<br />

ne trouve pas d'autre motif <strong>de</strong> commisération, je pardonne<br />

pour me faire p<strong>la</strong>isir à moi-même. Si les dieux immortels<br />

me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt compte aujourd'hui <strong>de</strong> mon administration t<br />

je sois fuit à leur faire le dénombrement <strong>du</strong> genre humain.<br />

*<br />

Si ton dmtê qu'a?ee beaucoup <strong>de</strong> connaissances<br />

on puisse avoir très-peu <strong>de</strong> tact, et ne pas distinguer<br />

l'enflure <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur, et <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation <strong>de</strong><br />

réloquenee, ce jugement solennel <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot en sera<br />

une preuve et un exemple. 11 n'est pas mime besoin<br />

d'un goût très-exercé pour apercevoir tout <strong>la</strong> grossière<br />

inconvenance <strong>de</strong> ce morceau. Comment Séné*<br />

que et Di<strong>de</strong>rot n'ont-ils pas senti f l'un plus que<br />

l'autre, tous les fiées <strong>de</strong> cette composition? Il n'y<br />

a là en tout qu'une seule idée :<br />

« Je jouis <strong>du</strong> plus grand pouvoir, et n'en ai point abusé ;<br />

je puis faire beaucoup <strong>de</strong> mal y et n'ai fait que <strong>du</strong> bien. »<br />

Yoilà le fond. Admettes ensuite rampliflcation oratoire<br />

; elle doit avoir partout ses bornes : Gicéron ne<br />

les passe jamais. Elles sont ici outre-passées au<br />

<strong>de</strong>rnier excès f et <strong>de</strong>vaient être d'autant plus resserrées,<br />

qu'on ne supporte pas longtemps un homme<br />

qui se rend un compte si gratuit <strong>de</strong> tout ce qu'il est,<br />

<strong>de</strong> tout ce qu'il peut, <strong>de</strong> tout ce qu'il Tant f <strong>de</strong> tout le<br />

bien qu'il a fait. Aucun panégyrique ne parait plus<br />

long à l'auditeur ou au lecteur que celui qu'on fait<br />

<strong>de</strong> soi-même. Cette prolixité f fastidieuse en soi 9 est<br />

donc ici doublement insupportable. L'emphase ne<br />

f est pas moins; elle est l'opposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> mèksse mo<strong>de</strong>ste<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité simple 9 qui sied surtout au<br />

témoignage <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience. Qu'est-ce que ce gigantesque<br />

éta<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance impériale, dont<br />

personne ne doit être moins ébloui que celui qui <strong>la</strong><br />

possè<strong>de</strong>? 11 pourrait passer dans <strong>la</strong> bouche d'un f<strong>la</strong>tteur<br />

: il ne saurait être dans celle <strong>du</strong> maître <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong>. Les détails mêmes en sont faux et <strong>du</strong> plus<br />

mauvais choix. Un homme raisonnable ne croit jamais<br />

être en droit <strong>de</strong> faire le mal, ê'anéanMr <strong>de</strong>s nu-<br />

«©m, <strong>de</strong> détruire <strong>de</strong>s viUes, défaire esc<strong>la</strong>ves <strong>de</strong>s<br />

smmeroim, etc. El ce n'est pas seulement le pouvoir,<br />

ANCIENS. - PHILOSOPHIE. 40»<br />

c'est aussi te droit qui est exprimé dans les termes<br />

<strong>de</strong> Fauteur 1 . Cette jactance féroce est d'us chef <strong>de</strong><br />

hor<strong>de</strong>s barbares, d'un Atti<strong>la</strong>, d'un Tamer<strong>la</strong>n; et il<br />

n'y a qu'un ma<strong>la</strong>droit rhéteur qui puisse l'attribuer<br />

à un empereur romain t qu'il croît agrandir et qu'il<br />

<strong>la</strong>it petit. En écoutant Héron 9 je croyais entendre<br />

le matamore dont je par<strong>la</strong>is ci-<strong>de</strong>ssus :<br />

n est vrai que Je rêve », et ne sais que résoudre.<br />

Lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux-Je dois le premier mettre en pondre s<br />

