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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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saisis <strong>de</strong> <strong>la</strong> justesse <strong>de</strong> «s rapports f <strong>de</strong> leur profimêem*<br />

<strong>de</strong> leur wmraMIê, <strong>de</strong> leur gravitât Ils sont<br />

tellement graves, que sans doute vous me dispenserez<br />

<strong>du</strong> détail. Il-ajoute :<br />

« Je crois même qu'as bord <strong>de</strong> h tombe I f i Ses pu*<br />

sirs à goûter, os <strong>du</strong> 1110ms , ce qui tient lieu Hé p<strong>la</strong>isir : m<br />

n'en a plus besoin. »<br />

Ce<strong>la</strong> est vrai sans être fort conso<strong>la</strong>nt : il ait mieux<br />

valu, comme Cieéron, rendre eompte <strong>de</strong>s frais<br />

p<strong>la</strong>isirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieillesse* et comme lui, les faire<br />

aimer. Mais ce n ? est pas <strong>la</strong> seule fois que Sénèque,<br />

si diffus dans l'inutile et le feux, est à peu près nul<br />

dans le nécessaire et le vrai. Il ajoute eniii :<br />

« Quel bonheur d'avoir <strong>la</strong>ssé tes passions, et <strong>de</strong> les wms<br />

m lois <strong>de</strong>rrière soi! »<br />

¥oUà <strong>du</strong> moins un motif raisonnable : aussi est-il<br />

<strong>de</strong> Ckéron, et Tua <strong>de</strong> eeux dont il a tiré le meilleur<br />

parti. Pour Sénèque f il se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> dire<br />

un mot <strong>de</strong> plus; mais il emploie <strong>de</strong>ux pages à<br />

commenter ce fers d'Horace {Epist. Mb. if 4} :<br />

Ommtm ertêi àùm tibi êUmmsM êmprmmm*<br />

Croie» que chaquejour est pour vous le drate.<br />

Plusieurs autres <strong>de</strong> ses kitres ne sont aussi que<br />

<strong>de</strong>s paraphrases <strong>de</strong>s ÉpUrm d'Horace, entre autres<br />

celle sur les voyages t où <strong>la</strong> prose <strong>du</strong> philosophe ne<br />

tant siaepasl pas les fers <strong>du</strong> poète.<br />

« Tons pouves corriger un mal par un antre » <strong>la</strong> crainte<br />

par l'espoir. »<br />

Il répète ailleurs cette même maxime , qui <strong>la</strong>it<br />

<strong>de</strong> l'espérance un moi : c'est un démenti donné à<br />

<strong>la</strong> nature. Il se peut que ce<strong>la</strong> fût dans <strong>la</strong> doctrine<br />

stoïcienne , mais ce<strong>la</strong> n'est pas dans <strong>la</strong> raison.<br />

Il conseille,' comme tous les moralistes, <strong>de</strong> ne<br />

pas pousser les soins <strong>du</strong> corps jusqu'à' s'y asser?ir,<br />

et dit sensément'd'après tout le mon<strong>de</strong> :<br />

« Lavette n'aura plus <strong>de</strong> fris pour vous, si <strong>la</strong> corps en<br />

a trop. »<br />

Mais l'esprit <strong>de</strong> Sénèque ne manque guère une<br />

occasion <strong>de</strong> gâter <strong>la</strong> raison d'autrui.<br />

« Donnons <strong>de</strong>s soins au corps, continiie-t-il, mais sans<br />

ba<strong>la</strong>ncer à Se jeter dans les f<strong>la</strong>mmes as premier signal <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

raison, <strong>de</strong> rhonneur, <strong>du</strong> <strong>de</strong>voir. »<br />

Éternel et incorrigible déc<strong>la</strong>mateur! ne dirait-on<br />

pas qu'il n'y a rien <strong>de</strong> si commun que <strong>de</strong> se jeier<br />

dams 'ks f<strong>la</strong>mmes su signai'<strong>de</strong> <strong>la</strong> raison, <strong>de</strong> thonneur,<br />

