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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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misme9 ©a -stït qu'il Tairait pris tout entier <strong>de</strong><br />

JDémoerite, quoiqu'il le traitât fort mal dans ses livres.<br />

Cicéroo voit là une sorte d'ingratitu<strong>de</strong> : c'était<br />

plutôt, ce me semble, un petit artiice <strong>de</strong> <strong>la</strong> vaaité<br />

d'Épîcur®, qui affectait <strong>de</strong> déprécier celui dont<br />

il avait enïpranté son système physique, afin <strong>de</strong><br />

faire croire qu'il s'y avait <strong>de</strong> bon que ce qu'il y<br />

avait mis ou para mettre <strong>du</strong> sien. Pour ce qui est<br />

<strong>de</strong> l'obligation, elle était mince, et les atomes, tant<br />

ceux <strong>de</strong> Bémoerite que ceux d'Épicure, n'avaient pas<br />

fait assez <strong>de</strong> fortune pour valoir <strong>la</strong> peine qu'on se<br />

les disputât, quoique Lucrèce ait pris celle <strong>de</strong> les<br />

mettre en vers; car rien n'empêche d'habiller Terreur<br />

aussi poétiquement que <strong>la</strong> vérité f comme on<br />

peut parer <strong>la</strong> <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur aussi bien que <strong>la</strong> beauté. Cicéron,<br />

qui d'ailleurs paraît faire cas <strong>du</strong> personnel<br />

d'Épicure, dit en termes exprès que toute sa phiiosophie<br />

était univérseMewwnt méprisée <strong>de</strong>s hommes<br />

instruits.<br />

« le ne sais comment II se fait, dit à ce propos Cfeéron »<br />

qu'il n'y a rien <strong>de</strong> si absur<strong>de</strong> qui s'ait été avancé et soutenu<br />

par quelque philosophe. *<br />

Épicure, en ce genre, ne fut pas mal partagé, et<br />

ses dieux étaient encore bien plus ridicules que son<br />

mon<strong>de</strong> d'atomes; car, après tout, nous n'avons aucune<br />

idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont le mon<strong>de</strong> a été fait :<br />

mais <strong>la</strong> métaphysique, analysant les notions <strong>du</strong> plus<br />

simple bon sens, avait, dès le temps d'Épicure, reconnu<br />

les- attributs nécessairement renfermés dans<br />

ridée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Divinité. 11 n'en fal<strong>la</strong>it pas davantage<br />

pour rire <strong>de</strong> pitié <strong>du</strong> beau loisir, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle indolence,<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse insouciance dont Épicure<br />

gratifiait ses dieux, qui ne <strong>de</strong>vaient se mêler <strong>de</strong><br />

ries, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> se fatiguer; qui ne <strong>de</strong>vaient s'offenser<br />

<strong>de</strong> rien, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> se chagriner, ni s'intéresser<br />

à ries, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> troubler cette parfaite tranquillité<br />

qu'Êpicure <strong>de</strong>vait attribuer à ses dieux s comme à son<br />

sage; car Épicure était un raisonneur si conséquent!<br />

Vous pouvez imaginer que le stoïcien Balbus, que<br />

Cicéron met* en tête <strong>de</strong> l'épicurien, a beau jeu<br />

contre tant d'inepties ; car si les stoïciens déliraient<br />

en vou<strong>la</strong>nt faire <strong>de</strong> leur sage un dieu, ils avaient<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Divinité <strong>de</strong>s idées très-saines ; et Balbus s'a*<br />

muse beaucoup <strong>de</strong> son épicurien, qui, ne soupçonnant<br />

aucune différence entre <strong>la</strong> nature divine<br />

et <strong>la</strong> nature humaine, semble persuadé que l'action<br />

<strong>de</strong> Dieu est un travail comme celle <strong>de</strong> l'homme;<br />

que Dieu ne saurait bâtir sans instruments et sans<br />

outils, non plus que l'homme; qu'il ne saurait<br />

veiller sur son ouvrage sans se tourmenter, non<br />

plus que l'homme, ni même punir sang être blessé,<br />

quoique les juges mêmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre punissent le<br />

crime sans trouble et sans colère.<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHIE, 371<br />

