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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

Sur tu iM»dftf notr, sept elssii topttoyaMes<br />

£§»«?aaleat les dieux <strong>de</strong> serments effroyables :<br />

très d'us taureau mourant qu'ils Tiennent d'égorger,<br />

Tiras s lt main dans te sang , jurent <strong>de</strong> se Yeoger.<br />

§§ m Jutait <strong>la</strong> Peur, te dieu Man» et Bellone.<br />

OD a dit a?ec raison qu'il se fal<strong>la</strong>it pas rimer fréquemment<br />

par <strong>de</strong>s-épitbètes, d'abord pour éviter<br />

l'uniformité, et ensuite parce que cette ressource est<br />

trop facile. Là-<strong>de</strong>ssus, ceux qui veulent toujours<br />

enchérir sur <strong>la</strong> raison et <strong>la</strong> vérité ost pris le parti<br />

<strong>de</strong> trouver mauvais tous les vers qui finissent par<br />

<strong>de</strong>s épithète^; erreur d'autant plus ridicule, que<br />

souvent elles peuvent faire un très-bel effet quand<br />

elles sont harmonieuses, énergiques, et adaptées<br />

aux circonstances. Ici elles sont très-bien p<strong>la</strong>cées;<br />

mais ce qu'il y a <strong>de</strong> plus beau dans ces vers, c'est<br />

cet hémistiche pittoresque, t&m, <strong>la</strong> main dam k<br />

mmg, Le tra<strong>du</strong>cteur remporte sur l'original, qui a<br />

mis un vers entier pour ce tableau, que <strong>la</strong> suspension<br />

<strong>de</strong> fhémistiehe rend plus frappant en français,<br />

parce qu'elle force <strong>de</strong> s 9 y arrêter : c'est un <strong>de</strong>s secrets<br />

<strong>de</strong> notre versification.<br />

J'observerai encore que les <strong>de</strong>mi morceaux qu'on<br />

vient d'entendre 9 l'un d'Euripi<strong>de</strong> f l'autre d'Eschyle t<br />

n'ont rien qui soit proprement «blâme; mais que<br />

l'un est remarquable par <strong>la</strong> vi?acité, et l'autre par<br />

<strong>la</strong> force <strong>de</strong>s images; et tous <strong>de</strong>ux, par conséquent,<br />

appartiennent à ce style élevé qui est l'objet dont il<br />

tfagit.<br />

A l'article <strong>de</strong>s figures oratoires, il cite <strong>de</strong>us endroits<br />

fameux <strong>de</strong> Démosthènes : je remets à en parler<br />

quand nous lirons cet orateur. Mais, à propos<br />

<strong>de</strong>s figures, il donne un précepte bien sage, et qui<br />

peut servir à les bien employer et à les bien juger.<br />

« Il est naturel »i hommes , dfMl, <strong>de</strong> se défier <strong>de</strong> tente<br />

espèce d'artifice, et connue tes figures en sont un 9 <strong>la</strong> meflfeàie<br />

<strong>de</strong> tontes est celle qui est si bien cachée qu'on m<br />

l'aperçoit pas. Il fetif donc que <strong>la</strong> force <strong>de</strong> Sa pensée ou èm<br />

semtimast soit tele qu'elle couvre <strong>la</strong> figure, et ne permette<br />

pas sTy songer. *<br />

Ce<strong>la</strong> est d'un grand sens ; et ce qui a tant décrié<br />

ces sortes d'ornements qu'on appelle figures <strong>de</strong> rhétorique,<br />

ce n'est pas qu'ils ne soient fort bons en<br />

eux-mêmes, if est le malheureux abus qu'on m a<br />

fait. H fal<strong>la</strong>it se souvenir que les figures doivent<br />

toujours être es proportion avee les sentiments ou<br />

les idées, sans quoi elles ne peuvent ressembler à <strong>la</strong><br />

sature, puisqu'il s'est nullement naturel qu'un<br />

homme qui n'est pas vivement animé se serve <strong>de</strong><br />

figures vives dont il n'a nul besoin. Il est reconnu<br />

que «'est <strong>la</strong> passion, <strong>la</strong> sensibilité, qui a inventé<br />

toutes les figures <strong>du</strong> dis<strong>cours</strong> pour s'exprimer avec<br />

plus <strong>de</strong> force. Aussi, quand cet accord existe, f effet<br />

en est sir, parée qu'alors, comme dit Longin y <strong>la</strong><br />

. S6<br />

figure est a si naturelle qu'on ne songe pas même<br />

qu'il y en a une. Prenons pur exemple cette<br />

apostrophe d'Ajax à Jupiter, dont nous parlions<br />

tout à l'heure. Le mouvement est. si < vrai f ridée est «<br />

si gran<strong>de</strong>, elle naît si nécessairement <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation<br />