<strong>du</strong> <strong>de</strong>mirî Si on lui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong>s exemples ,<br />

il se trouYerait que <strong>de</strong>s assiégés s'y sont jetés par<br />

un désespoir furieux; que le sentiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<br />

et <strong>de</strong> l'amour, exalté par le danger <strong>de</strong> personnes<br />

chéries, y a précipité pour les sauver; et ,<br />

dans toutes ces occasions, ce n'est ni <strong>la</strong> raison,<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHIE. 395<br />

ni rhonneur, m k <strong>de</strong>voir qui a donné le signai :<br />

c'est un mouvement antérieur à toute réiexlen.<br />

« Le sage considère en tout le commencement et non <strong>la</strong><br />

Isa *<br />

Le sage <strong>de</strong> Sénèque apparemment; car <strong>la</strong> Fontaine<br />

n'a été que l'écho <strong>de</strong> tous les sages <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> quand<br />

Il a dit:<br />

En tonte abuse i asti considérer <strong>la</strong> in.<br />

Et9 malgré Sénèque, je suis <strong>de</strong> l'avis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine<br />

et <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. Si Sénèque a voulu<br />

dire que le sage considère en tout le principe, et<br />

non pas l'événement, pourquoi ne fa-t-il pas dit?<br />

Il aurait dit une vérité très-commune, qui ne contredit<br />

point le vers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine, parce que le<br />

<strong>de</strong>voir est pour l'honnête homme le principe et <strong>la</strong><br />

in; mais il aurait <strong>du</strong> moins exprimé sa pensée.<br />

A propos <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé et <strong>de</strong> l'exercice<br />

qui peut ajouter à l'embonpoint , il trouve indécent<br />

pour un homme kUrê d'exercer ses bras. J'ai<br />

vu <strong>de</strong>s hommes lettrés , et fort lettrés , jouer encore<br />

à <strong>la</strong> paume et à <strong>la</strong> balle à quarante et cinquante<br />

ans, sans aucune iméêeenœ* Il ajoute :<br />

« Quand TOUS serez gras à souhait, quand vos épaules<br />

auront aise <strong>la</strong>rgeur démesurée, jamais vos» a f égalerai le<br />

poids et Feneo<strong>la</strong>re d'un bœuf. »<br />

J'en suis convaincu; mais je le suis aussi qu'excepté<br />

<strong>la</strong> grenouille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fable, jamais personne<br />

n'eut cette prétention.<br />

Il approuve cette maxime d'Épicure :<br />

« Croyez-moi, un grabat et <strong>de</strong>s haillons donnent an discausa<br />

use gran<strong>de</strong>ur plus Imposante. »<br />

Et pourquoi? Un grabat est plus sain que <strong>la</strong> plume<br />

et Fédredon; soit : un habillement simple et mo<strong>de</strong>ste<br />

convient à l'homme <strong>de</strong> Mant à moins ipe<br />

son rang ne lui. en prescrite un autre. Mais les<br />

haillons 9 si ce sont eeux <strong>de</strong> l'indigence, n'imposent<br />

que l'aumône : si ce sont ceux <strong>du</strong> cynisme, je dirai<br />

à Antisthène, avec Sacrale : le vois percer<br />

ion orgweM à travers k* Irasss <strong>de</strong> ton manteau.<br />

Mais, ce qui est vrai, c'est qu'il y a telle situation<br />

où ce sont ks dis<strong>cours</strong> qui peuvent donner <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur au grabat et aux haillons, qui par euxmêmes<br />

n'en ont pas.<br />

' m Préservons surtout nos cœurs d'une passion trop<br />

commune 9 celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort »<br />

Il fal<strong>la</strong>it que Sénèque lui-même ne <strong>la</strong> crût pas si<br />

eoMMtiHe, puisqu'il atant écrit pour nous apprendre<br />

à mépriser <strong>la</strong> mort ; au contraire 1 il ne nous met en<br />

gar<strong>de</strong> qu'en ce seul endroit contre im passion <strong>de</strong><br />

im mort mise au premier rang entre toutes celles<br />

dont il faut se préserver. le ne sais il mène en

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