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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — PHILOSOPHIE. 3§S<br />

passe, k nuit vient, et Foi se met à table. JVef-ffts pas<br />

ailé imiter Clodiw <strong>de</strong> ma pari? dit Pissa à son ©s»<br />

ckve. — 0t*f. — Pourquoi danc me vienUl pm? —<br />

C'est qu'il a dit qu'il ne pouvait pas venir. — Et pour*<br />

quai ne me Vas-tu pas dit? — Cest que vous ne me<br />

faces pas <strong>de</strong>mandé. Le maître resta k bonclie close.<br />

Mais aussi est esc<strong>la</strong>ve était romain f ni esc<strong>la</strong>Te grec n'en<br />

ferait jamais autant. »<br />

Plutarque distingue trois manières <strong>de</strong> répondre :<br />

<strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> nécessité, <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> politesse, <strong>la</strong><br />

réponse <strong>de</strong> baML Et c'est on <strong>de</strong>s endroits où il peint<br />

très-comiquemeot celui <strong>de</strong>s Athéniens.<br />

« Sœrate y est-M? L'esc<strong>la</strong>ve <strong>de</strong> mauvaise humeur dira,<br />

M n'y est pas : ou mêmê9 s'il se pique <strong>de</strong> <strong>la</strong>conisme, il<br />

dira simplement, non, comme les I^eédémoiitens, qui<br />

recevant <strong>de</strong> Philippe' ime grisée lettre pour les engager à<br />

le <strong>la</strong>isser entrer dans leur Tille ; toi envoyèrent en réponse<br />

eue ajaaie pancarte où il n'y avait qee ce swnosyl<strong>la</strong>be,<br />

mais en lettres énormes : NOM. Si l'esc<strong>la</strong>ve est plus pol 9<br />

11 dira, Seerate n'w mi pm, ii est aUé chez sm banquier;<br />

et s'il vent <strong>mont</strong>rer encore aa peu <strong>de</strong> courtoisie, il<br />

ajoutera 9 parce qu'il f attend <strong>de</strong>s kétes qui iui arrivent.<br />

Mais l'Athénien jasenrHura : Socratê est chez te banquier,<br />

où ii attend <strong>de</strong>s hâtes attente, sur tu recommandation<br />

tFAlctbia<strong>de</strong>, qui iui a écrit <strong>de</strong> Milet, où il est auprès<br />

<strong>de</strong> Hssapherne, oui Tissspherne, le satrape <strong>du</strong> grand<br />

rai, auparavant Varna et l'allié dm Lacédémomiens ;<br />

wmm ÂêcêMa<strong>de</strong> Fa retmsrmé, et à présent ii est tmt<br />

Athénien ; car Aleièiadêmmrt d'envie êe revenir, efe.<br />

£t U loi îém$mm <strong>de</strong> suite tout ce que «ras voyons dans<br />

le huitième livre <strong>de</strong> Thucydi<strong>de</strong> ; il inon<strong>de</strong>ra son homme<br />

d'un déluge <strong>de</strong> paroles, et ne le <strong>la</strong>issera pas aller f aeMIIet<br />

ne soit pris9 et Alcibia<strong>de</strong> exilé une secon<strong>de</strong> tes» *<br />

On ne peut rien lire <strong>de</strong> plus instructif que le» leçons<br />

<strong>de</strong> Plutarque, pour apprendre à écouter, à se<br />

taire, tt à ne parler qu'à propos; et cette science<br />

n f très-morale quand elle a un but, et que les faits<br />

sont bien choisis. Celui-ci est tel, que je n'en connais<br />

ps <strong>de</strong> plus frappant, ni même <strong>de</strong> plus extraordinaire<br />

sur <strong>la</strong> puissance» diwemords. D'ailleurs, je ne<br />

dois pas dissimuler, ce qui n'est que trop vrai et trop<br />

attesté <strong>de</strong>puis longtemps, que, si le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture<br />

est plus général que jamais, il est plus que jamais<br />

frivole. On me IMpaimÈ, disait Voltaire; et il<br />

avait raison, car il vou<strong>la</strong>it dire qu'on ne lit guère ce<br />

qu'il faut lire et comme il faut lire. Je viens à mon<br />

histoire, et ce sera <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière, au moins dans cet<br />

article ; car je ne veux ps trop ra'engager pour le<br />

reste.<br />

« Bessus le Péonien avait tué son père f et son crime<br />

fut longtemps caché. Un jour qu'il al<strong>la</strong>it souper chai un<br />

<strong>de</strong> ses hétes avec quelques amis» il entend crier <strong>de</strong>s petits<br />

d'hiron<strong>de</strong>lle| et, avec eue pique qu'il tenait à k maie» i<br />

abat ie nid et écrase les petits oiseaux. On s'étonne f comme<br />

<strong>de</strong> raison ; d'une action si brutale» et on lui en <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

le motif. Quoi / répondit-il ; vous ne voyez pm que ce<br />

sont <strong>de</strong> faux témoins? mus ne les enten<strong>de</strong>z pas crier<br />

