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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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d'une ?I# f Mat et entière à une.mort violente et<br />

infime est ce qu'il y a <strong>de</strong> pies répugnant à <strong>la</strong> nature<br />

humaine ; l'autre, que « dans cette terrible nécessité,<br />

<strong>la</strong> mort est encore moins terrible fie Fi»<br />

gnominie; ce fui est prouvé par le grand nombre<br />

d'hommes qui se sont donné ta mort, et une moft<br />

cruelle, pour se dérober ara bourreaui. Et vous me<br />

dites froi<strong>de</strong>ment , que c'est là que je mis ! Yons<br />

mentez ; et mu mensonge évi<strong>de</strong>nt n'est ni une raison,<br />

ni un conseil, ni use conso<strong>la</strong>tion ; c'est une insulte,<br />

et ici une insulte au malheur. 11 est d'un philosophe<br />

<strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> nature humaine, et <strong>de</strong> prendre en<br />

elle, autant qu'il est possible, l'antidote <strong>de</strong>s main<br />

qui sont en elle. Il y a es effet dans<strong>la</strong> raison et dans <strong>la</strong><br />

vertu <strong>de</strong>s appuis réels contre tontes les infortunes*<br />

et mime contre celle qui me menace <strong>de</strong> si près, mais<br />

YOUS ne les connaissez pas f car ? ces ne par<strong>la</strong>i si en<br />

homme, ni es philosophe, mais en rhéteur qui veut<br />

faire une phrase. Allez faire <strong>de</strong>s phrases dans votre<br />

c<strong>la</strong>sse ; et moi, je fais inVoquer le Dieu qui i les yeux'<br />

sur l'innocence et sur le crime.<br />

Telle est <strong>la</strong> réponse qu'os pourrait faire à Sésèque,<br />

en attendast k réplique <strong>de</strong>s adorateurs <strong>de</strong> sa<br />

philosophie.<br />

« H est <strong>du</strong>r <strong>de</strong> vivre sons <strong>la</strong> nécessité ; mais I u 9 y a<br />

point <strong>de</strong> nécessité d 9 y livra *. »<br />

Ici <strong>la</strong> nécessité ne peut slgsiler que le <strong>de</strong>stin,<br />

fatum, que Sénèque, ainsi que les stoïciens, admettait<br />

avec <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce, sans trop se mettre en<br />

peine <strong>de</strong> les concilier. Mais, dans cette hypothèse,<br />

les termes <strong>de</strong> cette phrase impliquent contradiction ;<br />

car a?ac <strong>la</strong> fatalité, qui est cette même nécessité,<br />

tout est également nécessaire $ et par conséquent<br />

il Test <strong>de</strong> vivre sous cette nécessité, autant qu'elle<br />

le tondra. Mais, en <strong>la</strong>issant même cette rigueur<br />

métaphysique , qui est fort loin <strong>de</strong> Sénèque, ce qu'il<br />

nées apprend dans cette pensée se ré<strong>du</strong>it à mourir<br />

quand il ne nous convient plus <strong>de</strong> vivre; ce qui n'est<br />

pas un mer?eilleui secret, mais ce qui est un <strong>de</strong>s pi-<br />

YOts <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie <strong>de</strong> Sénèque, grand prédicateur<br />

<strong>du</strong> suicida» Ce notait pas l'opinion <strong>de</strong> Sacrale et <strong>de</strong><br />

P<strong>la</strong>ton, car il est juste <strong>de</strong> n'opposer à Sénèque que<br />

<strong>de</strong>s philosophes païens. Mais cette question, qui<br />

s'en doit pas être une pour nous, a été trop souvent<br />

agitée pour y revenir ici. J'observerai seulement,<br />

comme idée à méditer, pour ceux qui méditent,<br />

qu'un moyen <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> son existence, qui serait<br />

commun à l'homme <strong>de</strong> bien et au scélérat, se<br />

saurait être dans Tordre métaphysique et moral.<br />

« Amener à Caton son poignard, c'est <strong>la</strong>i enfler son<br />

immortalité. *<br />

* l<strong>la</strong>iime i%t€ersf allée par Sénèque, ép. lia<br />

ANCIENS. — P11IDS0PBIE. S9S<br />

La belle passion'<strong>du</strong> suici<strong>de</strong> nVt-eUe pas emparée<br />

