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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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* que le fer eût mmillé l'âme ic Cmton plus qm ses<br />

mmlns,»<br />

comme si Vin eût touché l'âme plus que l'autre ;<br />

comme si Caton, en se frappant, n'eût pas employé<br />

\tfer; et comme si le fer pouvait souiller une âme<br />

plus que les mains : trois absurdités en trois mots;<br />

* ce<strong>la</strong> est d'une trempe rare.<br />

« JLes dieux m hissent tomber <strong>la</strong> prospérité que sur les<br />

Imes abjectes et vulgaires. »<br />

C'est pourtant une vérité assez reconnue <strong>de</strong> tout<br />

temps v que <strong>la</strong> prospérité est <strong>la</strong> plus forte épreuve<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sagesse; et Ïïte-Live * avait dît, avec l'approbation<br />

générale : Seamdm res sapîmiîmm animos<br />

fatigant : La prospérité fatigue les forces <strong>du</strong> sage.<br />

Sénèque, qui fut très-riche, et longtemps puissant<br />

et honoré , se croyait-il alors abject <strong>de</strong>vant les dieui f<br />

Au reste, il y a <strong>de</strong>s moments où ses prétentions<br />

morales paraissent extrêmement bornées, comme<br />

dans cet endroit ioù il dit :<br />

« Je ne me propose pas d'épier les plis vertueux 9 mais<br />

<strong>de</strong> surpasser les méchants. »<br />

Il est pourtant assez raisonnable <strong>de</strong> se proposer le<br />

mieui possible es fait <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite; on en approche<br />

au moins le plus qu'on peut : mais que peut-on gagner<br />

à se comparer aux méchants? Qui croirait que<br />

ce fût là l'ému<strong>la</strong>tion d'un philosophé f ce n'est sûrement<br />

pas celle <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> bien.<br />

J'ai dit que je ne parlerais plus <strong>de</strong> contradictions ;<br />

mais en voici une si inconcevable, que je ne saurais<br />

me dispenser d'en tenir compte :<br />

« Pentes douter que le sage ne trouve plus d'occasions<br />

<strong>de</strong> déployer son âme dans l'opulence que dans <strong>la</strong> pauvreté?<br />

Et c'est lui qui vient <strong>de</strong> dire que les dieux ne <strong>la</strong>issent<br />

tomber <strong>la</strong> prospérité que sur les âmes abjectes!<br />

Selon Di<strong>de</strong>rot,<br />

« te Traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> (Mère est parfait dans son genre : Fauteur<br />

s 9 ? <strong>mont</strong>re grand moraliste» eiceMent raisonneur* et<br />

<strong>de</strong> temps en temps peintre sublimé. »<br />

Cet éloge est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même mesure que tous ceux qu'il<br />

prodigue aux différents ouvrages <strong>de</strong> son philosophe<br />

favori; et, d'après les procédés qu'il, a suivis<br />

dans <strong>la</strong> revue <strong>de</strong> ses ouvrages, tout ce que l'on peut<br />

conclure, c'est qu'il n'était pas difficile m perfection,<br />

et que plus il se croyait permis d'affirmer,<br />

moins il se croyait obligé <strong>de</strong> prouver : ce <strong>de</strong>rnier<br />

caractère est celui <strong>de</strong> tous ses écrits.<br />

* Hos, mais Sal<strong>la</strong>ste , Cattt. ehap. 11. — La Harpe cite encore<br />

celle pensée es par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> TAwmdh <strong>de</strong> Qulnanlt, mais<br />

sans en nommer facteur. Il parait qu'il <strong>la</strong> croyait <strong>de</strong> Tite-<br />

U?e.<br />

LA BABFE, — TOME I.<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHIE. 40 f<br />

