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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — PHILOSOPHE. 391<br />

est fiai dans II pansée, tout est puéril dans les<br />

tournures. Que veut Sénèque? M'inspirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> fermeté,<br />

<strong>du</strong> courage, <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution. Et il m'offre<br />

<strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> désespoir, qui, <strong>de</strong> sou aveu, se<br />

sont qu'un excès <strong>de</strong> crakiMI Quelle grossière inconséquence!<br />

Quand Cieéron me ditf Soyez homme,<br />

et me prou?e qu 9 il faut l'être f je ne saurais lui dire ,<br />

Je se suis pas un homme. Mais je dirais à Sénèque<br />

: Je ne suis, ni esc<strong>la</strong>ve, ni fugitif, ni enragé.<br />

11 me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> H k courage ne fera pas ce qu'a<br />

fait fexeês <strong>de</strong> ta crainte. Cest comme s'il me <strong>de</strong>mandait<br />

si je ne ferais pas en état <strong>de</strong> raison et <strong>de</strong><br />

santé ce qu'on fait dans <strong>la</strong> lèvre chau<strong>de</strong>. Le courage<br />

est une force tranquille, et celle-là est rare;<br />

c'est celle qui est vraiment <strong>la</strong> vertu : aussi le courage<br />

et- k verte sont le même mot chez les Latins.<br />

La force, qui fait qu 9 on m pend, qu f on s§ précipite,<br />

qu'on s'égorge soi-même, est une frénésie,<br />

une aliénation née, tu en confient, d 9 teur, quoiqu'il n'ait été ni l'as ni l'autre (car on<br />

n'est ni poite m orateur pour avoir écrit en prose<br />

avec l'imagination et l'éloquence que peut comporter<br />

le style philosophique), lui refuse nettement<br />

le titre <strong>de</strong> philosophe;-et il ne faut pas moins que<br />

l'autorité <strong>de</strong> l'éditeur pour faire passer ce paradoxe ,<br />

que ?ous paniez apprécier d'après ce que ?aaa<br />

avez enten<strong>du</strong>, et d'après l'opinion générale, qu'il<br />

appelle une idolâtrie, mais qu'il a?oue s'être conservêe<br />

jusqu'à nos jours dans toute sa pureté. Je<br />

m'en iatte, et lui sais gré <strong>de</strong> l'aveu. Mais il se f<strong>la</strong>tte,<br />

lui, que, dans un sëck tel queh nôtre, où l'on<br />

n'a pas wmîms <strong>de</strong> lumières que <strong>de</strong> goût, P<strong>la</strong>ton et<br />

Cieéron doivent nécessairement perdre, comme<br />

philosophes, ce qu'apparemment Sénèque doit gagner.<br />

Permis à chacun <strong>de</strong> se donner raison dans l'a?<br />

f enir ; et, quoique P<strong>la</strong>ton et Cieéron aient déjà <strong>de</strong>ux<br />

mille ans pour eux, celui-ci un pu moins, celui-là<br />

un mouve­ un peu plus, rien n'empêche que dans <strong>de</strong>ux mille<br />

ment aveugle et désordonné, d'un «ces <strong>de</strong> crainte ans encore quelqu'un ne réc<strong>la</strong>me contre k préjugé,<br />

§t <strong>de</strong> foreur : c'est <strong>la</strong> force <strong>de</strong> rhydrophobe fil!-se PMumtkm et l'idolâtrie, et n'en a^pdie à un plus<br />

jette dans le feu <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> l'eau. L'Une <strong>de</strong> ces 'for- amplement informé, comme cet orateur <strong>de</strong> café,<br />

cet est donc essentiellement un bien, et l'autre une Boindin, qui se trouvant seul <strong>de</strong> son ails au milieu<br />

.ma<strong>la</strong>die; l'une est l'honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature humaine, d'un cercle nombreux, disait froi<strong>de</strong>ment : Cestqu'it<br />

et l'antre en est <strong>la</strong> faiblesse; l'une enfin n'appar­ me manque là dix mitk personnes qui seraient<br />

tient qu'au sage, et Fautre à tous tes fous : et c'est peut-être <strong>de</strong> mon avis.<br />

un philosophe qui conclut <strong>de</strong> Tune à l'autre è/@r- Mous savons que les opinions peuf eut changer<br />

