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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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C0U1S DE LITTÉIATUIE.<br />

8i0<br />

« An fond d'an e«F MConiiaJfl««t, un Menftit porte<br />

intérêt»<br />

« La f ertu passe entre <strong>la</strong> bonne et h maiif aise fortese,<br />

et jette sur l'une et Feutre en regard <strong>de</strong> mépris. »<br />

Oa confond trop aisément les sentences avec le<br />

ton sentencieux 9 les pensées mec m qui n'en a que<br />

<strong>la</strong> tournera. L'éditeur regar<strong>de</strong> Sénèque comme<br />

fauteur le plus grave, kpim moral <strong>de</strong> toute faniiqmiêé<br />

: il Test beaucoup moins que Cieéron 9 et surtout<br />

que Plutarque. La gravité, dans les ouvrages<br />

<strong>de</strong> raisonnenient,consi8te dans <strong>la</strong> solidité <strong>de</strong>s moyens<br />

tl dans'une dignité <strong>de</strong> style assortie à celle <strong>du</strong> sujet.<br />

C'est précisément ce qui manque à Sénèque; car<br />

on peut dire qu'une qualité manque h un auteur,<br />

quand elle se <strong>mont</strong>re très-rarement chez lui, et que<br />

le contraire y est à tout moment. Je f aurai dé<strong>mont</strong>ré,<br />

si je fais voir, par <strong>de</strong>s citations nombreuses et<br />

<strong>de</strong> tout genre, que ses moyens, loin d'être soli<strong>de</strong>s,<br />

sont <strong>la</strong> plupart frivoles, faux, ridicules même; quef<br />

loin d'avoir une abondance <strong>de</strong> pensées, comme le<br />

dit encore l'éditeur, il s'a qu'une abondance <strong>de</strong> phrases<br />

tournées en apophthegmespour redire une même<br />

chose, sans nuances et sans progression; que les<br />

forma <strong>de</strong> son style, loin d'avoir le sérieui qui eonvient<br />

à <strong>la</strong> chose, sont <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> force et <strong>de</strong>s jeui<br />

d'esprit qui peuvent quelquefois éblouir «a instant<br />

l'homme inattentif, mais dont <strong>la</strong> futilité parait dès<br />

qu'on y regar<strong>de</strong>. Je prends d'abord pour eiemple<br />

un dés objets qu'il semble avoir voulu épuiser, tant<br />

il y revient souvent, le mépris <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> mort. Vous le retrouverez le même que sur le mépris<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> foudre et <strong>de</strong>s tremblements <strong>de</strong> terre. Je<br />

ne peui pas vous lire ici tout Sénèque ; mais quand<br />

un même caractère est si marqué dans les morceaux<br />

importants et dans <strong>de</strong>s passages entiers, tels qu'on<br />

ne rencontrerait rien d'approchant dans un auteur<br />

qui saurait écrire; quand ce caractère se repro<strong>du</strong>it<br />

dans une foule <strong>de</strong> citations diverses plus ou moins<br />

éten<strong>du</strong>es; quand les citations sont prises dans ce<br />

que les apologistes eui-mémes présentent à l'admiration<br />

(et c'est une loi que je me suis faite dans<br />

tout cet article); alors on peut affirmer que ce caractère<br />

est celui <strong>de</strong> l'auteur : et si ce s'est pas le<br />

procédé d'un critique impartial 9 que nos adversaires<br />

sous en indiquent un autre.<br />

Di<strong>de</strong>rot nous crie <strong>de</strong> sa voix d'inspiré " :<br />

cmkmê9f où <strong>la</strong> même matière est traitée, «liant<br />

Séaèque a pris tout ce qu'il y a <strong>de</strong> sensé dans le faatf<br />

<strong>de</strong> sa morale. Cieéron s'outre rien : ses motifs sont<br />

pris dans <strong>la</strong> saine raison $ dans usejuste estimation<br />

<strong>de</strong>s choses humaines. 1 n'insulte point à <strong>la</strong> nature<br />

comme s'il y avait en elle <strong>de</strong> <strong>la</strong> folie à repousser ce<br />

qui lui est contraire : il tâche seulement <strong>de</strong> raffermir<br />

par <strong>de</strong>s considérations analogues à ses forces 9<br />

et oppose à <strong>de</strong>s maux nécessaires le courage que<br />

doit inspirer à rhomrae <strong>la</strong> noblesse <strong>de</strong> son âme, et<br />

cette patience virile qui s'est qu'une résignation réfléchie<br />

, seul remè<strong>de</strong> à ce qu'on ne peut guérir, seul<br />

adoucissement à ce qu'on ne peut éviter. Enfin, il<br />

se sert principalement <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> comparaison,<br />

ici les miens appliqués <strong>de</strong> tous, puisque <strong>la</strong> meilleure<br />

manière <strong>de</strong> juger un mal, c'est <strong>de</strong> le comparer à un<br />

plus grand ; et il faitsen tir combien 1e vice et <strong>la</strong> honte,<br />

qui souillent et tourmentent l'âme, sont <strong>de</strong>s maui<br />

plus à craindre que <strong>la</strong> douleur et <strong>la</strong> mort.<br />