Il ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> combattre, dans cet excellent<br />

raisonneur, et dans ee même traité, comme dans<br />

les autres, les absurdités les plus intolérables, et<br />

que lui-même trouve telles. Les expressions les<br />

plus fortes contre Sénèque ne sont pas ici sous <strong>la</strong><br />

plume <strong>de</strong>s détracteurs, mais sous <strong>la</strong> plume <strong>de</strong> l'apologiste<br />

qui les réfute.<br />

« Ce<strong>la</strong> est d*tm fou... ce<strong>la</strong> est d'un vil esc<strong>la</strong>ve.... Yous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z l'impossible, le nuisible même.... Sénèque,<br />

mon philosophe , que faites-vous ? Tous admislstrez i<strong>de</strong>mment<br />

eu poison.... Je le répète : Séoèqoe m'est odieux,...<br />

l'entre dans une espèce d'indignation 9 ete. »<br />

Qui s'exprime ainsi ? Di<strong>de</strong>rot* Mais eu même temps,<br />

quels hommes ont été les critiquée <strong>de</strong> Sénèque F<br />

« Des ignorants qui ne l'avaient pas lu, <strong>de</strong>s envieux qui<br />

Favaient lu avec prévention, <strong>de</strong>s Épicuriens dissolus et<br />

réfoltés <strong>de</strong> sa morale austère, <strong>de</strong>s littérateurs qui préféraient<br />

iâ|ïîireté <strong>du</strong> style i <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong>s mœurs. »<br />

Qui parle ainsi? Encore Di<strong>de</strong>rot. Je ne sais dans<br />

<strong>la</strong>quelle <strong>de</strong> ces c<strong>la</strong>sses il veut être p<strong>la</strong>cé; mais aucun<br />

critique, que je sache, n'en a dit davantage<br />

contre Sénèque. 11 lui reproche les contradictions,<br />

les subtilités, les assertions les plus révoltantes,<br />

<strong>de</strong>s pues antisociales, superstitieuses, pusil<strong>la</strong>ni-t<br />

mes, perfi<strong>de</strong>s, un esprit monacal; il argumente<br />

contre lui , et fréquemment, et <strong>de</strong> façon à le ré<strong>du</strong>ire<br />

à l'absur<strong>de</strong>, ce qui n'est pas difficile. Deman<strong>de</strong>rez -<br />

TOUS comment il concilie ses louanges avec tant <strong>de</strong><br />

reproches qui les détruisent? c'est que Di<strong>de</strong>rot ne<br />

s'occupe pas plus que Sénèque d'être d'accord avec<br />

lui-même; c'est qui] n ? a jamais dans <strong>la</strong> tête que <strong>la</strong><br />

page qu f il écrit, et qu'il oublie dans l'une ce qu'il<br />

a dit dans l'autre; c'est qu'enfin, lorsqu'il s'aperçoit<br />

lui-même <strong>de</strong>s atteintes qu'il porte à son héros<br />

<strong>de</strong> philosophie, il en est quitte pour nous dire qu'il<br />

faut pardonner à Sénèque, parce que rien n'est plus<br />

naturel et plus commun que <strong>de</strong> passer les bornes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité par intérêt pour <strong>la</strong> cause qu'on défend ;<br />

et il est irai que'rien n'est plus naturel et plus<br />

commun aux têtes chau<strong>de</strong>s et aux mauvais esprits ,<br />

à qui sans doute on peut le pardonner, pourvu<br />

qu'on nous pardonne aussi d'en faire fort peu <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> cas, et pourvu qu'on se souvienne que les bons<br />

esprits et les bous écrivains n'ont ps besoin <strong>de</strong> ee<br />

pardon-là.<br />

Malheureusement encore Di<strong>de</strong>rot reprend dans<br />

Sénèque le vrai comme le faux, et j'en donne surle-champ<br />

<strong>la</strong> preuve. Il s'agissait <strong>de</strong> répondra à ceux<br />

qui avaient soutenu très-mal à propos que <strong>la</strong> colère<br />

en elle-même était utile, et servait <strong>de</strong> soutien et <strong>de</strong><br />

mobile aux vertus, par exemple, au courage dans<br />

les combats ; comme si Ton n'était brave que par colère,<br />

et que le premier mérite <strong>de</strong> <strong>la</strong> bravoure ne fût

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