Mori! c'est un moraliste grave et profond qui as­ avec les siècles sur les objets <strong>de</strong>s sciences, toujours<br />

simile' ce qu'on fait quand on a per<strong>du</strong> <strong>la</strong> tête t à perfectiDles; mais nous n'afons pas encore fu que,<br />

m qu'il prescrit <strong>de</strong> faire par un calcul <strong>de</strong> raison et sur <strong>de</strong>s hommes tels que P<strong>la</strong>ton et Cieéron, un siè­<br />

par un principe <strong>de</strong> sagesse, comme si <strong>de</strong>ux causes cle ait contredit tous les siècles. U n'y en a point<br />

si différentes détalent avoir le mime effet! Un d'exemples; et pourtant le mon<strong>de</strong> est assez fieux<br />

amant désespéré, un esc<strong>la</strong>ve excédé <strong>de</strong> coups, un pur en av oir fourni. On sait <strong>de</strong>puis longtemps I<br />

fugitif échappé <strong>de</strong> sa chaîne f sont les modèles en­ quoi s'en tenir sur ce qu'il peut y avoir à prendre<br />

courageants, les professeurs d'héroïsme que Sénè­ ou à <strong>la</strong>isser dans <strong>la</strong> philosophie d'Aristote, <strong>de</strong> P<strong>la</strong>que<br />

fait asseoir a?ec lui dans sa chaire <strong>de</strong> philoton f <strong>de</strong> Cieéron, comme dans celle <strong>de</strong> Deseartes et<br />

sophie! Et il ne sent ps tout ce ridicule! et ses <strong>de</strong> Leibnits ; mais les hommes ont gardé leur p<strong>la</strong>ce,<br />

aiaiifateiifs ne s'en doutent pas! Il est frai que les et Fon put présumer qu'ils <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>ront. La cou*<br />

tours <strong>de</strong> phrases sont dignes <strong>de</strong>s idées. Quoi! ce t tradietiaa particulière est <strong>de</strong> tous les temp, mais<br />

n'est que ce<strong>la</strong> f Ce n'est rien. Ce n'est que ta douelie<br />

n'infirme pint <strong>la</strong> voix générale; et quand on<br />

leur f Ce n'est que <strong>la</strong> mortf... Mais qu'y a-t-II donc espère convertir nos neveux, il faudrait au moins<br />

<strong>de</strong> plus aisé que cette forfanterie <strong>de</strong> proies, qu'on commencer par être fort <strong>de</strong>vant ses contemprains.<br />

peut appeler proprement <strong>la</strong> gaseoaaa<strong>de</strong> philosophi­ Hour sommes déjà peut-être assa avancés pour<br />

que; car le ton en est assez risîWe pour autoriser avoir un avis arrêté sur Sénèque et ses prtisans;<br />

cette expression familière? On prdonne cette rhé­ mais il faut pusser jusqu'au bout cette discussion,<br />

torique aux écoliers et aux char<strong>la</strong>tans. Mais un moins pur convaincre <strong>de</strong>ux ou trois adversaires<br />

vieux philosophe! un écrivain <strong>de</strong> profession! Ce<strong>la</strong> qu'on ne prsua<strong>de</strong>ra ps, que pur eaairaaer et ? en-<br />

n'est digne que <strong>de</strong> mépris, et peut très-raisonnager <strong>la</strong> vérité que les autres ne sont pint intéressés<br />

blement faire douter qu'il y ait eu quelque chose à rejeter.<br />

<strong>de</strong> réel et <strong>de</strong> soli<strong>de</strong> dans les principes, quand il y<br />

Ce P<strong>la</strong>ton, qu'on dédaigne tant comme philoso­<br />

a dans le <strong>la</strong>ngage une affectation si habituelle et<br />

phe et comme moraliste, me rappelle ici le Phédm,<br />

sirinblê.<br />

par le contraste qu'il forme avec <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> Sé­<br />

L'éditeur, qui estime P<strong>la</strong>ton comme poêle et oranèque.<br />

Quelle différence et quelle És<strong>la</strong>acel Ce que

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