A mes oreilles que j'ai tué mon père? On al<strong>la</strong> sur-lechamp<br />

rendre compte do <strong>la</strong>it an roi, qui le fit arrêter ; Il<br />

ftat MentOt convainai et supplicié. »<br />

Je ne saurais me résoudre à mettre au rang <strong>de</strong>s<br />

ouvrages philosophiques <strong>de</strong> Plutarque ces <strong>de</strong>ux morceaux,<br />

l'un Sur <strong>la</strong> fortune <strong>de</strong>s Romains, l'autre<br />

Sur <strong>la</strong> fortune if Alexandre, qui ne me paraissent<br />

autre chose que <strong>de</strong>s essais d'un jeune homme dans<br />

ie genre oratoire, tels que ceux que nous appelons<br />

dans nos c<strong>la</strong>sses amplifications, et que les anciens<br />

appe<strong>la</strong>ient déc<strong>la</strong>mations. Ce n'est pas qu'il n'y ait<br />

beaucoup d'esprit, et même assez d'éloquence proprement<br />

dite, pour faire voir que Plutarque aurait<br />

pu briller, s'il f eût voulu, parmi les orateurs. Cest<br />

est ni petite ni commune. Les conseils qu'il donne,<br />

surtout une idée très-bril<strong>la</strong>nte que <strong>de</strong> personnifier<br />

et les moyens qu'il prescrit, <strong>mont</strong>rent une connais­<br />

<strong>la</strong> Vertu et <strong>la</strong> Fortune disputant à qui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux a<br />

sance réfléchie <strong>de</strong> nos diverses habitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

plus fait pour <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s Eomains; et les dé­<br />

manière dont elles se forment ou se réforment. Oo<br />

tails <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion n'ont pas moins d'éc<strong>la</strong>t et <strong>de</strong><br />

reconnaît en lui un esprit observateur, à ce qu'il<br />

pompe que cette prosopopée. Mais c'est précisément<br />

vous rappelle sou?ent ce que vous aviez vu sans l'ob­<br />

tout cet appareil, non-seulement oratoire, mais presserver,<br />

et qui se trouve, à l'examen, d'accord avec<br />

que poétique, et fort étranger au goût <strong>de</strong> Fauteur,<br />

ses remarques. Il s'est aperçu 9 par exemple, que les<br />

comme aux convenances <strong>de</strong>s sujets qu'il traite et<br />

gens curieux ne vont guère à <strong>la</strong> campagne, ou s'y<br />

au ton habituel qu'il y prend ; c'est cette disparate<br />

ennuient bientôt.<br />

vraiment étrange qui seule me persua<strong>de</strong>rait que ce<br />

« Il leur faut toute une ville, <strong>de</strong>s théâtres, <strong>de</strong>s tribu* n'est pas 14 une composition <strong>de</strong> Plutarque historien<br />

nau , <strong>de</strong>s Hem publics, un port <strong>de</strong> mer. »<br />

et philosophe, mais un <strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong> sa rhétorique ;<br />

Rien n'est plus vrai, et rien n'explique mieux ce et cette opinion approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>, si Ton<br />

que nous avons souvent oui dire <strong>de</strong> certaines per­ considère le fond d'un <strong>de</strong> ces morceaux, celui qui<br />

sonnes ,'ou'eUes nepawmkmi se pmmer <strong>de</strong> Paris. regar<strong>de</strong> Alexandre. Comment concevoir qu'un es­<br />

Je ne puis me refuser à citer encore un <strong>de</strong> ces prit si sage et si éloigné <strong>de</strong> <strong>la</strong> manie <strong>du</strong> paradoxe et<br />

traits historiques dont Plutarque est plein, dsssîei- in besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> singu<strong>la</strong>rité ait entrepris <strong>de</strong> prouver<br />

vous dire que je me <strong>la</strong>isse aller avec lui à l'habitu<strong>de</strong> que toute l'expédition d'Alexandre n'était qu'un sys­<br />

facile <strong>de</strong> conter. Elle ost facile sans doute, mais tème <strong>de</strong> civilisation générale; qu'il n'avait d'autre

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