Bu grand SopM <strong>de</strong> Pêne on bien <strong>du</strong> grand Magot<br />

N'est-ce pas <strong>la</strong> même chose? Et vous voyez que <strong>la</strong><br />

fausse gran<strong>de</strong>ur, dans <strong>la</strong> comédie qui ? eut faire rire ,<br />

a le même ton et le même <strong>la</strong>ngage que dans un philosophe<br />

qui ? eut faire admirer <strong>la</strong> véritable gran<strong>de</strong>ur. Le<br />

rapport peut-il être plus frappant et plus instructif?<br />

Youles-fous quelque chose qui le soit da?antage?<br />

C'est l'exemple <strong>du</strong> bon substitué à celui <strong>du</strong> mac?aïs*<br />

Racine a fait usage <strong>de</strong> ce qu'il y a?ait <strong>de</strong> bien TU dans<br />

le<strong>de</strong>swin<strong>de</strong>SénèquejCtn'arieapris<strong>de</strong> l'exécution. II<br />

a rempli et rectifié son idée en <strong>la</strong> restreignant à ce<br />

qui peut instruire et toucher, c'est-à-dire à <strong>la</strong> satisfaction<br />

intérieure d'un bon prince qui jouit <strong>du</strong><br />

bonheur qu'il donne. Il fait dire à Burrhus en scène<br />

a?ec Néron :<br />

Quel plililf <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> dite en Tous-même :<br />

Partout, en ce moment, os me bénit, on m'aime;<br />

On ne voit point le peuple à mon nom s'a<strong>la</strong>rmer;<br />

Le efei dans tous leurs F pleurs ne m'entend rw.— point nommer; ne<br />

Lear sombre ia<strong>la</strong>iiîlé se fait point mon visage ;<br />

le Tufs voler parfont les cœurs à mon passage.<br />

Quelle différence <strong>de</strong> ton et <strong>de</strong> style ! C'est celle <strong>de</strong> l'écrivain<br />

éloquent à celui qui tâche <strong>de</strong> l'être. 11 n'a,<br />

d'ailleurs, dans cette même scène, rien emprunté<br />

<strong>de</strong> Sénèque, que ce seul fers, plteé beaucoup plus<br />

convenablement dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Burrhus :<br />

Le sang te plus abject vous était précieux ;<br />

vers qui tf a rien <strong>de</strong> fort remarquable : mais celui-ci y<br />

La efef dam tons leurs pleurs ne m 9 enteni point nommer<br />

réunît au sentiment cette élégance qui est à Racine-<br />

Ce seul ?ers vaut mille fois mieux que toute <strong>la</strong> rhétorique<br />

<strong>de</strong> Sénèque.<br />

Parmi les autorités que Di<strong>de</strong>rot veut faire valoir<br />

en faveur <strong>de</strong> son philosophe, on nous permettra, je<br />

crois, <strong>de</strong> ne pas compter pour beaucoup Juste-Lipse,<br />

savant <strong>du</strong> seizième siècle 3 , et l'un <strong>de</strong> ces commcti-<br />

1 Que les nations ë&ivmt'èlM anéanties, aie,; et font le<br />

rate <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase est <strong>de</strong> même, ainsi que dans le <strong>la</strong>tte.<br />

* L'Eimim eomipit, <strong>de</strong> P. Corneille.<br />

» luste-Lipe fut, dans son enfance, un prodige d'érodftlon<br />

et <strong>de</strong> mémoire ; et ensuite un prodige <strong>de</strong> ridicule, comme<br />

nomme et comme éerirain. Il s'était pris <strong>de</strong> belle passion<br />

'pour Tacite ; et ce qui prouve que ce n'était pas une passion<br />

fort éc<strong>la</strong>irée, c'est qu'il en avait use encore plus gran<strong>de</strong><br />

pour Sénèque. I! se mit m tête <strong>de</strong> ressusciter le stoïcisme,<br />

36.

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