« Je ne nie pas, dit-il, qse <strong>la</strong> douleur ne. suit en nul;<br />

Je ni® qu'elle soit le pins grand <strong>de</strong>s mani : et si dlen'éfelt<br />

pas sa mal, où serait donc le courage <strong>de</strong> <strong>la</strong> brafer? Je<br />

dis que ce mal est sprmenté par <strong>la</strong> patience. Et, si fous<br />

manquez <strong>de</strong> patience, où est donc lu philosophie? A quoi<br />

nous sérielle ? Pourquoi h fauter, et nous en gtoriler ? —<br />

Mais <strong>la</strong> douleur ne fait sentir tes sigillées* — Et, quand<br />

es serait un poignard, qa'arrtfeim^Q? Si irons êtes sens<br />

défense, TOUS recevra le coup. Mais TOUS te npensseiei, M<br />

¥«ts aves le bouclier d'AcMUe, ramure céleste : et font<br />

fmm; car ce bouclier, qu'est-ce antre chose que le courage?<br />

Si fous n'en aves pas, renoncez donc à <strong>la</strong> dignité<br />

d'homme.... Me m'avez-vous pas accordé qu'aucun mal<br />

n'est comparable à h botîte ; à l'infamie? Et quoi <strong>de</strong> pies<br />

honteux à l'homme que <strong>de</strong> snecomber à k douleur os à <strong>la</strong><br />

crainte? $11 ne sait pas leur résister, comment préférerat-ll<br />

à font le èseef r et <strong>la</strong> verte ? »<br />

Voilà qui va an <strong>la</strong>it; voilà parler en homme et à<br />

<strong>de</strong>s hommes. Écoutons Sénèque ;<br />

« Il est difficile, dites-fous, d'amener l'âme jusqu'au<br />

mépris <strong>de</strong> h mort. Eh ! ne voyez-Yous pas quels sejets Utiles<br />

Sa font tous les jours mépriser? € 9 est ea amant qui se<br />

pend à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> sa issf tresse ; un esc<strong>la</strong>ve qui se précipite<br />

do haut d'un toit pour n'être plus sujet ses emportements<br />

<strong>de</strong> son mettre; mrftagKif qui se perce le sein pour<br />

a'êtra pas ramené dans les fers. Dontet-fous que <strong>la</strong> courage<br />

puisse opérer ce qs'a fait l'excès <strong>de</strong> <strong>la</strong> crainte ?... Que<br />

feulent lire ces fouets armés <strong>de</strong> pointes signés s ces che­<br />

valets 9 cet attirail <strong>de</strong> supplices f Quoi ! ce n<br />

m Homme pusil<strong>la</strong>nime, fit les <strong>de</strong>ai grands fantômes, <strong>la</strong><br />

douleur et <strong>la</strong> mort l'effrayent, lis Sénèque. »<br />

J'aime mieux, pour mon compte, lire les Tustout<br />

est stérile : et qu'on essaye sur mm pensée <strong>de</strong>s ouvrages<br />

imlleiophtyiMs «le Oeéros mm rédaction eto même genre que<br />

osUe fat a Skn Ici. sur Sénèque!<br />

1<br />

In priât te #ff«s uni et unr.<br />

s est que <strong>la</strong> dosleur<br />

S Ce n'est rien , ou elle faire promptement. A quoi bon<br />

ces glslf es ; ces feux , ces beurrent» qui frémissent auteur<br />

<strong>de</strong> mot ? Quoi ! ce n'est que <strong>la</strong> mort ! Mon esc<strong>la</strong>ve <strong>la</strong> bravait<br />

hier. »<br />

C'est là ce que Di<strong>de</strong>rot admire et ce qu'on nous<br />

ordonne d'admirer. Mais quel homme <strong>de</strong> MUE peut<br />

être <strong>du</strong>pe <strong>de</strong> cette dé<strong>du</strong>sation fiw&rauie? Tout

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