Sénèque un peu trop loin? Quoi! Caton n'avait<br />

pas asses <strong>de</strong> sa vie pur être immortel ! et it na le<br />

serait pas, s'il ne s ¥ éteil pas tué ! C'est ce qu'os a<br />

dit d'Othos, et ce qui était frai n?nn homme qui<br />

n'avait <strong>la</strong>it en sa vie qu'une action <strong>de</strong> courage, celle<br />

<strong>de</strong> mourir. MaisCatos! quelque satisfait qu'il ait<br />

pu être <strong>de</strong> sa mort 9 je se crois pas qu'il le fit assex<br />

peu <strong>de</strong> sa vie pour l'être ici <strong>de</strong> Sénèque.<br />

« Quelle sera <strong>la</strong> vie <strong>du</strong> sage enfermé dans an cachot» es<br />

jeté sir sua p<strong>la</strong>ge déserte? C@U® <strong>de</strong> inpiter dans <strong>la</strong> dlsso<strong>la</strong>f<br />

<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s. »<br />

Sur quoi Di<strong>de</strong>rot s'écrie :<br />

« De pareilles idées ne viennent qu'à <strong>de</strong>s hommes d'une<br />

trempe rare. »<br />

Sur quoi je réponds que <strong>de</strong> pareiiks idées ne<br />

viennent qu'à <strong>de</strong>s fous f et que cette folie n'est pas<br />

rare, Horace, homme d'une trempe assez rare, au<br />

moins pour l'esprit, avait dit dans ces strophes connues<br />

pour un <strong>de</strong>s eiemples <strong>du</strong> sublime, et où il<br />

peint l'inébran<strong>la</strong>ble fermeté <strong>du</strong> juste (Od. m9 3 ) :<br />

Séfrmîm ff<strong>la</strong>batur &rbù9<br />

iMjMmêmmferimt rminm.<br />

Le ciel tonna, <strong>la</strong> mer gron<strong>de</strong> :<br />

Sur lui les éêerfs <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />

Tomberont sans l'effrayer.<br />

Ce<strong>la</strong> est grand, et ne peut l'être davantage sans<br />

passer toute raison, c'est-à-dire sans cesser d'être<br />

grand ; et Sénèque était très-capable <strong>de</strong> cette transmutation<br />

: sa phrase n'est pas'autre chose, et son Jupiter<br />

y atout gâté. Le bos sens <strong>de</strong>man<strong>de</strong> es quoi<br />

les pensées <strong>de</strong> Jupiter peuvent ressembler à celles<br />

<strong>du</strong> sage dans <strong>la</strong> dissôMion<strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s. Mais l'esprit<br />

<strong>de</strong> Sésèqse affectionnait extraordinâirement<br />

cette similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jupiter et <strong>du</strong> sage : c'est use <strong>de</strong><br />

ses pensées favorites.<br />

« L'homme <strong>de</strong> bien ne diffère <strong>de</strong> Bien que par <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée :<br />

Il est son disciple et son ri?al. »<br />

Ailleurs, ce n'est pas assez pour Sénèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> parité;<br />

et es effet, ce serait dommage <strong>de</strong> s'arrêter en<br />

si beau chemin:<br />

« Un petit nombre d'années est autant pour le sage que<br />

l'éternité pour les dieux. Il a même un mérite déplus : M<br />

sagesse <strong>de</strong>s dieux est <strong>du</strong>e à leur nature , et non à leurs efforts.<br />

»<br />

N'oubliez pas que tout k l'heure il <strong>de</strong>mandait aui<br />

dieux k sagesse Y et Di<strong>de</strong>rot n'a pas manqué <strong>de</strong> le<br />

lui reprocher. Maisea<strong>la</strong>s selos lui, les dieni <strong>du</strong> moins<br />

étaient donc pour beaucoup dans <strong>la</strong> sagesse huniaine<br />

?et il n'est pas trop bien §afe le sage se fasse<br />

ainsi le rival, et dtême le supérieur d'une divinité<br />

l Mesfiutrii». On pourrait trouver là quelque ingnti-

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