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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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S70<br />

foctneui 011 d'inoomplet ne doit paa être imputé à<br />

fauteur, puisque <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion seule Ta suppléé pur<br />

nous. 11 prouve très-bien que f dans toutes le* hypothèses,<br />

<strong>la</strong> mort s'est point un mal en elle-même;<br />

puisque, dans le cas où tout l'homme périrait, le<br />

néant est Insensible : que si l'âme est immortelle,<br />

eomnie il le pense et l'établit <strong>de</strong> toute sa force, ce<br />

n'est pas <strong>la</strong> mort même qui est un mal pour le méchant,<br />

mais seulement les peines qui <strong>la</strong> suivront,<br />

et qui ne sont que <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ses fautes ; pour l'homme<br />

<strong>de</strong> bien, elle est plutôt à désirer qu'à craindre, puisqu'elle<br />

lui ouvre une meilleure vie. Il appuie d'arguments<br />

très-p<strong>la</strong>usibles l'immortalité <strong>de</strong> fâme, et<br />

<strong>la</strong> mémoire surtout lui parait en nous une faculté<br />

merveilleuse, qui ne peut appartenir à <strong>la</strong> matière.<br />

Quant à ceux qui nient l'immortalité <strong>de</strong> l'âme, parce<br />

qu'ils ne conçoivent pas ce que peut être l'âme séparée<br />

<strong>du</strong> corps, il leur répond fort à propos :<br />

« El €mmr&rïï&m wàêm m qu'elle est dans son autan<br />

avec le corps?»<br />

Eéponse-très digne <strong>de</strong> remarque; ear elle fait voir<br />

qu'il avait <strong>du</strong> moins aperçu ce genre <strong>de</strong> démonstration<br />

dont <strong>la</strong> bonne philosophie mo<strong>de</strong>rne a tiré et<br />

peut tirer encore un si grand avantage Y et qui consiste<br />

à se sertir <strong>de</strong> ce qui est reconnu certain et<br />

pourtant inexplicable, pour renverser <strong>la</strong> dialectique<br />

très-commune et très-fkusse f qui nie d'autres faits<br />

tout aussi certains et tout aussi dé<strong>mont</strong>rés, seulement<br />

parce que l'intelligence humaine ne peut pas<br />

les expliquer.<br />

Cieéron a très-bien senti tout le faux <strong>de</strong> cette manière<br />

<strong>de</strong> raisonner, en usage <strong>de</strong> son temps comme<br />

<strong>du</strong> ndtre, et qui n'a d'autre, effet qu'une ignorance<br />

volontaire <strong>de</strong> ce qu'on peut savoir, très-misérablement<br />

fondée sur l'ignorance invincible <strong>de</strong> ce qui est<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> sous. Voici, à ce sujet, un échantillon<br />

<strong>de</strong> sa logique :<br />

COD1S DE L1TTÉEATU1E.<br />

« L'origine <strong>de</strong> notre âme ne saurait se trouver dans rien<br />

<strong>de</strong> ee qui est matériel, ear <strong>la</strong> matière ne saurait pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>la</strong> pensée f h connaissance , <strong>la</strong> mémoire» qui n'ont rien <strong>de</strong><br />

commue avec elle. U n'y a rien dans f «as , dans l'air, dans<br />

le fou , dans ce que les éléments offrent <strong>de</strong> plut subtU et<br />

<strong>de</strong> plus délié f qui présente f liée <strong>de</strong> moindre rapport quelconque<br />

avec <strong>la</strong> faculté que nous avons <strong>de</strong> percevoir les<br />

Mées <strong>du</strong> passé, <strong>du</strong> présent, et <strong>de</strong> l'avenir. Cette faculté<br />

ne peut donc venir que <strong>de</strong> Dieu seul ; elle est essentiellement<br />

céleste et divine. Ce qui pense en nous f ce qui sent ,<br />

m qui veut, ce qui nous meut, est donc nécessairement<br />

iscorraptible et étemel; et nous ne pouvons pas même<br />

concevoir l'essence divise autrement que nous ne conce­<br />

vons celle <strong>de</strong> notre âme, c'est-à-dire, comme quelque chose<br />

d'absolument séparé et indépendant <strong>de</strong>s sens, comme une<br />

substance spirituelle qui connaît et qui meut tout. Yous<br />

aie dires : Et os' est cette substance qui connaît et qui<br />

ment tout? et ccmmsnt eat-cie Cafta? Je voua répands :<br />

Et ou est votre âme? et comment se <strong>la</strong> repaÉseater? Yens<br />

ne sauriez me le dire, ni moi non plus. Mais, si je n'ai<br />

pas, pour <strong>la</strong> comprendre, îeas les saajeaa que je voudrais<br />

bien avoir, est-ce aae raison pour me priver <strong>de</strong> ce que j'ai?<br />