et <strong>du</strong> caractère, que c'est tout ce qu'on voit, et que<br />

personne ne s'avise d'y remarquer une figure <strong>de</strong><br />

rhétorique que l'on appelle apostrophe. Mais supposons<br />

que, dans'une situation tranquille 9 on s'adresse<br />

à Jupiter sans avoir rien à lui dire que <strong>de</strong> fort commun<br />

, alors tout le mon<strong>de</strong> verra le rhéteur, et sera<br />

tenté <strong>de</strong> lui dire : A quoi bon cette apostrophe?<br />

Celle d'Ajax se cache, suif set l'eipression <strong>de</strong> Longin,<br />

dans le sublime <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée. Sophocle peut nous<br />

en offrir une autre, qui est le suhlime do sentiment.<br />

Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, tout intérêt <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>cteur mis à part,<br />

qu'il me soit permis <strong>de</strong> <strong>la</strong> prendre dans sa tragédie<br />

<strong>de</strong> PhMoctêiê. Jeae connais point d'exemple qui ren<strong>de</strong><br />

l'idée <strong>de</strong> Longin plus sensible. Il se trouve dans <strong>la</strong><br />

scène où Pbiloetète, instruit enfin qu'on veut le<br />

mener au siège <strong>de</strong> Troie, conjure Pjrrfius <strong>de</strong> lui<br />

rendre ses lèches :<br />

Rends, mon fils, rends ces traits crae^e f ai contés.<br />

Te ne peu les gar<strong>de</strong>r; c'est mon Mes, c'est ma v!e; %<br />

Et ma cré<strong>du</strong>lité doit-elle être punie?<br />

Rougis S'en abuser.... An nom <strong>de</strong> tons lesMUaux....<br />

Tu ne me réponds rien ! Tu. détournes les jeux,<br />

1® m puis te fléchir !... O roebart ! è rivages!<br />

Vous} mes seuls compagnons, Ô vous monstres sestifâges<br />

(Car je n'ai plus que ions à qui ma TO!X , bê<strong>la</strong>s !<br />

Puisse adresser <strong>de</strong>s cris qm l'on n'écoute pas),<br />

Témoins accoutumés <strong>de</strong> «a p<strong>la</strong>inte inutile t •<br />

Voyez ce que m'a fuit te Ils <strong>du</strong> grand Achille.<br />

Yoilà <strong>de</strong> toutes les figures <strong>la</strong> plus hardie, l'apostrophe<br />

aui êtres qui n'enten<strong>de</strong>nt pas. Mais qui pe%sera<br />

jamais à voir une figure dans ce mouvement •<br />

que <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> PMiectête rend si naturel? Qui '<br />

ne sait que <strong>la</strong> douleur extrême se prend où elle put?' m<br />

Et puisque Pyrrhus ne l'écoute pas, à qui le tnalfaeS- •<br />

reux s'adressera-t-il, si ce n'est aux rochers, aux "'<br />

rivages, aux bêtes farouches, enfin aux seuls.êtres,<br />

qui ont coutume d'entendre sa p<strong>la</strong>inte ? Mais «liez<br />

parler aux rochers quand vous n'en aurez nul besoin,<br />

et l'on dira : Yoilà un écolier à qui l'on a appris<br />

que l'apostrophe était une belle figure <strong>de</strong>_ rhétorique»<br />

Qu'y a-t-il <strong>de</strong> plus commun dans le -dlsbours<br />

que l'interrogation ? C'est pourtant aussi tis^Jtgyre, 9<br />

lorsqu'on prie aux hommes rassemblés;,car l'interrogation<br />

en elle-même suppose le dialogue.<br />

« Mais pourquoi, dit très-finement Longiii, cet|e figure<br />

est-elle très-oratoire , et pro<strong>du</strong>ite!!® aouvept beaucoup d'effet?<br />

C'est qu'il elt naturel , lorsqu'on est interrojé, <strong>de</strong> sa<br />

presser <strong>de</strong> répondre, et que l'orateur, faisant Jbi^fiandê<br />

et <strong>la</strong> réponse 9 fait une sorte d'Illusion aux aaHIteurs, à qui<br />

cette réponse qu'il a rééditée parait Foupage<strong>du</strong> moment »<br />

En voilà assez sur les figures, dont je n'ai dt par-<br />

• ** - •<br />

* « • * e

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