Il faut ici rendre justice aui anciens : toute<br />

cette théologie d'Épicure, qui a été renouvelée d®<br />

nos jours avec les mêmes arguments et presque<br />

avec les mêmes termçs >, fut, parmi eui, si généralement<br />

bafouée, qu'enfin un <strong>de</strong> ses disciples<br />

n'imagina d'autre moyen, pour soustraire à tant<br />

<strong>de</strong> ridicule <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> son maître, que <strong>de</strong> publier,<br />

comme un fait dont il était confi<strong>de</strong>nt, qu'au<br />

fond Épicure n'avait jamais cru à l'existence <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Divinité, et que c'était uniquement pour voiler son<br />

athéisme, et se dérober à Tanimadversion <strong>de</strong>s lois,<br />

qu'il avait eu re<strong>cours</strong> à cette impertinente doctrine,<br />

qui, sans anéantir expressément <strong>la</strong> Divinité, <strong>du</strong><br />

moins en fabriquait une assez oiseuse pour être sans<br />

conséquence, ou asses méprisable pour en dégoûter.<br />

Il prétendait, entre autres folies, que les dieux<br />

étaient nécessairement <strong>de</strong> forme humaine, atten<strong>du</strong><br />

f «Ils <strong>de</strong>vaient avoir <strong>la</strong> plus belle <strong>de</strong> toutes, et qu'il<br />

n'y en avait point <strong>de</strong> plus belle que celle <strong>de</strong> l'homme.<br />

L'interlocuteur, qui est ici son adversaire, le réfute<br />

avec beaucoup <strong>de</strong> gaieté; mais je ne sais si le sérieux<br />

soutenu dont Tépicurien débite les cahiers <strong>de</strong> sa<br />

secte, et qui ressemble fort à celui <strong>de</strong>s matérialistes<br />

mo<strong>de</strong>rnes, n'est pas encore plus p<strong>la</strong>isant. Avec<br />

quelle noble fierté il se glorifie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s lumières<br />

apportées par Épicure, <strong>de</strong>s grands services qu'il a<br />

ren<strong>du</strong>s à l'humanité ! On croit entendre un <strong>de</strong>s professeurs<br />

<strong>de</strong> nos jours.<br />

« TOUS avez mis an-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> nos tètes 9 dit-il, un <strong>de</strong>spote<br />

étemel qu'il <strong>la</strong>nt eraindre jour et nuit; car, qui ne<br />

redouterait pas an Dieu qui veillé à tout , qui pense ft tout,<br />

qui observe tout» qui se croit chargé <strong>de</strong> tout, en un mot9<br />

un Dieu toujours occupé et affairé? Épicure nous délivre<br />

d« toutes ces craintes, comme 11 délivre les dieux <strong>de</strong> tout<br />

embarras. U vous remet en liberté; il vues apprend à ne<br />

rt» appréhen<strong>de</strong>r d'un être mmâ n'est pas plus capable <strong>de</strong><br />

Mm le moindre chagrin à personne que d'en prendre luimême.<br />

Ces! là <strong>la</strong> véritable idée que Ton doit avoir d'une<br />

nature excellente et parfaite» et le mite pieux et sdint<br />

que nous lui rendons. »<br />

Une <strong>de</strong>s difficultés qu'il élève contre <strong>la</strong> création ,<br />

et qui a été aussi fort répétée parmi nous, c'est <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce quefaisait Dieu a?ant <strong>de</strong> faire le mon<strong>de</strong> ,<br />

et comment et pourquoi il l'a fait dans un temps<br />

plutôt que dans un autre. 11 ne peut se figurer Dieu<br />

sortant tout à coup <strong>de</strong> son repos éternel pour pro<strong>du</strong>ire'<br />

tant <strong>de</strong> choses» après avoir été si longtemp<br />

sans rien faire.<br />

« Et pour qui tout ce<strong>la</strong>? Pour les hommes. Mais <strong>la</strong><br />

plupart <strong>de</strong>s hommes sont fous; et Dieu9 «pi M saurait<br />

travailler pour les feus, a donc travaillé pour un bien petit<br />

nombre! »<br />

Gomme cette objecttoa a été cent fois rebattue<br />

1 notamment dans te Co<strong>de</strong> es M matmmg <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot<br />

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