L'œil voit et ne se voit pas : a<strong>la</strong>sl notre âme, qui voit taat<br />

<strong>de</strong> choses, ne voit pas ce qu'eue est elle-même ; mais pourtant<br />

elle a <strong>la</strong> conscience <strong>de</strong> sa pensée et <strong>de</strong> son action «.<br />

— Mais où habite-t-eUe? et qu'eat-elle? — C'est ce qu'a<br />

ne faut pas mêmr chercher.... Quand ?ea§ voyez Fordre<br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> et le mouvement réglé <strong>de</strong>s corps célestes, a'en.<br />

condnei-vous pas qu'il f a aae Mallfeaace suprême qui<br />

doit y prési<strong>de</strong>r, soit que cet univers ait commencé et aja*i<br />

soit Fou vrage <strong>de</strong> cette inteffigence, comme le croit P<strong>la</strong>ton 9<br />

soit qu' il eiisle <strong>de</strong> toute éternité, et que cette intelligence<br />

en soit seulement <strong>la</strong> modératrice 9 comme le croit Aristoter<br />

Yous reconnaisses un Dieu à ses œuvres et à Sa beauté<br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, quoique vous ne sachiez pas on est Dieu ni<br />

ce qu'il est : reconnaissez <strong>de</strong> même votre âme à son action<br />

continuelle, et à <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong> son cravre, qei est <strong>la</strong><br />

vertu.»<br />

D'après <strong>la</strong> vénération profon<strong>de</strong> qu'il eut toujours<br />

pour le divin P<strong>la</strong>ton ( car c'est le nom que lui douue<br />

toute l'antiquité ), TOUS se serez pas surpris <strong>de</strong> retrouver<br />

chai lui ce que vous aaei enten<strong>du</strong> <strong>du</strong> philosophe<br />

grée sur l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort; et si feu fais<br />

ici mention 9 c'est pour constater une opinion qui a<br />

été <strong>la</strong> même dans eas <strong>de</strong>ux grands hommes sur un<br />

point <strong>de</strong> morale que l'on imagine communément<br />

tenir à un abus <strong>de</strong> spiritualité ou d'austérité, et<br />

dont on a fait à <strong>la</strong> philosophie chrétienne un repro-'<br />

che très-mal fondé. Vous voyez que là-<strong>de</strong>ssus P<strong>la</strong>ton<br />

et Cieéron 9 qu'on n'a jamais accusés <strong>de</strong> rigorisme 9<br />

ont prié comme les Chrétiens ; et il est d'autant plus<br />

singulier qu'ils aient mis en avant ce principe 9 qu'ils<br />

n'avaient pas pour l'appuyer <strong>la</strong>s motifs puissants que<br />

notre religion seule y a joints.<br />

« Que faisons-nous, dit Cieéron, quand nous séparons<br />

notre âme <strong>de</strong>s objets terrestres, <strong>de</strong>s soins <strong>du</strong> corps et <strong>de</strong>s<br />

p<strong>la</strong>isirs sensibles, pour <strong>la</strong> livrer à <strong>la</strong> méditation? que fiùsons-sous<br />

autre chose qu'apprendre à mourir, puisque <strong>la</strong><br />

mort n'est que <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong> l'Urne et <strong>du</strong> corps? Appliquons-nous<br />

donc à cette étu<strong>de</strong>, si vous m'en croyes; mettons-nous<br />

à part <strong>de</strong> notre corps, et accoutanioiis-nous à<br />

mourir. Alors notre vie sur <strong>la</strong> terre sera semb<strong>la</strong>nte à <strong>la</strong><br />

vie <strong>du</strong> ciel \ et quand nous serons au moment <strong>de</strong> rompre<br />

nos chaînes corporelles, ries ne retar<strong>de</strong>ra l'essor <strong>de</strong> notre<br />

âme vers les <strong>de</strong>ux. »<br />

Dans remédient traité sur <strong>la</strong> Nt<strong>du</strong>re <strong>de</strong>s Dieux,<br />

Cieéron paraît s'être proposé surtout <strong>de</strong> prouver<br />

et <strong>de</strong> justifier <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce. Il intro<strong>du</strong>it d'abord<br />

un épicurien qui déraisonne contre al<strong>la</strong>, d'après<br />

les dogmes qui semblent appartenir particulièrement<br />

au maître <strong>de</strong> cette école; car, pour son ato-<br />

« le pests : tfescje suis, disait Detcartot.

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